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PHOTO GCHQ/PA |
par Evgeny Morozov
La récente contamination par le virus « WannaCry » (1) de centaines de milliers d’ordinateurs — dont ceux des hôpitaux britanniques, d’opérateurs télécoms et autres entreprises du monde entier —, ne doit pas être balayée d’un revers de la main comme l’énième arnaque de quelques cybercriminels. Les assaillants ont utilisé des failles découvertes par les agences de sécurité américaines pour assurer leur propres missions de cyberguerre. Dès lors, il n’est plus possible d’ignorer cette réalité dérangeante : la nature de plus en plus féodale du monde de la cybersécurité — que l’on peut résumer par cette alternative : être rançonné ou disparaître —, est une conséquence de l’épuisement des idéaux du capitalisme démocratique sous l’effet de la surveillance permanente.
Le capitalisme démocratique, cette curiosité qui nous a promis la fin de l’histoire et se targue aujourd’hui d’être le seul rempart à l’extrême droite, tire sa légitimité politique d’une distribution des rôles bien établie entre gouvernements et entreprises : aux premiers le soin de réguler les seconds, afin de protéger le consommateur contre les effets ponctuellement indésirables d’une activité par ailleurs si pleinement bénéfique.
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