Première femme élue à la tête d’un pays sud-américain, en janvier 2006, la locataire du Palais de la Moneda ne convainc pas.
Après deux années à la tête du Chili, Michelle Bachelet serait-elle déjà "à bout de souffle"? Largement victorieuse le 15 janvier 2006, avec 53,5 % des voix, la présidente socialiste dégringole, dans les sondages, sous la barre des 40 %. Et suscite des critiques de moins en moins voilées, y compris au sein de la coalition gouvernementale.
Malgré plusieurs nouveaux programmes destinés à réduire la "fracture sociale", son bilan à mi-mandat déçoit. D’autant que la croissance ralentit et que l’inflation augmente. "Manque de sens politique" Dès les premiers mois, tout a mal commencé. En mai 2006, peu après son intronisation, des manifestations monstres de lycéens et de collégiens éclatent, à la surprise générale. Qualifié de "légitime" par la présidente, ce long mouvement social, centré sur la qualité de l’éducation, entraîne un premier remaniement ministériel, suivi d’un autre quelques mois plus tard. Depuis lors, la locataire du palais de la Moneda multiplie les maladresses.
"Ancienne ministre de la Santé, puis de la Défense, Michelle Bachelet n’a jamais occupé de charge élective avant de devenir présidente de la République, note l’analyste Oscar Godoy. Son manque de sens politique est évident. À chaque crise, elle répond par la formation d’une commission. Cela dégage une impression de naïveté et d’absence de programme politique." De fait, la coalition au pouvoir depuis la fin de la dictature, en 1990, est plus fragile que jamais. Avec la mort du général Pinochet, voilà un an, le principal facteur de cohésion entre socialistes, démocrates-chrétiens et radicaux a cessé d’exister. Alors que la présidentielle de janvier 2010 habite déjà les esprits, un institut de sondage a publié récemment une enquête qui fait mal : 55% des Chiliens préféreraient que le prochain président soit un homme…