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MONIQUE BLIN
Monique Blin est partie ce mardi 25 janvier, à 88 ans. Femme de théâtre, de culture et d’engagement, directrice du Théâtre des Amandiers en septembre 1973, elle a accueilli dans son théâtre les artistes chiliens qui fuyaient la dictature du général Pinochet.
MONIQUE BLIN
C’était alors le début de la longue nuit qui s’est abattue sur le Chili pendant presque deux décennies, et dont les séquelles perdurent encore. Monique Blin a été une alliée de la première heure de cette riche vague d’artistes, musiciens et créateurs chiliens en exil, qui s’est constituée en avant-garde active de la résistance culturelle à la barbarie militaire. Sa scène des Amandiers, mais aussi sa maison, ont été un refuge pour plusieurs artistes, qui ont pu ainsi se reconstituer, retravailler et se faire un espace en France.
Les premiers contacts des Chiliens exilés avec notre amie et camarade Monique Blin ont eu lieu au théâtre de l'Olympia à Paris, quatre jours seulement après le coup d'État de Pinochet en septembre 1973. Guillermo Haschke, qui avait endossé le rôle de coordinateur du travail artistique culturel à Paris, a reçu le soutien chaleureux et solidaire des cadres du PCF et de la gauche française pour l’organisation d’un grand concert dénonçant les exactions de la dictature. À partir de ce moment se tissa une longue et fructueuse amitié qui profita aux Chiliens exilés et naquit la longue amitié franco-chilienne qui dure jusqu'à aujourd'hui.
Monique Blin était une femme de l'ombre qui, dès sa jeunesse dans les années 1960, s'était mise au service de l'art et de la culture. Elle avait aussi à cœur d’œuvrer à l'émergence des talents des pays du Sud, et a été pionnière dans l’essor de plusieurs créateurs aujourd’hui confirmés, venus particulièrement d'Afrique.
Elle a été faite Officier du Mérite, Chevalier des Arts et Lettres, et médaille Beaumarchais de la Sacd (Société des auteurs et compositeurs dramatiques), entre autres distinctions qu’elle méritait largement, auxquelles elle préférait l’action, la mise en commun d’énergies et de talents, les liens et les routes entre cultures.
Pour sa générosité, sa solidarité ardente et son engagement sans faille, Monique Blin représente le meilleur de la France. Un ultime hommage a été rendu ce lundi 31 janvier à cette femme discrète et modeste, parfois timide, qui pouvait aussi être rayonnante et chaleureuse. Adieu, camarade Monique, merci.