mercredi, avril 26, 2023

CHICO BUARQUE REÇOIT ENFIN LE PRIX CAMÕES POUR « LA BEAUTÉ DE SON ART »

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PHOTO PÚBLICO.PT

“Mon cher ami, pardonnez-moi ce retard…” C’est par ces mots que le président portugais, Marcelo Rebelo de Sousa, lors d’un temps fort de l’actuelle visite officielle de son homologue brésilien, Luiz Inácio Lula da Silva, au Portugal, a remis hier le prestigieux prix Camões à Francisco Buarque de Holanda, plus connu sous le nom de Chico Buarque.

Courrier international

UNE DU JOURNAL « PÚBLICO »

Le chanteur et romancier brésilien, qui fait la une tout sourire ce mardi de Público, aura dû attendre quatre ans cette cérémonie, “finalement chargée de symbole”, souligne le quotidien.

Ce prix littéraire, le plus important du monde lusophone, créé par le Portugal et le Brésil en 1988 et remis depuis lors à 33 écrivains brésiliens, portugais, angolais, mozambicains et cap-verdiens, Chico Buarque aurait dû le recevoir en 2019, l’année où il lui fut décerné. Problème : le président brésilien Jair Bolsonaro, dont il était un farouche opposant, avait refusé durant son mandat de signer le certificat du prix. La cérémonie, de fait, n’avait pu avoir lieu.

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“Une extraordinaire poésie”

Merci, Chico Buarque, pour toute la beauté de votre art”, titre finalement ce mardi le journal Público, reprenant les mots du président du jury, l’universitaire Manuel Frias Martins, lors de la remise du prix hier sous les ors du palais national de Queluz, à Lisbonne. Et ce dernier d’ajouter :

“Les poèmes de ses chansons sont des étreintes qui unissent les continents où la langue portugaise se fait entendre dans toute sa richesse et sa variété.”

Au-delà des chansons de Chico Buarque, qui appartenaient déjà au patrimoine lusophone (à l’image de Construção, voir la vidéo ci-dessous), le prix (doté de 100 000 euros) récompense aussi et surtout ses travaux littéraires, depuis sa première nouvelle, publiée en 1974, jusqu’à son dernier roman Essa Gente (Ces gens-là, traduit en février 2023 par Gallimard), en passant par ses pièces de théâtre. Une œuvre dans laquelle il “a transformé la vie quotidienne [brésilienne] en une extraordinaire poésie”, a souligné hier Lula.

Lors de son discours, Chico Buarque, 78 ans, marqué à gauche et connu pour s’être opposé à la dictature militaire au Brésil (1964-1985) au point d’être emprisonné, a eu cette phrase à l’endroit de Bolsonaro, son ancien adversaire d’extrême droite et nostalgique de cette période :

En cet après-midi de fête, je me console en me rappelant qu’il a eu la rare finesse de ne pas salir le certificat de mon prix Camões, en laissant son espace vide pour la signature de notre président Lula.

Tout un symbole, ce prix lui a été remis la veille du 25 avril, jour commémoratif de la “révolution des œillets” et de la fin de la dictature au Portugal.