lundi, novembre 22, 2021

CHILI : UN ÉCONOMISTE INSTALLÉ AUX ÉTATS-UNIS, ARBITRE INATTENDU DE LA PRÉSIDENTIELLE

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PHOTO LUIS HIDALGO / AP 

Analyse Bien que loin du Chili, l’économiste Franco Parisi a surpris en arrivant troisième avec près de 13 % des voix lors du premier tour du scrutin présidentiel du dimanche 21 novembre. De quoi prétendre au rôle d’arbitre du second tour, qui opposera le 19 décembre le candidat d’extrême droite José Antonio Kast et son adversaire de gauche, Gabriel Boric.

par Gilles Biassette

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Il a fait campagne depuis les États-Unis, sa présence n’a été que digitale et il n’a même pas voté – ni pour lui ni pour un autre. Pourtant, Franco Parisi, 54 ans, a séduit autant de Chiliens que les partis au pouvoir depuis les années 1990 : avec près de 13 % des voix, il a même fini en troisième position. Un résultat inattendu qui fait du candidat absent un homme-clé dans la perspective du second tour le 19 décembre.

Une vie entre le Chili et les États-Unis

Diplômé de l’Université du Chili, occupant différentes fonctions de conseiller de l’ombre après le rétablissement de la démocratie dans les années 1990, Franco Parisi s’est fait connaître du grand public vingt ans plus tard en tant que vulgarisateur des questions économiques dans les médias. Attaquant les élites chiliennes et critiquant les dirigeants du pays, il s’est lancé en politique lors de l’élection présidentielle en 2013. Une candidature sans programme bien défini, mais qui lui a permis de dépasser, une première fois, la barre des 10 %.

Continuant à mener sa carrière entre le Chili et le sud des États-Unis, où il a étudié et où il s’est marié, il a continué à creuser son sillon en fondant en 2019 son propre parti – le Parti des Gens, sur une ligne populiste et libérale. Après seize années d’alternance entre le centre gauche de Michelle Bachelet et le centre droit de Sebastian Piñera, Franco Parisi a avancé ses pions en mettant à profit le désamour du Chili pour sa classe politique. Au Chili, où le nombre des mandats présidentiels est limité à deux, un président sortant ne peut pas briguer un deuxième mandat consécutif.

Le rejet de la classe politique, aussi au cœur de la révolte de 2019

Lors de ce scrutin, le rejet de la classe politique, déjà au cœur du mouvement de contestation sociale de la fin de l’année 2019, le place dans un rôle d’arbitre : que va-t-il faire de ses voix ? Pour l’heure, Franco Parisi n’a pas donné de consignes de vote. Culturellement, il appartient plutôt à l’univers de la droite. Géographiquement, il a fait de bons scores dans des régions où José Antonio Kast s’est imposé, comme dans la zone minière d’Antofagasta (nord du pays). Des régions touchées par un fort mécontentement lié à l’immigration, notamment colombienne et vénézuélienne.

Mais il n’est pas certain que ce trublion peu enclin à suivre les règles traditionnelles du jeu politique donne des consignes de vote. Il se plaît dans le flou. Sa présence aux États-Unis n’est pas très claire : a-t-il fait campagne de loin à cause du Covid, ou en raison de soucis avec la justice chilienne, avec laquelle il est en froid sur plusieurs dossiers (pensions alimentaires, etc.) ? Il n’empêche : l’économiste est désormais, de fait, un acteur politique de premier plan. Y compris au Congrès, où son parti a décroché plusieurs sièges.

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