mardi, août 29, 2023

MORT DE GUILLERMO TELLIER, PRÉSIDENT DU PARTI COMMUNISTE CHILIEN

Mort de Guillermo Tellier, président du Parti communiste chilien/   Prisonnier sous Pinochet, membre de la direction clandestine du Parti communiste chilien (PCCh), député, Guillermo Teillier, est décédé ce mardi.
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Le président du Parti communiste chilien Guillermo Teillier est décédé mardi 29 août, à l’âge de 79 ans. Il avait rejoint la Jeunesse communiste en 1958. Fait prisonnier après le putsch d’Augusto Pinochet, il avait été libéré en 1976. Il avait alors participé à la direction clandestine du parti et joué un rôle dans la guérilla contre la dictature militaire.

Trois fois député après 2010, Guillermo Teillier avait pris la tête du parti en 2005, à la suite du décès de la dirigeante Gladys Marin. Le PCCh auquel il a donné sa vie a salué son rôle de « stratège pour la consolidation des forces populaires et de gauche et d’homme d’État ».

Le président de gauche, Gabriel Boric a salué mardi un « camarade qui a lutté toute sa vie, un homme indispensable. Un visionnaire qui a ouvert la voie aux femmes. Un visionnaire qui a ouvert la voie aux femmes et aux nouvelles générations ». Il a décrété un deuil national.

GUILLERMO LEÓN TEILLIER DEL VALLE

Nous republions ici l’entretien qu’il nous avait accordé en 2013. Déjà, il appelait à une Constituante pour sortir des institutions héritées de la dictature d’Augusto Pinochet.

Avec six autres formations, le Parti communiste du Chili (PCCh) est membre de la Nouvelle Majorité, dont la candidate à la présidence est Michelle Bachelet. Pourquoi la création d’une telle alliance ?

Le premier objectif est de mettre en échec la droite, et ainsi contenir son projet néolibéral, conservateur et restrictif. Le deuxième objectif est de créer une dynamique populaire pour qu’un nouveau gouvernement soit capable de porter un programme de réformes et de lois structurelles : le changement de la Constitution imposée par Pinochet en 1980, un système d’éducation gratuit et de qualité, ainsi qu’une profonde réforme fiscale pour financer l’éducation, l’amélioration du système de santé, les petites retraites et les politiques sociales en général.

Changer la Constitution implique, entre autres, que l’État garantisse des droits aux personnes, notamment le droit des peuples originaires, la décentralisation du système administratif de l’État, le changement du système binominal et la réaffirmation de la souveraineté sur nos richesses naturelles…

Notre programme comprend des mesures qui assurent l’égalité entre femmes et hommes, ou encore la préservation de l’environnement qui paraît si contradictoire avec le besoin de renforcer une politique énergétique vitale au développement du pays. Il faut établir de nouveaux droits pour les travailleurs, comme celui à la syndicalisation et à la négociation collective. Notre projet répond aux demandes sociales exprimées dans les luttes, celles des jeunes et des travailleurs. C’était là notre troisième objectif.

En quoi la Nouvelle Majorité se démarque-t-elle de la Concertation, très critiquée après ses seize années de pouvoir ?

La Nouvelle Majorité n’est pas l’ex-Concertation. Elle correspond à un nouveau cycle de la vie politique du pays, et Michelle Bachelet l’a compris. L’action de la Concertation est critiquée. Nous aussi, nous la critiquons et nous n’avons aucun problème à le dire.

Mais l’important aujourd’hui, c’est notre unité dans la diversité et notre engagement à concrétiser notre programme dont le contenu dépasse largement les propositions avancées ces vingt dernières années. Pour la première fois depuis longtemps, le pays va se prononcer sur deux modèles opposés – néolibéralisme ou démocratie –, déterminants pour le futur.

Cette Alliance a-t-elle vocation à se pérenniser ?

Oui. L’intention est d’initier un nouveau cycle de transformations. Quatre ans de mandat présidentiel ne seront pas suffisants. Si nous maintenons et fortifions cette convergence politique, si le programme se concrétise, nous pourrons compter avec l’appui populaire pour aller de l’avant.

Justement, comment concrétiser ce programme dans l’actuel cadre institutionnel ?

La méthode sera identique à celle qui a prévalu pour notre programme, c’est-à-dire un travail d’unité et de participation populaire. Qui décide en ultime ressort, c’est la souveraineté, celle du peuple. S’agissant de la Constitution, cela dépend des résultats qu’obtiendront ceux qui veulent la changer et ceux qui s’y accrochent coûte que coûte. Le peuple veut une nouvelle Constitution.

S’y opposer serait antidémocratique. Le sentiment majoritaire doit prévaloir. Si une majorité parlementaire peut rompre avec les quorums établis par la dictature, alors le processus pourra s’initier au Parlement. Mais, quoi qu’il en soit, il y aura un plébiscite informé et contraignant. Le Parlement peut également demander à l’exécutif d’approuver une assemblée constituante.

Concernant le Parti communiste, quels résultats attendez-vous ?

Les communistes sont entrés au Parlement il y a à peine quatre ans, avec trois députés (en raison du système électoral – NDLR). Nous présentons neuf candidats au Parlement et un sénateur. Nous espérons obtenir entre cinq et sept parlementaires, parmi lesquels figureraient des figures du mouvement étudiant comme Camila Vallejo et Karol Cariola, ou encore le dirigeant syndical du cuivre, Cristian Cuevas.

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Nous avons joué un rôle important dans la mobilisation sociale qui a précédé ce nouveau moment politique, tout comme nous nous sommes engagés dans le travail unitaire qui a contribué à former la Nouvelle Majorité. Nous continuerons à agir sur ces deux tableaux.

LE PRÉSIDENT DU PARTI COMMUNISTE CHILIEN
 EST MORT LE 29 AOÛT 2019, À L'ÂGE DE 79 ANS.
PHOTO AFP