La journaliste chilienne Mónica González Mujica a gagné le Prix mondial de la liberté de la presse de 2010 attribué par l'UNESCO. Le point sur son histoire et sur le journal qu'elle dirige aujourd'hui, l'un des indépendants du Chili
Par Lepetitjournal Santiago
Le Prix mondial de la liberté de la presse ''Unesco-Guillermo Cano'' 2010 a été décerné à la journaliste chilienne Mónica González Mujica, une héroïne de la lutte contre la dictature. Ce prix récompense les personnes, organisations ou institutions qui défendent la liberté d'expression, principalement lorsqu'ils y ont risqué leur vie. Le président du jury, Joe Thloloe, médiateur au Conseil de la presse d'Afrique du Sud, a déclaré : ''Dans sa vie professionnelle, Mónica González Mujica a fait preuve de courage en éclairant la partie sombre du Chili. Elle incarne l'esprit même de cette récompense. Elle a été emprisonnée, torturée, traînée en justice, mais elle a tenu bon.''
Le Prix lui sera remis au cours d'une cérémonie qui aura lieu le 3 mai, Journée mondiale de la liberté de la presse, que l'UNESCO célébrera cette année à Brisbane (Australie). Il porte le nom du directeur de publication colombien Guillermo Cano, assassiné en 1987 pour avoir dénoncé les activités de puissants barons de la drogue dans son pays.
Née en 1949, Mónica González Mujica a passé quatre années en exil après le coup d'Etat de 1973. Elle est retournée au Chili en 1978, où elle a enquêté sur les violations des droits de l'Homme au Chili ainsi que sur les activités financières du général Pinochet et de sa famille. Suite à ses travaux, elle a été emprisonnée et torturée de 1984 à 1985. Pourtant, dès sa libération elle a repris son travail d'enquête, publiant des articles et des livres révélant des violations commises durant la dictature militaire. Elle a alors été de nouveau emprisonnée et poursuivie en justice. ??Depuis le retour de la démocratie au Chili en 1990, elle a continué sa carrière de journaliste et dirige depuis 2007 le Centre de journalisme et d'investigation à Santiago, CIPER, un des journaux indépendants du Chili.
Le CIPER enquête !
Le CIPER est une structure indépendante spécialisée dans le journalisme d'investigation, un genre qui se fait plutôt rare dans la presse chilienne. ''Sur un même sujet, le travail est beaucoup plus long puisqu'il se caractérise par des recherches approfondies et l'analyse de multiples sources'', explique Francisca Skoknic, journaliste au CIPER. Cette institution à but non lucratif née en 2007, a pour objectif d'être le plus neutre possible et défend activement la transparence et le libre accès à toute information qui serait essentielle aux citoyens. Elle utilise systématiquement les lois chiliennes de libre accès à l'information pour solliciter tout renseignement.
CIPER vit du financement d'entreprises nationales privées et d'organismes internationaux, comme la Open Society Foundation de Londres, fondé par George Soros ou la Ford Foundation. Mais les accords signés avec ces institutions établissent qu'ils ne peuvent aucunement influencer la ligne éditoriale du journal.
Parmi les nombreux reportages de CIPER, vous pouvez découvrir : la bibliothèque de Pinochet , l'assassinat de Victor Jara, ou les salaires chez Ripley/Paris/Falabella.
Récemment, CIPER a rassemblé les noms de toutes les compagnies de construction dont les nouveaux bâtiments se sont effondrés lors du séisme du 27 février parce qu'elles avaient fait des économies sur les standards de sécurité.
Ce journal, peu connu du grand public, mérite toute notre attention.
Chloé Geiss (www.lepetitjournal.com/Santiago) lundi 19 avril
http://ciperchile.cl/