FRANCISCO JOSE COX HUNEEUS |
Deux ans après avoir été renvoyé de l’état clérical par le pape, Francisco Jose Cox Huneeus, soupçonné d’agressions sexuelles sur mineurs, est mort à 86 ans, mercredi 12 août au Chili.
C’est par un communiqué du mouvement de Schoenstatt, dont il était membre, que l’on a appris le décès de Francisco Jose Cox Huneeus à 86 ans, au Chili, mercredi 12 août. Il est décédé des suites d’une « insuffisance respiratoire et multisystémique » et a été enterré le jour même, en présence de seulement quatre religieux de Schoenstatt.
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Cet ancien archevêque chilien, qui fut le premier évêque de Chillan (1975-1981) puis l’archevêque de La Serena (1990-1997), avait été renvoyé de l’état clérical par le pape argentin en février 2018, après une enquête menée par la Congrégation pour la doctrine de la foi (CDF).
Des allégations d’abus sexuels sur mineurs avaient été portées contre lui dans les deux diocèses chiliens où il avait été évêque, ainsi qu’en Allemagne, où il avait vécu entre 2002 et 2019. Mais il ne pourra plus jamais être jugé pour ces allégations.
Visite de Jean-Paul II au Chili
Francisco Cox avait travaillé, entre 1981 et 1990, à l’ancien Conseil pontifical pour la famille et avait été sollicité, en 1987, pour organiser la visite de Jean-Paul II au Chili, ce qui lui avait permis de devenir un proche du cardinal Angelo Sodano lorsque celui-ci était nonce au Chili (1977-1988).
De nombreux observateurs et victimes d’abus au Chili accusent le cardinal Sodano d’avoir été à l’origine de la « culture de la dissimulation » mise en cause par François dans sa lettre aux catholiques chiliens de mai 2018. Il aurait également longtemps protégé le fondateur des Légionnaires du Christ, Marcial Maciel, après être devenu secrétaire d’État du Vatican pendant les dernières années du pontificat de Jean-Paul II.
Le communiqué de Schoenstatt-Chili rappelle que «Francisco Cox a fait l’objet d’une enquête à caractère pénal à propos des abus sexuels qu’il aurait commis. C’est dans ce contexte que nous partageons intensément et profondément la douleur des victimes. Nous affirmons, déclare encore de communiqué, que toute situation d’abus va à l’encontre de notre mission et nous réitérons notre entière coopération avec la justice ».
Démission en 1997
Ce communiqué rappelle aussi que le pape François avait autorisé l’ancien archevêque, en raison de son âge, à rester un membre laïc de Schoenstatt afin que l’institut séculier continue de s’occuper de lui.
En fait, dès 1997, la démission de l’archevêque de La Serena, à 63 ans, avait été discrètement acceptée par le Vatican. Soit cinq ans après qu’un prêtre avait déposé plainte auprès de la Conférence épiscopale du Chili (CECH) en affirmant que Mgr Cox avait des relations sexuelles avec un jeune homme.
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Il continua pourtant d’assumer des tâches pour le Conseil épiscopal latino-américain (Celam) et pour le Vatican jusqu’en 2002, date à laquelle, à la demande de la Congrégation pour les évêques du Vatican, il commença à vivre « une vie de pénitence et de prière », d’abord en Suisse puis en Allemagne, dans le cadre du mouvement de Schoenstatt.
En 2002, le cardinal Francisco Javier Errazuriz, archevêque de Santiago du Chili et membre de Schoenstatt, avait qualifié les allégations contre Mgr Cox de « rumeurs ». Toutefois, quelques jours plus tard, il avait demandé pardon, dans une déclaration, à « ceux qui avaient été blessés par les actes de l’archevêque à la retraite ». Le cardinal Errazuriz fait aujourd’hui l’objet d’une enquête par les procureurs chiliens pour avoir couvert des prêtres prédateurs.