samedi, juin 17, 2023

CHILI : LES BIDONVILLES PULLULENT, SYMBOLES D'UNE CRISE IMMOBILIÈRE, SOCIALE ET MIGRATOIRE



VUE AÉRIENNE D'UN BIDONVILLE DANS LA BANLIEUE
DE LA CAPITALE SANTIAGO, EN MAI 2022.
PHOTO MARTIN BERNETTI / AFP


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«CHILI : LES BIDONVILLES PULLULENT, SYMBOLES D'UNE
 CRISE IMMOBILIÈRE, SOCIALE ET MIGRATOIRE»
 PAR NAÏLA DERROISNÉ
DIFFUSION  MARDI 14 JUIN 2023
En 2019, Techo Chile comptait 49 000 familles vivant dans des bidonvilles au Chili. L'organisation non-gouvernementale qui se bat pour améliorer les conditions de logement dans le pays a actualisé son recensement en 2023 : 114 000 familles vivent aujourd'hui dans des campements. "Beaucoup des personnes qui vivent ici louaient un logement avant", observe Catalina, bénévole à Techo Chile. Mais quand les loyers ont commencé à augmenter, elles ne pouvaient plus les payer et se sont retrouvées à la rue. C’est ainsi que les premières familles chiliennes sont arrivées dans ce bidonville. Ensuite, d’autres personnes se sont installées et ça continue aujourd’hui, c’est hors de contrôle."


Le Chili ne doit pas seulement faire face à une crise économique dont l'inflation est l'un des principaux problèmes. Le pays, présidé par Gabriel Boric depuis fin 2021, doit aussi gérer une importante vague migratoire. 


Un tiers des personnes qui vivent dans des bidonvilles au Chili vient du Venezuela, du Pérou, de la Colombie, de la Bolivie, d’Équateur et aussi d’Haïti. Ce phénomène est encore plus marqué dans les grandes villes du nord du pays, proches des frontières avec le Pérou et la Bolivie, où 73 % des familles qui vivent dans des campements sont des migrants.

700 000 habitations manquantes selon les autorités
Le Chili manque cruellement de logements et surtout de logements avec des loyers abordables. La spéculation autour des prix de l’immobilier est forte dans le pays. "Aujourd’hui, la problématique du logement au Chili, c'est qu’il n’y a pas eu de politiques publiques, signale Hector Guarda.

Le président de Techo Chile voit dans cette multiplication des bidonvilles un symptôme d’une mauvaise gestion de l’État chilien. Il y a eu des orientations avec les différents gouvernements, mais un gouvernement ne dure que quatre ans, c’est peu. Et en un mandat, on ne peut pas changer complètement la politique de logement d’un pays. L’État chilien n’a pas été à la hauteur pour résoudre le problème des habitations pour les plus pauvres."

Le gouvernement actuel s’est fixé comme objectif de créer 260 000 logements sociaux en quatre ans. Il en a déjà livré 39 000 et 136 000 autres sont en construction.