lundi, septembre 27, 2021

XÉNOPHOBIE.AU CHILI, LES AFFAIRES DE VÉNÉZUÉLIENS BRÛLÉES LORS D’UNE MARCHE ANTI-IMMIGRATION

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PHOTO ALEX DIAZ
«La xénophobie ordinaire » ou  « La Kastisation des esprits» / 5 000 personnes ont protesté à Iquique, dans le Nord du Chili, contre l’immigration irrégulière. Une manifestation qui s’est terminée par une scène choquante : les affaires de Vénézuéliens sans-abri brûlées.

AMÉRIQUES CHILI COURRIER INTERNATIONAL - PARIS

PICTOLINE

C’est “une des scènes les plus inhumaines vues dernièrement au Chili”, écrit El País : une manifestation anti-immigration a donné lieu à un brasier où ont été brûlées “les rares possessions d’un groupe de Vénézuéliens sans abri”, samedi 25 septembre à Iquique. “Tentes, matelas, vêtements, jouets pour enfants […] et papiers” ont brûlé à l’issue d’une manifestation spontanée, dans cette ville située dans le désert d’Atacama.

[ L'ancien garde des Sceaux Robert Badinter, avait inventé la formule « lepénisation des esprits »  pour dénoncer la diffusion des thèses du Front national. / Au Chili on pourrait parler de « la kastisation des esprits » pour dénoncer la propagation des idées xénophobes et racistes répandues par José Antonio Kast un leader de l'extrême droite indigène.]

5 000 habitants se sont mobilisés au travers des réseaux sociaux, suite à des altercations violentes vendredi entre des familles de migrants qui avaient monté des tentes sur une place de la ville et la police venue les déloger. Les manifestants entendaient dénoncer “la présence incontrôlée d’étrangers et le manque de contrôle […] à la frontière”, résume El País. C’est à un coin de rue qu’un groupe de Chiliens a allumé le brasier et s’est mis à y jeter les affaires d’une dizaine de familles vivant dans un espace public, qui avaient pu trouver refuge auparavant.

Crise humanitaire

Porte d’entrée du pays par voie terrestre, le Nord du Chili est confronté à une “crise humanitaire et sanitaire” liée à la forte hausse des arrivées irrégulières d’étrangers ces dernières années. Les entrées irrégulières de Vénézuéliens et d’Haïtiens ont notamment beaucoup augmenté, les premiers représentant aujourd’hui près d’un tiers des étrangers au Chili selon les chiffres officiels. Ce qui conduit à ce que “des dizaines de familles d’étrangers montent leur tente dans les espaces publics”, indique El País.

Dénoncés par les Nations unies comme “une humiliation inadmissible”, les événements d’Iquique ont provoqué de nombreuses réactions au Chili, partagées entre la dénonciation et la demande de contrôles renforcés à la frontière. Dans le quotidien chilien El Mercurio, les maires d’Iquique et de Colchane, autre ville du Nord du Chili, demandent d’une part plus de contrôle de l’immigration, d’autre part la réalisation de centres d’hébergement pour les migrants. De son côté, le parquet chilien a lancé une enquête pour identifier les auteurs des faits et va aider 16 personnes qui ont vu leurs affaires brûlées.

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DESSIN LAUZAN

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