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PHOTO ESTEBAN FELIX Afin de tourner la page de la Constitution rédigée en 1980 sous le régime militaire d’Augusto Pinochet, les Chiliens sont appelés samedi et dimanche à élire les rédacteurs d’une nouvelle loi fondamentale.
Tribune de Genève DESSIN CAIOZZAMA
Dix-neuf mois après l’amorce du plus grand soulèvement social des dernières décennies, les Chiliens sont appelés samedi et dimanche à une nouvelle étape: élire les rédacteurs d’une nouvelle Constitution pour tourner la page de celle héritée de la dictature.
Remplacer la Constitution rédigée en 1980 sous le régime militaire d’Augusto Pinochet (1973-1990) était une des revendications des manifestations initiées en octobre 2019 pour réclamer une société plus égalitaire.
Ñ - ÉLECTIONS AU CHILIPROPAGANDE ÉLECTORALE
CANDIDATOS Y CANDIDATAS A CONSTITUYENTES LISTA CHILE DIGNO, VERDE Y SOBERANO |
Déclenchée par une hausse du prix du ticket de métro à Santiago, la contestation a été nourrie par la colère de la population dénonçant la déconnexion des élites face au quotidien difficile du plus grand nombre. Elle a pris de court l’ensemble de la classe politique.
Fortement fragilisé, le gouvernement du président conservateur Sebastian Piñera a été contraint d’accepter l’organisation d’un référendum sur un changement de Constitution, plébiscité à plus de 80% en novembre 2020. Reste désormais à en écrire la nouvelle substance.
Levée d’un obstacle essentiel
Le changement de la loi fondamentale actuelle, qui limite fortement l’action de l’État et promeut l’activité privée dans tous les secteurs, notamment l’éducation, la santé et les retraites, est vu comme la levée d’un obstacle essentiel à de profondes réformes sociales dans un pays parmi les plus inégalitaires d’Amérique latine.
Selon un rapport de l’OCDE publié en février, la «persistance de fortes inégalités» constitue un défi majeur pour le Chili, 53% des ménages étant considérés comme économiquement vulnérables.
«Actif» ou «secondaire»
Étalé sur deux jours pour limiter les possibilités de contagion au Covid-19, le scrutin appelle à élire 155 futurs rédacteurs parmi 70 listes de candidats.
L’opposition de gauche, dispersée sur 69 de ces listes, entend proposer un nouveau modèle pour le pays, avec différents droits sociaux garantis, comme l’éducation, la santé ou le logement. De leur côté, les candidats de la droite au pouvoir regroupés sur une seule grande liste alliée à l’extrême droite défendent le système actuel, qui selon eux a favorisé la croissance économique du pays.
Pour Jorge Insunza, avocat de 54 ans, ancien ministre et député du Parti progressiste pour la démocratie, l’un des principaux points à changer dans la nouvelle Constitution est le rôle «secondaire» de l’État, imposé par la dictature pour limiter sa marge de manoeuvre sur le secteur privé.
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