dimanche, août 09, 2020

ABUS SEXUELS : DES LETTRES ALIMENTENT LA CONTROVERSE SUR LE FONDATEUR DU MOUVEMENT DE SCHOENSTATT

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PHOTO PATER KENTENICH

Les faits Après la révélation de documents expliquant la mise à l’écart du P. Josef Kentenich, fondateur du Mouvement de Schoenstatt, par des abus sexuels sur des religieuses, d’autres lettres datant des années 1980 indiquent que le cardinal Ratzinger, futur Benoît XVI, alors préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, était au courant.
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Début juillet, l’historienne allemande Alexandra von Teuffenbach, ancienne professeur à l’Université pontificale du Latran, avait retrouvé, dans les archives du pontificat de Pie XII ouvertes depuis mars dernier, un rapport prouvant des abus sexuels commis sur des religieuses par le père Josef Kentenich (1885-1968) et expliquant ainsi la mise à l’écart par le Vatican, de 1951 à 1965, du fondateur du Mouvement de Schoenstatt.

Jusqu’ici, les biographies officielles de ce prêtre allemand pallotin, fondateur en 1914 au lieu-dit de Schoenstatt, près de Coblence (Allemagne), du qui compte aujourd’hui 100 000 membres dans 42 pays dont 20 000 en Allemagne, ne mentionnaient pas ces informations. Elles insistaient surtout sur son opposition au nazisme et sa déportation à Dachau, et expliquaient que l’« exil » du père Kentenich (dans un couvent pallottin du Milwaukee, aux États-Unis) était dû à des «oppositions » contre un mouvement « dont la solidité et l’extension » engendraient « des jalousies».

« Protéger Schoenstatt dans son ensemble »


PHOTO HEMANAS DE MARIA DE SCHOENSTATT 
D’autres lettres datant des années 1980 et récemment découvertes montrent que le cardinal chilien Javier Errazuriz, président de l’Œuvre Schoenstatt de l’époque, et le cardinal Joseph Ratzinger, alors préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi (CDF), ont souvent échangé à propos du père Kentenich.


Selon l’agence de presse catholique allemande KNA, dans une lettre du 11 juillet 1983, le cardinal Errazuriz, archevêque émérite de Santiago du Chili depuis 2010, soutenait que le Vatican avait décidé, en octobre 1965, d’autoriser le fondateur de Schoenstatt à rentrer en Allemagne, ce qui, aux yeux de certains, avait été interprété comme une réhabilitation de facto.

Dans sa réponse du 15 novembre 1983, le cardinal Ratzinger traitait principalement du développement de Schoenstatt et mentionnait à peine le père Kentenich, si ce n’est pour préciser que les mesures prises à son encontre par Rome et son exil forcé avaient pour but « de protéger les idées religieuses du père Kentenich, de les appliquer au bien spirituel de l’Église et de protéger l’Œuvre dans son ensemble ainsi que les membres individuels de dangers possibles ».

Enquête interne


Le cardinal Ratzinger, qui deviendra plus tard le pape Benoît XVI, n’ayant pas donné de précisions quant à la décision du Vatican d’octobre 1965 de réhabiliter, ou non, le père Kentenich, il restait difficile de savoir si les accusations contre le fondateur de Schoenstatt ont été abandonnées à son retour en Allemagne. Cependant, une précédente lettre du cardinal Ratzinger de 1982, retrouvée il y a quelques jours, indique que le Vatican n’avait levé aucune décision antérieure sur « l’enseignement, les activités et la personne » du père Kentenich.

Mais il reste certain que le fondateur de Schoenstatt a été contraint de quitter l’Allemagne en 1951, à la suite d’une enquête menée, à la demande du Vatican, par le jésuite hollandais Sebastiaan Tromp. Celui-ci avait décrit un « environnement très sexualisé » autour du fondateur de Schoenstatt et avait alerté Rome du «grave abus de pouvoir de la part du fondateur au détriment des sœurs ». Le jésuite avait également retranscrit une lettre d’une sœur allemande, à l’époque au Chili, qui rapportait un abus sexuel commis par le père Kentenich.

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