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PHOTO INTI GAJARDO Figure phare du hip-hop chilien, anticapitaliste et internationaliste, la rappeuse s’apprête à faire battre le cœur de l’Agora au son d’hymnes à la rébellion.
« je ne peux pas séparer la musicienne de l’idée politique », nous confiait-elle en 2019. Née à Lille en 1977 de parents réfugiés politiques chiliens, l’artiste n’a pas eu le choix quand il s’est agi d’engagement. L’histoire de la famille est marquée par le coup d’État de Pinochet. La jeune Ana grandit dans un foyer animé par des échanges et des débats quotidiens autour de la politique, des luttes sociales et des injustices.
Arrivée au Chili en 1993, Ana Tijoux s’éveille au rap, comme de nombreux adolescents de sa génération, grâce à l’audace créative de groupes américains tels que le Wu-Tang Clan ou A Tribe Called Quest. Elle fait ses armes dans plusieurs projets collaboratifs, notamment au sein de Makiza, pionnier du « rap conscient » chilien, avant de se lancer dans une carrière solo dès 2006. Son premier album, Kaos (2007), allie son savoir-faire de rappeuse avec des instrumentaux pop entraînants. En 2009, avec l’album 1977, Ana Tijoux affirme son style musical. Sa plume s’affûte sur un savant mélange de samples de musique traditionnelle et d’arrangements de hip-hop old school.
Au fil des années, elle s’impose comme l’une des grandes artistes contestataires du pays. En 2019, le peuple chilien se soulève contre le pouvoir de Sebastian Piñera. La police réplique avec violence. Ana Tijoux a une idée : faire matière musicale du bruit des casseroles qui rythment les manifestations. Dans Cacerolazo, elle pose sur ces sons métalliques des paroles qui sonnent comme un appel à l’action : « Cuillère en bois face à tes balles/et à l’heure du couvre-feu/concert de casseroles. » Entre les chants de résistance de l’époque Pinochet, la voix d’Ana Tijoux qui retentit dans les rues donne corps à une colère qui fermente depuis trop longtemps.
En mars 2020, après être montée sur scène pour soutenir Bernie Sanders aux États-Unis, elle signe Antifa Dance, un morceau musclé, un manifeste « internationaliste, anticolonialiste, contre la domination, antifasciste ». Inspirée par une jeunesse chilienne animée par la rébellion contre les injustices, Ana Tijoux, 44 ans, chante désormais aux côtés de ses héritiers.
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