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RFIChili: lourdes peines pour 12 membres du gang vénézuélien Tren de Aragua / Un tribunal chilien a condamné lundi 12 membres du redouté gang vénézuélien Tren de Aragua à des peines allant jusqu'à la réclusion à perpétuité, ont annoncé les autorités judiciaires. Les 12 individus ont été condamnés pour meurtre, enlèvement et trafic d'êtres humains. Il s'agit de la deuxième plus lourde condamnation prononcée par la justice chilienne contre des membres du gang Tren de Aragua.
Publié le : 15/07/2025 - Temps de lecture 3 min
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LA PDI PROCÈDE À ARRESTATION LORS D'UNE OPÉRATION CONTRE LE TREN DE ARAGUA À SANTIAGO, 22 JANVIER 2025 PHOTO HANDOUT / PDI /ARCHIVES |
parmi les condamnés figurent au moins 11 Vénézuéliens et un homme possédant une carte d'identité colombienne, mais qui pourrait lui aussi être vénézuélien, selon le parquet. Carlos Gonzalez, alias « Estrella », considéré comme un des chefs du gang au Chili, a été condamné à perpétuité pour homicides, enlèvements, association de malfaiteurs et trafic de migrants. Il pourrait être libérable au bout de quarante années de détention. Hernán Landaeta, alias « Satanás », reconnu comme le principal exécuteur (sicaire), de la bande, Zeus Velásquez, Juan Carlos Blanco y Daniel Azuaje ont été condamnés à perpétuité également avec vingt années d'emprisonnement incompressibles. Le reste de la bande a été condamné à des peines entre 2 et 22 ans de prison, rapporte l'Agence France presse.
► À penser en dessin : FENÊTRE SUR COUR
Les condamnés ont été reconnus coupables dans onze dossiers criminels. En mars, dans un précédent procès, la justice chilienne avait déjà condamné 34 membres du gang Tren de Aragua à des peines allant jusqu'à la réclusion à perpétuité. Les condamnés avaient écopé en tout de 560 années de prison contre 300 pour ce dernier jugement. « Les peines qui ont été prononcées sont à mes yeux exemplaires », a estimé lors d'une conférence de presse Trinidad Steinert, le procureur régional de Tarapaca, ville du nord du Chili.
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SUR L'IMAGE, RONALD OJEDA. |
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Un gang qui a essaimé sur tout le continent
Originaire du Venezuela où elle est l'organisation criminelle la plus puissante, le Tren de Aragua se livre à des extorsions, meurtres, trafic de drogue et d'êtres humains. Elle a essaimé dans plusieurs pays d'Amérique latine notamment la Colombie, le Chili et le Pérou. Au Chili, où vit une importante communauté vénézuélienne et où la délinquance a beaucoup augmenté, l’amalgame est souvent vite fait entre « Vénézuéliens » et « délinquance » ou « crime organisé ». La bande du Tren de Aragua est accusée de l'assassinat en 2024 de Ronald Ojeda, un opposant vénézuélien et Caracas est même soupçonné d'avoir commandité le meurtre. Au Pérou, l'état d'urgence a été déclaré en mars dernier en raison d'une explosion des extorsions et enlèvements attribués à cette bande. En février, les États-Unis ont désigné plusieurs cartels latino-américains, dont le Tren de Aragua, comme organisations « terroristes mondiales » et procédé à des expulsions massives et arbitraires de Vénézuéliens accusés d'appartenir au gang, notamment vers le Salvador et sa fameuse prison de haute sécurité, le CECOT.
Qu'est-ce que le gang international vénézuélien du Tren de Aragua ?
Il y a dix ans, « tout commence par un groupe qui opère dans une prison. En fusionnant avec un autre, il prend possession d’un village, d’une zone industrielle et d’un lac. Aujourd’hui, c’est une organisation impliquée dans plus de 20 activités criminelles, du narcotrafic au trafic de migrants en passant par le secteur de la mine », et agissant dans huit pays latino-américains comme le Panama, le Chili, le Pérou, la Colombie ou encore le Brésil. C’est ainsi que la quatrième de couverture de El Tren de Aragua, le gang qui révolutionne le crime organisé en Amérique latine (éditions Dahbar, 2023) de Ronna Rísquez, décrit ce groupe criminel.
Le Tren de Aragua (Train de Aragua), auparavant « confiné dans les murs de la prison de Tocorón et largement inconnu en dehors de son État d'origine, Aragua, au Venezuela », constitue actuellement « l’une des menaces sécuritaires dont la croissance est la plus rapide en Amérique du Sud », juge InSight. Ce think tank spécialisé dans le crime organisé a consacré un rapport à ce groupe – Tren de Aragua : du gang carcéral à l’entreprise criminelle transnationale, paru en octobre 2023. Le groupe a commencé à se développer au-delà des frontières vénézuéliennes en 2018, peut-on lire dans le rapport. Et sa rapide expansion inquiète les autorités de la région.
Le Pérou, par exemple, a démantelé un réseau de proxénétisme en décembre 2023. Les victimes, une soixantaine, travaillaient toutes pour Los Hijos de Dios (les Fils de Dieu), une faction du Tren de Aragua, indique le ministère péruvien de l’Intérieur.
Le gang est aussi spécialisé dans l’extorsion et la traite d’êtres humains. Sur la route de l’exil des Vénézuéliens, le « Tren de Aragua propose des forfaits incluant hébergement et nourriture pendant tout le voyage », rapporte Insight Crime.
En septembre 2023, le ministre de l’Intérieur et de la Justice vénézuélien, Admiral Remigio Ceballos, annonçait le « démantèlement » de ce gang, après avoir repris le contrôle de la prison de Torocón, qui comprenait alors « une piscine, un zoo et des commerces », relate la journaliste Ronna Rísquez. Quelque mille des 11 000 policiers et militaires mobilisés pour cette opération ont perdu la vie, indique Caracas.
Le tentaculaire gang du Tren de Aragua, fort de plusieurs milliers de membres, inquiète. L’ex-procureur de la Cour pénale internationale entre 2003 et 2012, Luis Moreno Ocampo, estime, dans la préface du livre de Ronna Rísquez, que « les systèmes de sécurité, basés sur des hiérarchies nationales […] ne sont pas préparés pour faire face aux réseaux criminels qui traversent les frontières ».
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