mardi, janvier 08, 2008

LA PLUS GRANDE RÉSERVE D’EAU POTABLE DU CHILI LAISSÉE SANS PROTECTION

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L’industrie minière est la principale menace pour les glaciers chiliens, devant le réchauffement climatique. L’article qui suit est une traduction de Tierramerica de juin 2007.
Le Chili possède de vastes réserves d’eau douce dans ses glaciers, mais manquent de lois pour les protéger. Les législateurs, les fermiers et les environnementalistes appellent à une nouvelle législation pour remplir ce manque.
Ces réserves sont des masses de glace perpétuelle, formées par l’accumulation de neige, qui s’écoule ensuite lentement au bas de la montagne, poussée par leur propre poids. Les glaciers des montagnes du Chili sont essentiels pour la stabilité de l’environnement et du climat, pour la population humaine, pour l’agriculture et pour la production d’électricité.
Au Chili, 1751 glaciers ont été identifiés, et ils s’étendent sur une superficie totale de 16860 kilomètres carrés, 65% de la surface de l’Amérique du Sud couverte par la neige (25000 km²). Mais, une superficie estimée à 5000km² n’a pas encore été explorée dans le pays.
Selon le Global Water Partnership (Partenariat Mondial de l’Eau), 77% des réserves mondiales d’eau douce est sous forme de glace aux pôles ou dans les glaciers. L’Amérique du Sud détient 28% de cette ressource gelée.
Le Global Outlook for Ice and Snow (Etat Mondial sur la Glace et la Neige), présenté le 4 juin par le Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE), confirme que les glaciers ont diminué partout dans le monde à cause du réchauffement climatique.
La majorité de la communauté scientifique estime que la principale raison du changement climatique est due à l’accumulation dans l’atmosphère des célèbres gaz à effet de serre prodiuts en grande partie par les activités humaines, comme lors de la combustion de carburants fossiles.
En 2000, une étude de l’université du Chili a démontré que 87% des 100 glaciers étudiés ont diminué à cause de l’augmentation des températures. Particulièrement préoccupante fut la réduction découverte dans les glaces de Patagonie, qui représente plus de 60% des glaciers de l’Amérique du Sud.
Mais au Chili les glaciers sont aussi menacés par les activités minières, particulièrement au nord du pays. On estime que les glaces des montagnes contribuent à plus de 60% des eaux des rivières durant les années sèches.
En avril, des officiels du gouvernement qui ont survolés trois glaciers dans la région du nord de l’Atacama (où il existe un problème complexe de ressource en eau) ont remarqué que des routes minières avaient été construites et des canaux d’irrigation creusés.
Selon la Direction Générale des Eaux (DGA), la rivière Copiapo, alimentée par ces glaciers, est surexploitée. Son approvisionnement moyen annuel est de 4000 litres par seconde, mais la demande est de 5500 litres par seconde.
L’écologiste Sara Larrain explique dans un entretien pour ce rapport que la protection des glaciers devenait urgente suite à l’acceptation initiale du projet controversé de la mine d’or d’Andeah à Pascua Lama, à la frontière entre le Chili et l’Argentine, par la multinationale canadienne Barrick Gold Corporation.
« Dans la première étude d’impact environnemental présenté par Minera Nevada, une filiale de Barrick, et approuvée en 2001, l’existence des (trois) glaciers n’était pas mentionnée, bien qu’ils soient localisés juste à côté du site minier, déclarait Sara Larrain, directrice de l’association non-gouvernementale Programme pour un Chili Durable (Sustainable Chile Program).
« Parce que des plaintes des communautés locales et d’associations non-gouvernementales ont été déposées, la compagnie a été forcée de présenter une nouvelle étude, où les glaciers ont bien été mentionnés et qui alimentent les systèmes d’irrigation des 70 000 modestes fermiers de la vallée Atacama’s Huasco, ajoute-t-elle.
Mais la nouvelle étude de Barrick propose de faire disparaître les glaciers Toro I, Toro II et Esperanza pour transformer ces sites en mines à ciel ouvert afin de récupérer l’or et l’agent qui y sont enfouis.
Quoique la construction soit prévue pour début septembre 2007, la DGA a déjà découvert des réductions significatives des glaciers, comme une conséquence du travail de forage préliminaire.
En mai 2006, cinq sénateurs (issus de la coalition au gouvernement et de l’opposition) ont présenté un projet de loi au Parlement sur l’évaluation et la protection des glaciers. La loi proposée continue toujours sa route dans les méandres législatifs.
Pendant ce temps, le Programme pour un Chili Durable et l’Association Nationale pour l’Agriculture (SNA) ont préparé une autre proposition de loi, avec des contributions par des agences publiques et des compagnies privées.
La Société Nationale des Mines l’a refusé, déclarant que la loi environnementale existante « fournissait des garanties suffisantes pour la protection des glaciers, et qu’il était préférable d’étudier le problème au cas par cas, selon le président de cette société, Luis Schmidt, au cours d’un entretien pour ce rapport.
En octobre, le projet de loi fut présenté à l’administration de la Présidente Michelle Bachelet avec l’intention d’obtenir son soutien. Si cela n’est pas possible, ses commanditaires demandent que le texte déjà présenté au Sénat soit rapidement amendé avec des ajouts provenant du projet de loi des fermiers et des écologistes.
Les deux propositions de loi établissent quelles sont les activités permises, celles qui sont restreintes et celles qui sont interdites sur les terres des glaciers. Ils proposent également la création d’un conseil national, avec des représentants du secteur public et privé, qui aura pour tâche la tenue d’un registre officiel de surveillance de l’état des glaciers ainsi que la préparation de normes pour leur conservation.
Sara Larrain croit que l’industrie minière (particulièrement la Corporation Nationale du Cuivre, une entreprise publique responsable de la plus grande part des revenus du Chili et accusée de détériorer un glacier dans la région centrale du pays) exerce une énorme pression pour contrer le projet de loi proposé par les ONG.
Le directeur de l’Observatoire Latino-Américain des Conflits Environnementaux, Lucio Cuenca, exprime ses craintes qu’une « mauvaise proposition de loi » finisse par passer, légalisant la destruction des glaciers chiliens.
Ce texte est issu d’une série d’articles sur le développement durable réalisée par l’IPS (Inter Press Service) et l’IFEJ (la Fédération Internationale des Journalistes Environnementaux).
Merci à Florian Delrue pour cette traduction

Sylvie CARDONA