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CINÉMA. ENTRE CHILI ET ITALIE, UNE BOUSSOLE POUR QUE LES TEMPS CONCORDENT |
Santiago, Italia Nanni Moretti Italie, 1 h 20Un documentaire plein d’intelligence conjugue images d’archives et témoignages afin de retracer le parcours vers la Botte de nombreux réfugiés après le coup d’État militaire le 11 septembre 1973.
Nanni Moretti se tient sur une terrasse en surplomb de la ville. Sur l’immense panorama plane une brume blanche. Santiago, Chili, de nos jours. Le réalisateur va remettre en lumière les événements qui, de 1970 à 1973, marquent l’histoire du pays et retracer d’un même mouvement les liens solidaires tissés avec l’Italie d’alors. Nanni Moretti se tiendra en retrait du langage des images d’archives et des voix de celles et ceux qu’il interroge. Ils ont vécu ces événements. Les fièvres et foudres les en ont traversés. Les cinéastes Patricio Guzman, Miguel Littin et aussi Carmen Castillo. Et puis le traducteur Rodrigo Vergara, l’ouvrier Daniel Muñoz, le professeur Léonardo Barcelo Lizana, Victoria Saez, artisane, Marcia Scantlebury, journaliste, d’autres encore. Nanni Moretti leur pose des questions simples. Son art accompli du cinéma lui permet de dispenser à égalité lucidité et émotions. Auteur d’une douzaine de longs métrages de fiction, de nombreux courts métrages et documentaires, le fil à plomb de ses équilibres demeurera invisible. Il n’apparaîtra dans le cadre qu’à l’occasion d’un face-à-face avec l’un des deux militaires qu’il a interviewés. Condamné pour homicides et séquestration, l’homme ne manifeste aucun remord. Il justifie au contraire les atrocités commises par la dictature qui, depuis le 11 septembre 1973, a placé au pouvoir Augusto Pinochet. Au bourreau qui l’accuse de manquer d’impartialité, Nanni Moretti rétorque « je ne suis pas impartial ». Dont acte.