vendredi, octobre 11, 2024

CHILI / UNE AFFAIRE DE CORRUPTION AFFAIBLIT LES INSTITUTIONS

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L’ANCIEN CHEF DE LA POLICE CHILIENNE SERGIO MUNOZ FAIT PARTIE
 DES RESPONSABLES PLACÉS EN DÉTENTION PROVISOIRE DANS LA
 VASTE AFFAIRE DE CORRUPTION ET DE TRAFIC D’INFLUENCE
DANS LES PLUS HAUTES INSTITUTIONS DU PAYS.
PHOTO ELVIS GONZALEZ 

LOGO LA CROIX
Chili : une affaire de corruption affaiblit les institutions / 
Analyse / À deux semaines des élections municipales et régionales, une affaire de corruption secoue le Chili, où la confiance envers les institutions est déjà bien ébranlée. La société civile dénonce une crise de légitimité profonde et la Conférence des évêques parle de « crimes particulièrement graves » .

Marion Esnault, notre correspondante à Santiago

L'AVOCAT RIPOU 
LUIS HERMOSILLA

tout commence fin 2023, quand le journal indépendant chilien CIPER publie une conversation privée entre deux éminents avocats, Luis Hermosilla et Leonarda Villalobos, et l’homme d’affaires Daniel Sauer. Pendant deux heures, les trois compères détaillent une stratégie de corruption du Service des impôts (SII) pour obtenir des informations sur une enquête inquiétant les activités entrepreneuriales de Daniel Sauer.

 LES AVOCATS LUIS HERMOSILLA, LEONARDA VILLALOBOS
PHOTOMONTAGE DU SITE D'EXTRÊME-DROITE CHILIENNE «  EX-ANTE  » 

► À penser en dessin : FENÊTRE SUR COUR

Quelques semaines plus tard, une enquête judiciaire met en évidence tout un réseau de corruption et de trafic d’influence dans les plus hautes institutions chiliennes, particulièrement au sein du pouvoir judiciaire. L’affaire fait l’effet d’un tremblement de terre dans ce pays andin peu coutumier des cas de corruption, à différence de nombreux de ses voisins latino-américains.

[L'AVOCAT RIPOU LUIS HERMOSILLA]
CAPTURE D'ÉCRAN

Fin août 2024, les avocats Hermosilla et Villabolos sont placés en détention provisoire pour blanchiment d’argent et fraude fiscale. Deux semaines plus tard, trois avocats de la Cour Suprême sont suspendus. Plusieurs hommes et femmes politiques tels que l’ancien ministre de l’intérieur Andrés Chadwick ou l’ancienne ministre de l’éducation Marcela Cubillos sont ensuite inquiétés. Le château de cartes s’effondre et éclabousse la principale force politique de droite (UDI), soupçonnée d’être mêlée à l’affaire avec le financement illégal de son parti politique.

Indignation nationale

Cette affaire, connue comme « le Caso Audios [ Ñ ] », aggrave la crise de légitimité des institutions publiques chiliennes et des partis politiques, déjà très affaiblis depuis la révolte sociale de 2019. Selon la dernière étude nationale d’opinion publique, la moyenne générale de confiance envers une vingtaine d’institutions (police, gouvernement, justice…) ne dépasse pas 27 %. Le Congrès (députés et sénateurs) ne recueille que 8 % d’approbation.

La société civile dans son ensemble s’inquiète de la fragilisation que cela engendre dans une société déjà ébranlée. Dans une déclaration de deux pages, la Conférence épiscopale du Chili dénonce « des crimes particulièrement graves » car ils touchent « les autorités qui sont censées veiller au bien commun, en nuisant principalement aux plus vulnérables ».

Les Chiliens se sont principalement emparés des réseaux sociaux pour exprimer leur indignation. Selon CIVICA, une plateforme qui étudie les réactions des internautes, « la majorité des usagers s’indigne des abus de pouvoir menés par une élite qui a institutionnalisé la culture de la corruption ». La plupart des commentaires pointent le besoin de changements profonds du système politique et judiciaire, et rappellent que ces mêmes injustices ont été à l’origine de la révolte sociale de 2019.

 CHILI / PROPAGANDE ÉLECTORALE 

ÉLECTIONS RÉGIONALES ET MUNICIPALES
LE 26 ET 27 OCTOBRE 2024
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Les magistrats reconnaissent des déficiences

De son côté, l’association des magistrats reconnaît les « déficiences » au sein du « système actuel » qui « permet de mener des actions en parallèle des règles légales ». L’association ajoute qu’elle « exige depuis plus de trois décennies la modification du système de nomination des juges et des autres autorités judiciaires, car il est incompatible avec un État démocratique fondé sur l’État de droit ». Luis Cordero, actuel ministre de la justice, a annoncé un projet de loi pour réformer le système judiciaire, qui vit certainement ses heures les plus sombres depuis le retour à la démocratie en 1990.

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«Le Parrain»
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