samedi, janvier 15, 2022

BON ÉLÈVE / AU CHILI, 71% DES ENFANTS DÉJÀ VACCINÉS

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PHOTO ESTEBAN FELIX / AP

Alors que les cas d’omicron n’explosent pas encore parmi les Chiliens, la communauté éducative voit d’un bon œil la reprise obligatoire des cours en présentiel à la fin des vacances d’été austral, en mars, après deux ans d’intermittence scolaire.

par Justine Fontaine, Correspondante au Chili

Deuxième pays au monde, derrière Israël, à inoculer une quatrième dose de vaccin anti-Covid-19 à ses habitants, le Chili a commencé lundi à vacciner les personnes immunodéprimées. Un symbole qui reflète une campagne de vaccination particulièrement aboutie : 92 % des adultes ont reçu au moins deux doses de vaccin (un taux très proche de celui de la France). La vaccination des enfants entre 3 et 5 ans a commencé fin décembre. Au 13 janvier, 77,2 % des enfants entre 6 et 11 ans avaient reçu deux doses de vaccin.

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De plus, tous les majeurs qui le souhaitaient ont eu la possibilité d’accéder à une troisième dose, désormais nécessaire au Chili pour garder son pass vaccinal activé. Les personnels d’éducation étaient prioritaires, comme c’est le cas depuis le début de la campagne de vaccination grand public, lancée en février 2020.

«Heureusement, le mouvement antivax est marginal au Chili et il existe ici une très forte culture de la vaccination», explique l’infectiologue Claudia Cortés, enseignante à l’université du Chili, à Santiago. Dans le pays, 52 % des vaccins inoculés proviennent du laboratoire Sinovac, «un peu moins efficace [que les vaccins à ARN messager] pour éviter la contagion», précise-t-elle, suivi par Pfizer (38 %) et AstraZeneca.

Dans ces conditions, après deux ans de cours à la fois en présentiel et en ligne, parfois suivis avec difficultés par les élèves, le ministre de l’Education a annoncé le retour aux cours en présentiel obligatoires à compter du 2 mars, à l’issue des vacances d’été austral. Le contraire «aurait été une erreur, au préjudice de nos élèves, tant d’un point de vue sanitaire que d’un point de vue pédagogique», assure à Libération Raúl Figueroa, depuis son bureau au ministère, à quelques pas du palais présidentiel de la Moneda, à Santiago. Dans quelques semaines, le gouvernement de droite, dont il fait partie, laissera sa place à l’équipe du nouveau président de gauche, Gabriel Boric, qui prêtera serment le 11 mars.

Des disparités entre les établissements publics et ceux du privé

Ces derniers mois, la reprise des cours en présentiel est devenue le cheval de bataille du ministre de l’Education. Il estime que «le protocole sanitaire a prouvé son efficacité» l’an dernier. D’après les chiffres du ministère, des foyers de contagion au Covid-19 ont été détectés en moyenne dans moins de 2 % des établissements chaque mois l’an dernier. Le port du masque est obligatoire pour tous, en classe comme dans la cour, et la mesure est dans l’ensemble bien respectée. Enfin, «près de 90 % des élèves devraient avoir deux doses de vaccin d’ici à la rentrée scolaire en mars, ainsi qu’une dose de rappel» pour les plus grands, anticipe Raúl Figueroa.

Lors du dernier mois de l’année scolaire 2021, une période où le virus circulait peu au Chili, 65 % des élèves se sont rendus en cours au moins une fois. Des chiffres certes meilleurs que dans la plupart des pays de la région, mais qui cachent des disparités entre les établissements publics (qui accueillent principalement des enfants de classes populaires) et les collèges et lycées privés (qui ont davantage de moyens).

Dans une école maternelle publique de la banlieue nord de Santiago, Marcia León, 64 ans, a reçu pour sa classe l’an dernier «deux masques réutilisables par enfant, mais ils étaient trop petits, ne couvraient pas le nez, et les parents ne les lavaient pas toujours», regrette-t-elle. C’est finalement grâce aux dons de certaines familles qu’elle a eu assez de masques pour les élèves. L’enseignante, épuisée d’avoir cumulé cours présentiels et cours en ligne pendant presque toute l’année, a aussi payé de sa poche du gel hydroalcoolique pour s’assurer qu’il soit «de bonne qualité».

Un «calme tendu»

«Nous souhaitons bien sûr revenir aux cours en présentiel, assure Carlos Díaz, président du syndicat des professeurs, dont les relations avec le ministre de l’Education sont houleuses. Mais la hausse des contagions observée ces dernières semaines est très inquiétante, et il ne suffit pas d’annoncer une date de reprise pour que tout soit résolu», lance-t-il par téléphone.

Car si dans les hôpitaux règne pour l’instant «un calme tendu», précise l’infectiologue Claudia Cortés, l’épidémie ne cesse de progresser : le Chili a dénombré 7 291 nouveaux cas, soit une hausse de 154 % sur sept jours. Cependant, ajoute l’infectiologue, compte tenu de la situation actuelle, «il semble raisonnable et nécessaire pour les enfants de reprendre les cours présentiels obligatoires. Sauf bien sûr si la situation devient hors de contrôle d’ici à mars».

Un retour total en classe est attendu avec une certaine impatience par les parents et enfants rencontrés dans le centre-ville de Santiago mercredi. Piero, 6 ans, est en vacances depuis début décembre et veut «recommencer à jouer avec ses amis». Il souffre de troubles d’apprentissage du langage et sa mère, Natalia Bustamante, 47 ans, constate qu’il apprend bien plus vite à l’école qu’en ligne. «Rien ne remplace les cours en présentiel», constate-t-elle.

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