vendredi, novembre 22, 2024

LE PRÉSIDENT MACRON EN AMÉRIQUE LATINE, "UN TRÈS BON SIGNAL ENVOYÉ À LA RÉGION"

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LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE, GABRIEL BORIC FONT, ACCOMPAGNÉ
DU PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE, EMMANUEL MACRON,
VISITENT LE BRISE-GLACE ALMIRANTE VIEL DE LA MARINE CHILIENNE*
PHOTO MARCELO SEGURA

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Le président Macron en Amérique latine, "un très bon signal envoyé à la région" / analyse / Amériques / Après l’Argentine et le Brésil, le président français, Emmanuel Macron, se trouve au Chili où il doit s’exprimer jeudi devant le Congrès. Si sa visite comporte un important volet économique, elle vise également à resserrer les liens diplomatiques avec un sous-continent que la France et l’Europe ne peuvent pas négliger. 

Par Olivier BRAS

Publié le : 21/11/2024 

PHOTO MARCELO SEGURA

4 min

Le détour par la Bibliothèque nationale du Chili, située dans le centre de Santiago, n’est pas au programme de la visite qu’effectue le président français dans ce pays sud-américain les 20 et 21 novembre. L’exposition “Sous le signe de la liberté” qu’elle propose actuellement aurait pourtant pu mériter un crochet puisqu’elle est consacrée à un lointain prédécesseur d’Emmanuel Macron, le général de Gaulle, venu au Chili en 1964 dans le cadre d’une grande tournée latino-américaine.  

► À penser en dessin : FENÊTRE SUR COUR 

Pendant trois semaines, du 21 septembre au 16 octobre 1964, le général de Gaulle avait arpenté dix pays en Amérique latine, un périple destiné à ouvrir une nouvelle ère dans les relations France - Amérique. Lors de son étape chilienne, il avait alors notamment prononcé un discours à l’Université de Santiago.

Soixante ans plus tard, Emmanuel Macron termine, lui, sa tournée en Amérique latine sur les terres natales de Salvador Allende. Le chef de l'État a rencontré son homologue chilien Gabriel Boric mercredi. Emmanuel Macron a vanté le "bon accord" de libre-échange entre l'Union européenne et le Chili qui devrait en "inspirer" d'autres, en référence au Mercosur dont le Chili n'est pas membre. "C'est un accord commercial qui est cohérent avec nos ambitions climatiques et de biodiversité.", a ajouté le président français. Des propos salués par Gabriel Boric qui s'est dit "fier de ce traité de dernière génération".

Jeudi, devant le Congrès, déplacé à Valparaiso lors de la dictature d’Augusto Pinochet, le président Macron aura l’occasion, devant les députés et les sénateurs chiliens, de faire le bilan des relations entre la France et le Chili, et plus généralement avec l’Amérique latine.  

Une véritable impulsion présidentielle  

Argentine, Brésil pour le G20... Cette tournée est la plus longue qu’il effectue en Amérique latine depuis le début de son premier mandat. Elle marque, selon l’Élysee, une “nouvelle étape” dans la relance du partenariat de la France avec l’Amérique latine.   

“Ce déplacement de six jours est un très bon signal envoyé à la région”, explique Kevin Parthenay, professeur de sciences politiques à l’université de Tours et membre de l’Institut universitaire de France. S'il multiplie les échanges avec le Brésil depuis que le président Lula a repris le pouvoir, Emmanuel Macron n'avait pas encore détaillé sa vision des rapports entre la France et cette région du monde. Au G20, il a d'ailleurs eu des contacts avec la nouvelle présidente mexicaine, Claudia Sheinbaum, ou avec le Colombien Gustavo Petro. 

Kevin Parthenay perçoit la volonté de "redensifier les relations existantes” entre la France et l’Amérique du Sud. “L’engagement politique porté par la présidence de la République donne de l’épaisseur. Il y a des dossiers économiques, liés à la défense, sur lesquels le président s’engage. Par ailleurs, d’autres dossiers portent sur la question climatique ou l’intelligence artificielle et on perçoit une véritable impulsion présidentielle”, analyse l’universitaire.  

Un soutien latino-américain à préserver 

Le volet chilien de cette visite va ainsi permettre à la France de travailler sur des questions stratégiquement très importantes comme l’importation de certaines matières premières primordiales (cuivre) ou de minerais rares. Paris est notamment venu rappeler le désir d’importants groupes français d’investir dans l’exploitation de métaux ou bien dans le développement d’importants projets d’énergie renouvelables. Avant de rencontrer des investisseurs chiliens mercredi, Emmanuel Macron a dit espérer que la France soit un "partenaire" du Chili "en matière d'extraction et de valorisation du lithium" et "du cuivre", pour "faire face à (ses) besoins en termes d'uranium".

Outre les aspects économiques, la France entend maintenir des liens culturels forts avec cette région. En témoigne la visite, mercredi, d’Emmanuel Macron dans la demeure qu'habitait à Santiago le poète Pablo Neruda, ancien ambassadeur du Chili dans l'Hexagone. La France a accueilli de très nombreux intellectuels sud-américains lors de la deuxième moitié du XXe siècle, souvent pour des raisons politiques, et elle a longtemps pu s’appuyer sur ces relais. 

Son poids culturel diminue aujourd’hui face à la présence d’autres acteurs, notamment la Chine, qui, étend son influence sur le terrain culturel, en reléguant au passage la langue de Molière. Or, la France ne veut pas perdre la proximité qu’elle a longtemps entretenue avec les pays de cette région, acquise sur le partage de valeurs communes

"Il estimportant de pouvoir compter sur les états latino-américains. On est dans un monde qui se recompose d’une manière extrêmement profonde, dans lequel l’Europe n’occupe plus du tout une position centrale. Et ne pas travailler le soutien de tous ces pays qui sont proches de nous serait extrêmement dommageable”, conclut Kevin Parthenay.

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