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LA MINISTRE CHILIENNE DU TRAVAIL, JEANNETTE JARA,
ET DES MINISTRES APRÈS L'ADOPTION D'UN PROJET DE
LOI RÉDUISANT LE TEMPS DE TRAVAIL HEBDOMADAIRE,
À VALPARAISO, LE 11 AVRIL 2023.
PHOTO RODRIGO GARRIDO / REUTERS
Le Chili passe à la semaine de 40 heures, « ça fait partie de cette idée que tout ne tourne pas autour du travail » / La mesure, relancée par le président Gabriel Boric (gauche) a été approuvée à l’unanimité par le Sénat et par une ample majorité à la chambre basse.
Par Flora Genoux (Buenos Aires, correspondante)
Temps de Lecture 3 min.
PHOTO ARIANA CUBILLOS / AP |
« Que vaut une chanson [à son enfant] le soir ? Que vaut sortir marcher, respirer, après une journée de travail ? (…) Que vaut passer du temps en famille ou seul, à réfléchir ? Cela n’entre sûrement pas dans les indices standardisés de productivité. » Depuis le palais présidentiel, le 23 août 2022, le président Gabriel Boric (gauche) relançait une mesure visant à réduire le temps de travail à 40 heures hebdomadaires, à salaire égal, contre 45 actuellement. Une promesse de campagne du plus jeune président de l’histoire du pays, 37 ans actuellement, ouvrant la voie à ce changement culturel au Chili : le travail ne doit pas être l’unique gouvernail d’une vie.
Mardi 11 avril, les députés ont adopté la modification du temps de travail, à une large majorité, après une adoption à l’unanimité par le Sénat, le 21 mars. Le fruit d’un dialogue et d’une coopération rares entre les partis, tandis que le Congrès est régulièrement le théâtre de tensions, se soldant parfois par des revers pour le gouvernement, à l’instar du rejet de sa réforme fiscale, le 8 mars. Ce sont au total près de 5 millions de travailleurs, du secteur privé, qui sont concernés. Les employés du secteur public, pour qui régissent les 44 heures hebdomadaires, doivent faire l’objet d’un projet de loi à part. Quant aux 27 % de travailleurs évoluant dans l’informalité, ils demeurent logiquement dans un angle mort.
KAROL CARIOLA LA DÉPUTÉE PCCh ET CAMILA VALLEJO, PORTE-PAROLE DU GOUVERNEMENT PHOTO RAUL ZAMORA / ATON CHILE |
Le texte n’était pas nouveau. Il avait été présenté pour la première fois au Parlement en 2017, à l’initiative de Camila Vallejo, porte-parole du gouvernement, et de la députée du Parti communiste (PCCh) Karol Cariola. Mais sa discussion n’avait pas abouti, se heurtant à l’opposition des parlementaires de droite.
Profond processus de dialogue social
La nouvelle mouture introduit notamment la notion de gradualité, avec une semaine de 44 heures la première année, 42 heures la troisième et 40 heures la cinquième année. Un ensemble de professions bénéficie d’une application souple. Les chauffeurs routiers par exemple, peuvent travailler davantage mais compensent les heures additionnelles par des jours de récupération pendant l’année. En outre, la loi permet une concentration des heures de travail, selon un schéma de quatre jours travaillés pour trois jours de repos.
La discussion du texte au Parlement a été précédée d’un profond processus de dialogue social. Dès juin 2022, trois mois après l’arrivée au pouvoir du nouveau gouvernement, un espace de discussion a été lancé avec des rencontres dans différentes régions du pays. Les experts, partenaires sociaux, universitaires et organismes spécialisés étaient appelés à avancer leurs observations, afin d’apporter des modifications au texte.
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