José Aylwin Oyarzún, avocat. Photo de W. Painemal.
Une année s’achève et aucun progrès n’a été enregistré dans les relations entre l’État [chilien] et les peuples indigènes. Le Sénat n’a toujours pas ratifié la Convention 169 de l’Organisation internationale du travail (OIT), restée dans les cartons depuis 1991. Cette convention, qui reconnaît aux peuples indigènes des droits collectifs, tels la participation et l’autonomie, le droit à la terre, au territoire, et l’intéressement aux ressources naturelles, a déjà été ratifiée par 17 pays, dont 13 d’Amérique latine, et contribue à ouvrir des voies institutionnelles à la solution de conflits historiques.
Au-delà du plan juridique, l’État chilien a continué par sa politique à léser de différentes façons les droits collectifs et individuels des peuples indigènes. Le gouvernement a notamment maintenu son soutien aux projets d’investissement qui ont été lancés ou qui sont prévus par des entreprises privées, souvent transnationales, sur des territoires indigènes et auxquels s’opposent les communautés.
De même, la violence policière et la persécution judiciaire à l’encontre de communautés qui résistent à ces projets ou revendiquent leurs terres spoliées constituent toujours une politique d’État. Le cas de la communauté mapuche de Temucuicui, à Ercilla, qui revendique des terres ancestrales qui lui appartenaient, offre un exemple flagrant de cette politique. Tout comme en 2006, la communauté a fait en 2007 l’objet de plusieurs razzias, manœuvres qui visaient à la maintenir dans la terreur.
Plus de 17 ordres d’arrestation ont été prononcés à l’encontre de ses dirigeants pour divers délits, ce qui l’a paralysée. Faute de motifs valables, la justice a fini par innocenter le mois dernier deux de ces dirigeants mis en cause arbitrairement dans diverses affaires, mais cela n’a pas empêché ces derniers de purger de longues périodes de détention préventive. La détention prolongée d’une dizaine de dirigeants mapuche, arrêtés sous couvert de la législation antiterroriste pour des faits liés à des conflits terriens survenus dans les deux dernières années, constitue une infraction particulièrement grave.
Deux d’entre eux, qui se définissent, avec quelque raison, comme des prisonniers politiques mapuche, poursuivent depuis déjà [le 10 octobre 2007] une grève de la faim, pour réclamer leur libération et la démilitarisation des zones communautaires en conflit. Le silence du gouvernement – auquel s’ajoute celui de la presse et des secteurs du pouvoir – face à cette réalité dramatique est immoral.
L’État chilien reste sourd aussi bien aux revendications des Mapuches qu’aux rappels à l’ordre d’instances officielles comme la Commission des droits de l’homme de l’ONU. Celle-ci l’a exhorté, en mars dernier, à prendre diverses mesures : mettre fin aux violences policières, engager des consultations préalables aux projets d’investissement envisagés sur les territoires indigènes et modifier la loi antiterroriste afin d’assurer aux peuples indigènes le respect de leurs droits fondamentaux.
Dans ce contexte, il ne reste pas grand-chose à espérer pour 2008. S’il n’y a pas de la part de l’État une reconnaissance des peuples indigènes et un respect minimum de leurs droits, si aucune voie constitutionnelle ne s’ouvre pour empêcher et résoudre les conflits historiques et actuels qui impliquent ces communautés indigènes, le scénario le plus probable est celui d’une aggravation de ces conflits. C’est une réalité regrettable que ni le gouvernement ni l’opposition ne peuvent ignorer.
Pour le directeur de l’Observatoire chilien des droits indigènes, la situation des peuples indiens est plus préoccupante que jamais. L’État ne fait rien pour que leurs droits les plus élémentaires soient reconnus et respectés.
Une année s’achève et aucun progrès n’a été enregistré dans les relations entre l’État [chilien] et les peuples indigènes. Le Sénat n’a toujours pas ratifié la Convention 169 de l’Organisation internationale du travail (OIT), restée dans les cartons depuis 1991. Cette convention, qui reconnaît aux peuples indigènes des droits collectifs, tels la participation et l’autonomie, le droit à la terre, au territoire, et l’intéressement aux ressources naturelles, a déjà été ratifiée par 17 pays, dont 13 d’Amérique latine, et contribue à ouvrir des voies institutionnelles à la solution de conflits historiques.
Au-delà du plan juridique, l’État chilien a continué par sa politique à léser de différentes façons les droits collectifs et individuels des peuples indigènes. Le gouvernement a notamment maintenu son soutien aux projets d’investissement qui ont été lancés ou qui sont prévus par des entreprises privées, souvent transnationales, sur des territoires indigènes et auxquels s’opposent les communautés.
De même, la violence policière et la persécution judiciaire à l’encontre de communautés qui résistent à ces projets ou revendiquent leurs terres spoliées constituent toujours une politique d’État. Le cas de la communauté mapuche de Temucuicui, à Ercilla, qui revendique des terres ancestrales qui lui appartenaient, offre un exemple flagrant de cette politique. Tout comme en 2006, la communauté a fait en 2007 l’objet de plusieurs razzias, manœuvres qui visaient à la maintenir dans la terreur.
Plus de 17 ordres d’arrestation ont été prononcés à l’encontre de ses dirigeants pour divers délits, ce qui l’a paralysée. Faute de motifs valables, la justice a fini par innocenter le mois dernier deux de ces dirigeants mis en cause arbitrairement dans diverses affaires, mais cela n’a pas empêché ces derniers de purger de longues périodes de détention préventive. La détention prolongée d’une dizaine de dirigeants mapuche, arrêtés sous couvert de la législation antiterroriste pour des faits liés à des conflits terriens survenus dans les deux dernières années, constitue une infraction particulièrement grave.
Deux d’entre eux, qui se définissent, avec quelque raison, comme des prisonniers politiques mapuche, poursuivent depuis déjà [le 10 octobre 2007] une grève de la faim, pour réclamer leur libération et la démilitarisation des zones communautaires en conflit. Le silence du gouvernement – auquel s’ajoute celui de la presse et des secteurs du pouvoir – face à cette réalité dramatique est immoral.
L’État chilien reste sourd aussi bien aux revendications des Mapuches qu’aux rappels à l’ordre d’instances officielles comme la Commission des droits de l’homme de l’ONU. Celle-ci l’a exhorté, en mars dernier, à prendre diverses mesures : mettre fin aux violences policières, engager des consultations préalables aux projets d’investissement envisagés sur les territoires indigènes et modifier la loi antiterroriste afin d’assurer aux peuples indigènes le respect de leurs droits fondamentaux.
Dans ce contexte, il ne reste pas grand-chose à espérer pour 2008. S’il n’y a pas de la part de l’État une reconnaissance des peuples indigènes et un respect minimum de leurs droits, si aucune voie constitutionnelle ne s’ouvre pour empêcher et résoudre les conflits historiques et actuels qui impliquent ces communautés indigènes, le scénario le plus probable est celui d’une aggravation de ces conflits. C’est une réalité regrettable que ni le gouvernement ni l’opposition ne peuvent ignorer.
* Directeur de l’observatoire des droits indigènes.
José Aylwin*The Clinic