lundi, octobre 15, 2012

LA DIPLOMATIE DES PLUMES CHILIENNES

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JORGE EDWARDS RENCONTRE À LA FIN DES ANNÉES 50 PABLO NERUDA, LE CÉLÈBRE POÈTE COMMUNISTE CHILIEN, DONT IL DEVIENT LE FACTOTUM ET PROTÉGÉ. SUITE À LA MORT DE NERUDA, EDWARDS FAIT SA TRAVERSÉE DU DÉSERT PENDANT LA DICTATURE. IL DEVIENT PARTISAN DE LA « CONCERTATION DE PARTIS POUR LA DÉMOCRATIE », COALITION DE CENTRE GAUCHE, ET À LA FIN DE LA DICTATURE IL EST NOMMÉ AMBASSADEUR DU CHILI AUPRÈS DE L’UNESCO. EDWARDS SOUTIENT PLUS TARD LE MILLIARDAIRE CONSERVATEUR SEBASTIAN PIÑERA, ÉLU PRÉSIDENT DU CHILI, QUI LE NOMME AMBASSADEUR À PARIS, LE POSTE PRESTIGIEUX QUE AVAIT OCCUPÉ AVEC ÉCLAT PABLO NERUDA, PRIX NOBEL DE LITTÉRATURE EN 1971.

C’est un salon où se croisaient l’intelligentsia parisienne et les écrivains latino-américains. Celui de l’ambassade du Chili à Paris. Le poète Pablo Neruda y avait été nommé par Allende, le romancier Jorge Edwards le secondait. Aujourd’hui ambassadeur, il se souvient.

On finit nos vies dans l’enveloppe où nos souvenirs sont écrits. Parfois, ils sont postés de Paris. Il existe un romancier de 81 ans qui, depuis deux ans, dans l’homérique tradition latino-américaine des écrivains-diplomates, clôt sa carrière dans la ville même où, voilà cinquante ans, il l’a presque débutée. Il est ambassadeur du Chili en France, prix Cervantès de littérature, amateur de bon vin, de danse et de jolies femmes, et il s’appelle Jorge Edwards.

Sur les murs du salon de réception, près des vieilles tapisseries françaises représentant des scènes de chasse, il a mis un tableau de Matta, «d’autant mieux qu’il ressemble à un Bacon», et les encres d’un artiste chilien de sa génération, Carlos Faz, qui, à 23 ans, se jeta d’un bateau pour rejoindre à la nage La Nouvelle-Orléans, et se noya. C’est l’âge qu’avait Edwards lorsqu’il écrivit pour la première fois à Pablo Neruda. On n’imagine plus, aujourd’hui, ce que fut la gloire de Neruda. C’était le temps où certains écrivains étaient des pop-stars.