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Dans No, Pablo Larraín raconte comment Pinochet a perdu le pouvoir en 1988 à cause des techniques de la publicité. Un film passionnant.
Augusto Pinochet, auteur d’un coup d’État au Chili en 1973, a quitté le pouvoir par la force des urnes à la fin des années 1980. À ce jour, c’est le seul dictateur qui, sous la pression internationale, ait dû organiser un scrutin pour décider de son sort, où il a été battu démocratiquement. En reprenant l’histoire de ce fameux référendum, qui eut lieu le 5 octobre 1988, quand il n’avait que 12 ans, Pablo Larraín réalise sa première œuvre « positive » – ou du moins pourrait-on l’imaginer ainsi – sur la période du règne de Pinochet. Celle-ci était déjà au centre de ses deux films précédents : Tony Manero (2008) et Santiago 73, Post Mortem (2010), dont les personnages principaux, ici un psychopathe, là un dépressif, plongeaient dans l’abjection, à l’image de ce qu’a connu la société chilienne au cours des années les plus noires de la dictature, période désormais historique mais dont le souvenir reste douloureux, toutes les plaies étant loin d’être refermées.
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Des films politiques, donc. Mais qu’il s’agisse de Tony Manero, de Santiago 73 ou de ce nouvel opus, No, aucun d’eux ne développe un discours explicite. Tout ce qui est politique chez Larraín passe par le récit et la mise en scène. Comme le choix du personnage central. Dans No, René Saavedra (Gael García Bernal) est un jeune et brillant « créatif » d’une agence de pub que rien ne destine à l’engagement politique. Seule donnée biographique qui le lie a priori à un camp : son père, un opposant anti-Pinochet respecté par ses pairs, qui a connu l’exil. C’est pour cette raison, mais surtout pour ses talents de publiciste hors pair, qu’un responsable de la campagne du non vient le voir pour lui demander de s’y impliquer. Pablo Larraín fait ainsi fructifier son parti pris qui consiste à s’intéresser à ce que la campagne du non a de plus « révolutionnaire » : à savoir les clips qui, chaque jour, dans le cadre des programmes officiels, sont diffusés sur les chaînes de télévision, toutes contrôlées par l’État, avec 15 minutes pour le oui et autant pour le non.