[ Cliquez sur l'image pour l'agrandir ]
PHOTO MARTIN BERNETTI / AFP |
Des épisodes de violence raciale, deux mairies incendiées : la région de l'Araucanie, dans le sud du Chili, a vécu un week-end sous haute tension avec des faits d'une gravité jamais vue depuis des années dans cette région berceau des Mapuches, principal peuple autochtone du pays. Dans la nuit de samedi 1er août, des affrontements ont éclaté dans cinq communes de la région entre des membres de cette communauté, la police et des groupuscules « anti-indigènes».
[ Pour écouter, cliquer sur la flèche ] |
Juan Ignacio Latorre, président la Commission des droits de l'Homme du Sénat chilien,
demande l'ouverture d'un un dialogue politique entre l’État chilien et les
communautés Mapuche» pour apaiser le climat Paula Estanol
DESSIN LAUZAN |
Vendredi 31 juillet, le tout nouveau et très à droite ministre de l'Intérieur s'était rendu dans la région et avait appelé les maires des communes concernées à faire évacuer les bâtiments occupés. Dès le lendemain, des groupes racistes ont précédé ou accompagné les évacuations, en frappant les militants indigènes expulsés des bâtiments. Deux mairies ont été en grande partie brûlées en marge des affrontements.
Une quinzaine de prisonniers mapuches en grève de la faim
À l’origine de ces tensions se trouve une quinzaine de prisonniers mapuches qui respectent une grève de la faim, demandant à finir leur peine dans leur communauté, comme le recommande l'ONU. Pour les soutenir, des militants pour l'autonomie de leur peuple ont alors occupé depuis deux municipalités du sud du pays, où des affrontements violents ont eu lieu lorsque la police a tenté de les déloger samedi 1er août.
Pour apaiser ces tensions en Araucanie, il faudrait non seulement « mettre un terme » à la « grève de faim des prisonniers mapuches », mais aussi « mettre en place un dialogue politique entre l’État chilien et les communautés mapuches sur les questions des droits politiques, collectifs, des revendications territoriales et de l’autonome : autant de sujets que l’État chilien n’a jamais voulu aborder », opine Juan Ignacio Latorre, sénateur d'opposition et président la Commission des droits de l'Homme du Sénat chilien.
Les Mapuches demandent notamment la restitution des terres de leurs ancêtres. Si certains groupuscules ont revendiqué ces dernières années des attaques contre des entreprises forestières, la police a aussi parfois monté de fausses accusations contre des membres de cette communauté, et Amnesty International a dénoncé plusieurs procès injustes contre des membres de ce peuple.
Le Chili est le seul ou l'un des seuls pays en Amérique latine à ne pas reconnaître l'existence des peuples indigènes dans sa Constitution. Or, nous entrons bientôt dans un processus de renouvellement constitutionnel. En ce moment, nous légiférons sur l'attribution de sièges réservés aux peuples indigènes dans la future assemblée constituante, je crois que nous tenons là un bon point de départ pour le dialogue, mais nous sommes vraiment en retard et nous avons besoin de ce dialogue permanent. Car au Chili, tous les politiques se sont trompés de chemin—: ils ont fait le choix de la répression contre les revendications territoriales Mapuche, ils ont opté pour la persécution, la criminalisation et l'emprisonnement politique.