dimanche, décembre 15, 2019

AU CHILI, LA VIE AVEC UN ŒIL EN MOINS

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NELSON ITURRIAGA TIENT L’UN DES PLOMBS QUI L’A ÉBORGNÉ
PHOTO MARTIN BERNETTI/AFP
Depuis le début du mouvement de contestation sociale qui secoue le Chili, il y a près de deux mois, environ 350 personnes ont été blessées aux yeux ou au visage, la majorité par des tirs de projectiles de la police. 
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CHILI: L'ONU DÉNONCE 
LA «RÉPRESSION»
Dans un rapport publié vendredi, le haut-Commissariat de l’Onu aux droits de l’Homme a dénoncé les "multiples violations des droits humains" commises par les forces de l’ordre contre les manifestants au Chili.

Si la cheffe de la mission, Imma Guerras-Delgado a reconnu que "la majorité des protestataires ont manifesté de manière pacifique", "la gestion des manifestations par les policiers s’est déroulée d’une manière fondamentalement répressive".

Pendant sa mission, l’équipe du haut-Commissariat a pu documenter 113 cas de torture et de mauvais traitements, et 24 cas de violences sexuelles sur des femmes, des hommes et des jeunes filles, commis par des membres de la police et des militaires.


Près de 350 éborgnés


Les experts de l’Onu dénoncent aussi le "nombre alarmant de personnes" — environ 350 — souffrant de blessures aux yeux ou au visage, la majorité étant liée à des tirs de plombs. Toute ressemblance avec la situation d’un pays européen secoué par un mouvement social habillé en jaune serait purement fortuite…

"J’étais dans un endroit où il ne se passait rien, quand, d’un coup, un groupe de personnes encagoulées apparaît, puis se fond dans la foule. Derrière nous, surgissent des carabiniers (policiers, ndlr) qui descendent d’une camionnette et se mettent à tirer de tous les côtés", raconte Nelson Iturriaga, maçon de 43 ans, un brun qui porte un bouc et les cheveux longs. Il a été blessé le 21 octobre, peu après le début de la contestation.

"Le projectile, je ne l’ai pas senti quand il m’a touché. Mais il m’a projeté au sol. J’ai d’abord eu très peur, car je perdais beaucoup de sang", ajoute Nelson, qui porte une protection en plastique sur son œil gauche qui tient grâce à du scotch. Il a perdu la vue de ce côté et doit encore subir plusieurs opérations.

"J’ai eu très mal, j’ai beaucoup crié et j’ai perdu connaissance", narre de son côté Diego Foppiano, étudiant de 22 ans touché à l’œil gauche par une bille en caoutchouc tirée par la police, le 19 octobre.


"Ma vie a pris un virage à 180 degrés ; j’ai été lésé dans tous les aspects. Les médecins m’ont dit que je ne pourrais plus faire de sports de contact, et j’aimais vraiment cela […] J’ai essayé de retourner en cours mais je ne voyais rien", raconte celui qui utilise un cache-œil noir.

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DESSIN ALEX FALCÓ CHANG
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