dimanche, octobre 20, 2019

CHILI : LES ÉMEUTES NE FAIBLISSENT PAS, PIRE EXPLOSION SOCIALE DEPUIS DES DÉCENNIES


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DEVIOLENTES MANIFESTATIONS CONTINUENT DE SECOUER LE CHILI
. PHOTO PABLO VERA  
De nouveaux heurts ont éclaté dimanche à Santiago du Chili entre des manifestants et la police au troisième jour des pires émeutes qu'ait connu le pays depuis des décennies, qui ont fait deux morts et au moins trois blessés.
TROIS PERSONNES SONT MORTES TÔT CE
DIMANCHE À SANTIAGO, PREMIÈRES VICTIMES
DES ÉMEUTES QUI AFFECTENT LA CAPITALE
CHILIENNE DEPUIS DEUX JOURS APRÈS UNE
HAUSSE DES TARIFS DE TRANSPORTS
SUSPENDUE SAMEDI.
PHOTO AFP - AFP
Des protestataires, le visage dissimulé sous des capuches, se sont violemment affrontés avec des policiers sur la Plaza Italia, dans le centre de la capitale, a constaté l'AFP. Les forces de l'ordre ont répliqué avec des gaz lacrymogènes et des jets d'eau.

"El pueblo unido jamas sera vencido" (Le peuple uni ne sera jamais vaincu) criaient les manifestants, reprenant un slogan jadis scandé contre la dictature d'Augusto Pinochet (1973-1990).

Après trois jours de violences, le centre de la capitale chilienne et d'autres grandes villes, comme Valparaiso et Concepcion, offraient dimanche un visage de désolation : feux rouges au sol, carcasses de bus carbonisées, commerces pillés et des milliers de pierres et de bâtons parsemant les chaussées.

Selon les autorités, 716 personnes ont été arrêtées dans tout le pays.

"C'est très triste tout ce qui se passe, mais les gens en ont marre qu'on ne les écoute pas", a déclaré à l'AFP Antonia, 26 ans, qui tentait dimanche de prendre un bus à Santiago.

Le couvre-feu est désormais en vigueur dans cinq régions, dont la capitale, Santiago, selon le général Javier Iturriaga del Campo, et près de 10.000 policiers et militaires ont été déployés.

Le président Sebastian Piñera avait décrété vendredi soir l'état d'urgence pour 15 jours dans la capitale de 7 millions d'habitants.

Ces émeutes, les pires depuis des décennies, ont fait deux morts dans la nuit de samedi à dimanche dans l'incendie d'un supermarché, à San Bernardo, en banlieue sud de la capitale. "Il y a eu un pillage et un incendie, au cours duquel deux femmes sont mortes et une troisième personne a été brûlée à 75%", a déclaré le ministre de l'Intérieur et de la Sécurité, Andrés Chadwick.

Selon les autorités, deux personnes ont également été blessées par balle et hospitalisées dans un état "grave" après un incident avec la police lors de pillages, également dans le sud de la capitale.

300 millions de dollars de dégâts


Les manifestations ont débuté vendredi pour protester contre une hausse --de 800 à 830 pesos (environ 1,04 euro)-- du prix des tickets de métro à Santiago, dotée du réseau le plus étendu (140 km) et le plus moderne d'Amérique du Sud qui transporte quotidiennement environ trois millions de passagers.
M. Pinera a fait marche arrière samedi soir et suspendu la hausse. Mais les manifestations et les violences se sont poursuivies samedi, nourris par la colère face aux conditions socio-économiques et aux inégalités dans ce pays où l'accès à la santé et à l'éducation relèvent presque uniquement du secteur privé.

Des dizaines de supermarchés, de véhicules et de stations-service ont été saccagés ou incendiés. Les bus et les stations de métro particulièrement ciblés. Selon le gouvernement, 78 stations de métro ont subi des dommages, dont certaines ont été totalement détruites.

Ces dégâts dans le métro sont évalués à plus de 300 millions de dollars et un retour à la normale sur certaines lignes pourrait prendre "des mois", a indiqué dimanche le président de la compagnie nationale de transports publics, Louis de Grange.

"Il ne s'agit pas seulement du métro, mais de tout. Les Chiliens en ont eu marre des injustices", a déclaré à une chaîne de télévision locale, Manuel, un travailleur qui tentait dimanche de gagner son lieu de travail.

Quelques rares bus circulaient dans la capitale, forçant les habitants à se rabattre sur les taxis et les VTC, dont les prix s'envolaient.

‎À l'aéroport de Santiago, de nombreux vols ont été annulés ou reprogrammés, en raison notamment des difficultés des employés pour rejoindre leur lieu de travail.

Quelques petits commerces ont rouvert dimanche ainsi que des stations services où les files d'attente de voitures étaient visibles, les habitants craignant une poursuite des violences lundi alors que les étudiants ont appelé à de nouvelles manifestations.

Avec des mots d'ordre comme "Marre des abus" ou "Le Chili s'est réveillé", diffusés sur les réseaux sociaux, le pays fait face à une des pires crises sociales depuis des décennies.

Dimanche, M. Piñera doit réunir ses ministres et d'autres hauts responsables pour faire un point sur la situation. Il a également annoncé un dialogue "large et transversal" pour tenter de répondre aux demandes sociales.