À la fin du XIXe siècle, l’Argentine est devenue une puissance économique grâce aux efforts conjugués de l’Angleterre et de la France.
Les uns ont fourni un chemin de fer et le fil de fer. Les autres ont conçu un navire, Le Frigorifique, dans lequel la viande pouvait être conservée à zéro degré.
Comme quoi le destin d’une nation tient à deux ou trois choses !
Le fil de fer a permis de clôturer de vastes estancias et d’y développer de bonnes races à viande. Fini le temps des vaches maigres qui couraient librement dans la Pampa et que les gauchos devaient rassembler à l’occasion de spectaculaires rodeos.
Pour profiter pleinement des opportunités offertes par le chemin de fer et le transport frigorifique, les Argentins ont dû repousser les frontières de leur pays.
Comment? En se lançant à la conquête de la Pampa. Autrement dit à la conquête de nouveaux pâturages.
La Pampa, c’est un océan d’herbe grand comme la moitié du Québec. Une immensité sans fin et sans relief. L’origine du mot Pampa est incertain. On pense qu’il veut dire «champ plat» en quecha, la langue des Incas.
Dans la Pampa, vivaient quelques milliers d’Indiens. Des Ranqueles, des Indiens de Pinzen et de Catriel, des Pampas et des Puelches.
Ces Indiens ont longtemps été une épine dans le pied des Argentins. Et ce, dès la découverte du Rio de la Plata par le navigateur espagnol Juan Diaz de Solis en 1515.
Il est vrai que ces Indiens n’étaient pas particulièrement reposants. Leur sport national, c’était la pratique du malon.
Juste avant l’aube, quand les gens dorment profondément, quelques dizaines de maloneros (cavaliers armés de lances et de boleadores) investissaient en hurlant un rancho ou un pueblo. Ils massacraient tout ce qu’il y avait à massacrer, pillaient tout ce qu’il y avait à piller puis repartaient en emmenant avec eux les femmes et les jeunes filles pour en faire des esclaves.
Ensuite, la chuzma entrait en action. La chuzma, ce sont les vieux, les femmes et les ados. Ils rassemblaient le bétail et les chevaux et les poussaient jusqu’à la tolderia. La tolderia, c’est le campement indien.
Voilà, c’était ça un malon.
Les autorités avaient beau faire, elles étaient incapables de pacifier la Pampa et empêcher les Indiens de se livrer à leur sport favori !
Les colons ont eu à subir le cauchemar de ces malons pendant plus de trois siècles. Retardant d’autant la mise en valeur du formidable potentiel agricole de la Pampa.
À la fin du XIXe siècle, les Argentins décidèrent d’en finir une fois pour toutes avec les Indiens. Comment ? En utilisant des armes américaines ayant fait leurs preuves pendant la Guerre de Sécession : la carabine Merrill, le fusil Remington, la mitrailleuse Gatling.
En moins de trois mois, à l’automne 1879, la minuscule armée argentine s’est emparée de la Pampa après avoir massacré ses habitants. Les quelques survivants ont été déportés dans des camps de concentration.
C’est cette sanglante page d’histoire que raconte Pierre Kalfon dans Pampa. Un roman historique dans lequel aventure et dépaysement sont au rendez-vous.
Un roman qui nous fait voir une autre Amérique. Une Amérique australe que nous connaissons mal.
Pierre Kalfon? Il se dit journaliste, écrivain, diplomate et spécialiste de l’Amérique latine. Excusez du peu !
En fait, cet homme est un touche-à-tout. Un humaniste dans la plus pure tradition française.
Diplômé de lettres et de sciences politiques, Pierre Kalfon a dirigé l’Alliance française en Argentine, avant d’aller enseigner à l’Université du Chili à Santiago. Là, en septembre 1973, il a été témoin du coup d’État militaire contre Allende.
Il en a rendu compte dans Le Monde et Le Nouvel Observateur.
Plus tard, il a été conseiller culturel auprès du directeur général de l’Unesco à Paris puis chef de projet en Colombie, au Nicaragua et au Guatemala.
Après un court séjour à Rome comme attaché culturel à l’ambassade de France, il est retourné en Amérique latine à titre de conseiller culturel et scientifique à Montevideo et à Santiago du Chili.
Il est l’auteur de plusieurs ouvrages remarqués : Allende, Chili 1970-1973, Che, Ernesto Guevara une légende du siècle, Les Amériques latines en France et Argentine.
Il a aussi collaboré à la production de deux films documentaires : El Che et Le dernier combat de Salvador Allende.
Le point de départ de Pampa est un fait divers qui a défrayé la chronique, à l’époque, et dont Jules Verne s’inspira dans Les enfants du capitaine Grant.
Comme quoi le destin d’une nation tient à deux ou trois choses !
Le fil de fer a permis de clôturer de vastes estancias et d’y développer de bonnes races à viande. Fini le temps des vaches maigres qui couraient librement dans la Pampa et que les gauchos devaient rassembler à l’occasion de spectaculaires rodeos.
Pour profiter pleinement des opportunités offertes par le chemin de fer et le transport frigorifique, les Argentins ont dû repousser les frontières de leur pays.
Comment? En se lançant à la conquête de la Pampa. Autrement dit à la conquête de nouveaux pâturages.
La Pampa, c’est un océan d’herbe grand comme la moitié du Québec. Une immensité sans fin et sans relief. L’origine du mot Pampa est incertain. On pense qu’il veut dire «champ plat» en quecha, la langue des Incas.
Dans la Pampa, vivaient quelques milliers d’Indiens. Des Ranqueles, des Indiens de Pinzen et de Catriel, des Pampas et des Puelches.
Ces Indiens ont longtemps été une épine dans le pied des Argentins. Et ce, dès la découverte du Rio de la Plata par le navigateur espagnol Juan Diaz de Solis en 1515.
Il est vrai que ces Indiens n’étaient pas particulièrement reposants. Leur sport national, c’était la pratique du malon.
Juste avant l’aube, quand les gens dorment profondément, quelques dizaines de maloneros (cavaliers armés de lances et de boleadores) investissaient en hurlant un rancho ou un pueblo. Ils massacraient tout ce qu’il y avait à massacrer, pillaient tout ce qu’il y avait à piller puis repartaient en emmenant avec eux les femmes et les jeunes filles pour en faire des esclaves.
Ensuite, la chuzma entrait en action. La chuzma, ce sont les vieux, les femmes et les ados. Ils rassemblaient le bétail et les chevaux et les poussaient jusqu’à la tolderia. La tolderia, c’est le campement indien.
Voilà, c’était ça un malon.
Les autorités avaient beau faire, elles étaient incapables de pacifier la Pampa et empêcher les Indiens de se livrer à leur sport favori !
Les colons ont eu à subir le cauchemar de ces malons pendant plus de trois siècles. Retardant d’autant la mise en valeur du formidable potentiel agricole de la Pampa.
À la fin du XIXe siècle, les Argentins décidèrent d’en finir une fois pour toutes avec les Indiens. Comment ? En utilisant des armes américaines ayant fait leurs preuves pendant la Guerre de Sécession : la carabine Merrill, le fusil Remington, la mitrailleuse Gatling.
En moins de trois mois, à l’automne 1879, la minuscule armée argentine s’est emparée de la Pampa après avoir massacré ses habitants. Les quelques survivants ont été déportés dans des camps de concentration.
C’est cette sanglante page d’histoire que raconte Pierre Kalfon dans Pampa. Un roman historique dans lequel aventure et dépaysement sont au rendez-vous.
Un roman qui nous fait voir une autre Amérique. Une Amérique australe que nous connaissons mal.
Pierre Kalfon? Il se dit journaliste, écrivain, diplomate et spécialiste de l’Amérique latine. Excusez du peu !
En fait, cet homme est un touche-à-tout. Un humaniste dans la plus pure tradition française.
Diplômé de lettres et de sciences politiques, Pierre Kalfon a dirigé l’Alliance française en Argentine, avant d’aller enseigner à l’Université du Chili à Santiago. Là, en septembre 1973, il a été témoin du coup d’État militaire contre Allende.
Il en a rendu compte dans Le Monde et Le Nouvel Observateur.
Plus tard, il a été conseiller culturel auprès du directeur général de l’Unesco à Paris puis chef de projet en Colombie, au Nicaragua et au Guatemala.
Après un court séjour à Rome comme attaché culturel à l’ambassade de France, il est retourné en Amérique latine à titre de conseiller culturel et scientifique à Montevideo et à Santiago du Chili.
Il est l’auteur de plusieurs ouvrages remarqués : Allende, Chili 1970-1973, Che, Ernesto Guevara une légende du siècle, Les Amériques latines en France et Argentine.
Il a aussi collaboré à la production de deux films documentaires : El Che et Le dernier combat de Salvador Allende.
Le point de départ de Pampa est un fait divers qui a défrayé la chronique, à l’époque, et dont Jules Verne s’inspira dans Les enfants du capitaine Grant.
Nous sommes en 1855. Un jeune Parisien de 24 ans, Auguste Guinnard, débarque à Buenos Ayres dans l’espoir d’y faire fortune.
En compagnie d’un Italien de son âge, Pierino Balberi, il décide de traverser la Pampa à pied.
Ils se mettent en route le 18 mai 1856. En mai, là-bas, c’est le début de l’hiver. Il pleut et il fait froid. Leur boussole se détraque et au lieu d’éviter les territoires indiens, ils s’y enfoncent profondément.
Non loin du Rio Colorado, ils rencontrent des Poyuches.
L’Italien succombe aux brutalités et le Français est fait prisonnier. Comme écrit l’auteur, «il plonge dans une barbarie insoupçonnée et la sauvagerie la plus cruelle».
Pendant trois ans et trois mois, Auguste Guinnard sera l’esclave d’un quacique indien. Il est nu, humilié, battu, à peine nourri. C’est un huinca, c’est-à-dire un chien de chrétien !
Un jour, son maître le vend à un autre chef indien, Calfoucoura. Celui-ci découvre que son esclave sait lire et écrire. C’est très utile et très précieux. Alors, il le traite avec ménagement. Il l’autorise même à avoir une liaison avec une de ses filles, Aïlen.
Mais Auguste Guinnard n’a qu’une obsession : s’évader.
Ce qu’il fera un soir alors que Calfoucoura et ses Salineros reviennent d’un malon et se saoûlent deux jours durant.
Cette avance lui suffira pour semer ses poursuivants. Après 13 nuits de marche et d’angoisse, il rejoindra enfin le village de Rio Quinto. Épuisé, las, mais sauf.
Son aventure sud-américaine s’arrêtera là. Il retourne en France.
Pierre Kalfon imagine une suite à cette anecdote.
Aïlen attend un bébé. Cet enfant, Douguinao, ressemble comme deux gouttes d’eau à son père : mêmes yeux bleus, mêmes cheveux blonds.
À l’âge de 10 ans, il est adopté par un officier argentin et confié à des Franciscains qui lui apprennent à lire et à écrire. Plus tard, son tuteur l’envoie étudier au collège militaire de Buenos Ayres. Il en sort avec le grade de sous-lieutemant et commence une carrière dans l’armée.
Deux événements surviennent : une, il fait la connaissance de son père, revenu en Argentine pour affaires ; deux, il retrouve sa mère, Aïlen, qu’il n’avait pas vue depuis une dizaine d’années.
Rencontres décisives. Il choisit alors son camp.
C’est un roman palpitant et fascinant. Dans lequel l’auteur se tient sur la corde raide : on ne sait plus trop qui des Indiens ou des Blancs sont les... sauvages !
PIERRE KALFON. Pampa. Seuil. 432 pages
En compagnie d’un Italien de son âge, Pierino Balberi, il décide de traverser la Pampa à pied.
Ils se mettent en route le 18 mai 1856. En mai, là-bas, c’est le début de l’hiver. Il pleut et il fait froid. Leur boussole se détraque et au lieu d’éviter les territoires indiens, ils s’y enfoncent profondément.
Non loin du Rio Colorado, ils rencontrent des Poyuches.
L’Italien succombe aux brutalités et le Français est fait prisonnier. Comme écrit l’auteur, «il plonge dans une barbarie insoupçonnée et la sauvagerie la plus cruelle».
Pendant trois ans et trois mois, Auguste Guinnard sera l’esclave d’un quacique indien. Il est nu, humilié, battu, à peine nourri. C’est un huinca, c’est-à-dire un chien de chrétien !
Un jour, son maître le vend à un autre chef indien, Calfoucoura. Celui-ci découvre que son esclave sait lire et écrire. C’est très utile et très précieux. Alors, il le traite avec ménagement. Il l’autorise même à avoir une liaison avec une de ses filles, Aïlen.
Mais Auguste Guinnard n’a qu’une obsession : s’évader.
Ce qu’il fera un soir alors que Calfoucoura et ses Salineros reviennent d’un malon et se saoûlent deux jours durant.
Cette avance lui suffira pour semer ses poursuivants. Après 13 nuits de marche et d’angoisse, il rejoindra enfin le village de Rio Quinto. Épuisé, las, mais sauf.
Son aventure sud-américaine s’arrêtera là. Il retourne en France.
Pierre Kalfon imagine une suite à cette anecdote.
Aïlen attend un bébé. Cet enfant, Douguinao, ressemble comme deux gouttes d’eau à son père : mêmes yeux bleus, mêmes cheveux blonds.
À l’âge de 10 ans, il est adopté par un officier argentin et confié à des Franciscains qui lui apprennent à lire et à écrire. Plus tard, son tuteur l’envoie étudier au collège militaire de Buenos Ayres. Il en sort avec le grade de sous-lieutemant et commence une carrière dans l’armée.
Deux événements surviennent : une, il fait la connaissance de son père, revenu en Argentine pour affaires ; deux, il retrouve sa mère, Aïlen, qu’il n’avait pas vue depuis une dizaine d’années.
Rencontres décisives. Il choisit alors son camp.
C’est un roman palpitant et fascinant. Dans lequel l’auteur se tient sur la corde raide : on ne sait plus trop qui des Indiens ou des Blancs sont les... sauvages !
PIERRE KALFON. Pampa. Seuil. 432 pages