[ Cliquez sur l'image pour l'agrandir ]
Créée fin novembre, une dénonciation chantée et dansée des violences sexuelles contre les femmes est désormais reprise et traduite dans de nombreux rassemblements militants.
SUR L'ESPLANADE DU TROCADÉRO À PARIS, VENDREDI.
PHOTO GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP
« LE VIOLEUR C’EST TOI ! C’EST
LA POLICE C’EST LA JUSTICE ! »
LA POLICE C’EST LA JUSTICE ! »
Par François-Xavier Gomez
Trois rangs de femmes aux yeux bandés scandent sur un beat oppressant : «Ce n’était pas ma faute/ Ni de celle du lieu/ Ni celle de mes vêtements/ Le violeur c’était toi…» Accompagnée de gestes, dont un index accusateur pointé droit devant, cette performance a été créée le 25 novembre, simultanément à Valparaíso et à Santiago, au Chili, à l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination des violences faites aux femmes. Le violeur, «ce sont les pacos [les flics], c’est l’État, c’est la société, c’est le Président» poursuivent les femmes en colère. La vidéo de ce slam a immédiatement fait le tour des réseaux sociaux, et dès le lendemain, il répliquait dans toute l’Amérique latine, avant de retentir dans le monde entier : à Londres, à Madrid, à Berlin ou à Istanbul. Et vendredi à Paris en version française devant la tour Eiffel.
La performance, baptisée «Un violeur sur ton chemin», a été imaginée par le collectif Las Tesis («les thèses»), formé par quatre «artivistes» de Valparaíso, la capitale culturelle du Chili : Dafne Valdés, Sibila Sotomayor, Paula Cometa et Lea Cáceres. Il y a un an et demi, elles se sont fixées pour but de traduire les thèses féministes dans un langage artistique percutant. Dans le quotidien chilien La Tercera, elles expliquent leur démarche et les lectures qui les ont inspirées, notamment le travail de l’anthropologue argentino-brésilienne Rita Laura Segato, pionnière des études sur la violence de genre (qu’elle préfère nommer «violences de pouvoir et de domination») et leur lien avec l’héritage colonial (1).
«UN AMI SUR VOTRE CHEMIN» CIRCA 1980 |
(1) Seul texte traduit en français : l’Œdipe noir, des nourrices et des mères, Petite Bibliothèque Payot, 2014.
François-Xavier Gomez