mercredi, avril 12, 2023

LE CHILI PASSE À LA SEMAINE DE 40 HEURES, « ÇA FAIT PARTIE DE CETTE IDÉE QUE TOUT NE TOURNE PAS AUTOUR DU TRAVAIL »

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 LA MINISTRE CHILIENNE DU TRAVAIL, JEANNETTE JARA,
ET DES MINISTRES APRÈS L'ADOPTION D'UN PROJET DE
LOI RÉDUISANT LE TEMPS DE TRAVAIL HEBDOMADAIRE,
À VALPARAISO, LE 11 AVRIL 2023.
PHOTO RODRIGO GARRIDO / REUTERS

Le Chili passe à la semaine de 40 heures, « ça fait partie de cette idée que tout ne tourne pas autour du travail » / 
La mesure, relancée par le président Gabriel Boric (gauche) a été approuvée à l’unanimité par le Sénat et par une ample majorité à la chambre basse.

Par Flora Genoux (Buenos Aires, correspondante)

Temps de Lecture 3 min.

PHOTO ARIANA CUBILLOS / AP

« Que vaut une chanson [à son enfant] le soir ? Que vaut sortir marcher, respirer, après une journée de travail ? (…) Que vaut passer du temps en famille ou seul, à réfléchir ? Cela n’entre sûrement pas dans les indices standardisés de productivité. » Depuis le palais présidentiel, le 23 août 2022, le président Gabriel Boric (gauche) relançait une mesure visant à réduire le temps de travail à 40 heures hebdomadaires, à salaire égal, contre 45 actuellement. Une promesse de campagne du plus jeune président de l’histoire du pays, 37 ans actuellement, ouvrant la voie à ce changement culturel au Chili : le travail ne doit pas être l’unique gouvernail d’une vie.

C'EST ASSEZ RARE POUR ÊTRE SOULIGNÉ. /
ON VOIT RAREMENT DEUX COMMUNISTES
MME LA DÉPUTÉE KAROL CARIOLA PCCh ET
 CAMILA VALLEJO, PORTE-PAROLE DU GOUVERNEMENT  
SOURIRE EN COUVERTURE D'« EL MERCURIO ». 

du 12 avril 2023

Mardi 11 avril, les députés ont adopté la modification du temps de travail, à une large majorité, après une adoption à l’unanimité par le Sénat, le 21 mars. Le fruit d’un dialogue et d’une coopération rares entre les partis, tandis que le Congrès est régulièrement le théâtre de tensions, se soldant parfois par des revers pour le gouvernement, à l’instar du rejet de sa réforme fiscale, le 8 mars. Ce sont au total près de 5 millions de travailleurs, du secteur privé, qui sont concernés. Les employés du secteur public, pour qui régissent les 44 heures hebdomadaires, doivent faire l’objet d’un projet de loi à part. Quant aux 27 % de travailleurs évoluant dans l’informalité, ils demeurent logiquement dans un angle mort.

 KAROL CARIOLA LA DÉPUTÉE PCCh  ET CAMILA VALLEJO,
PORTE-PAROLE DU GOUVERNEMENT  
PHOTO  RAUL ZAMORA / ATON CHILE

Le texte n’était pas nouveau. Il avait été présenté pour la première fois au Parlement en 2017, à l’initiative de Camila Vallejo, porte-parole du gouvernement, et de la députée du Parti communiste (PCCh) Karol Cariola. Mais sa discussion n’avait pas abouti, se heurtant à l’opposition des parlementaires de droite.

Profond processus de dialogue social

La nouvelle mouture introduit notamment la notion de gradualité, avec une semaine de 44 heures la première année, 42 heures la troisième et 40 heures la cinquième année. Un ensemble de professions bénéficie d’une application souple. Les chauffeurs routiers par exemple, peuvent travailler davantage mais compensent les heures additionnelles par des jours de récupération pendant l’année. En outre, la loi permet une concentration des heures de travail, selon un schéma de quatre jours travaillés pour trois jours de repos.

La discussion du texte au Parlement a été précédée d’un profond processus de dialogue social. Dès juin 2022, trois mois après l’arrivée au pouvoir du nouveau gouvernement, un espace de discussion a été lancé avec des rencontres dans différentes régions du pays. Les experts, partenaires sociaux, universitaires et organismes spécialisés étaient appelés à avancer leurs observations, afin d’apporter des modifications au texte.

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C'EST ASSEZ RARE POUR ÊTRE SOULIGNÉ. /
ON VOIT RAREMENT DEUX COMMUNISTES
MME 
LA DÉPUTÉE KAROL CARIOLA PCCh 
ET CAMILA VALLEJO, PORTE-PAROLE DU GOUVERNEMENT  
SOURIRE EN COUVERTURE D'« EL MERCURIO ». 

du 12 avril 2023
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LE CHILI PASSE À LA SEMAINE DE 40 HEURES, CONTRE 48 HEURES MAJORITAIREMENT EN AMÉRIQUE LATINE

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LE PRÉSIDENT CHILIEN, GABRIEL BORIC, LORS DE SA PRÉSENTATION
DE LA RÉFORME DU TRAVAIL, LE 23 AOÛT 2022.
PHOTO IVAN ALVARADO/REUTERS 
Le Chili passe à la semaine de 40 heures, contre 48 heures majoritairement en Amérique latine / Le président Gabriel Boric s'est félicité de pouvoir «enfin célébrer (...) un projet profamille qui vise de meilleures conditions de vie pour tous».

Par Le Figaro avec l'AFP

Le parlement chilien a définitivement adopté mardi une loi de réduction du temps de travail de 45 à 40 heures hebdomadaires, qui sera mise en œuvre progressivement au cours des cinq prochaines années. Le Chili rejoint ainsi l'Équateur, seul autre pays d'Amérique latine où la semaine de travail est de 40 heures. Elle est de 48 heures en Argentine, Bolivie, Colombie, Costa Rica, Mexique, Nicaragua, Panama, Paraguay ou encore au Pérou. Et de 44 heures au Brésil. 

► À lire aussi :   FACE À LA MONTÉE DE LA VIOLENCE, LE CHILI DURCIT SA POLITIQUE VIS-À-VIS DES ÉTRANGERS

Selon l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), l'Amérique latine est l'une des régions du monde où le temps de travail annuel est le plus important et où l'économie informelle est la plus élevée. Au Chili, 27,3% de la main-d’œuvre officie dans le secteur informel, c'est-à-dire non déclaré et donc non soumis à l'impôt.

Le président de gauche Gabriel Boric s'est félicité sur Twitter de pouvoir «enfin célébrer (...) un projet profamille qui vise de meilleures conditions de vie pour tous». Selon lui «des améliorations telles que les #40Heures sont indispensables pour nous rapprocher d'un nouveau Chili, plus juste, et d'une vie plus épanouie». Le projet de loi, qui avait déjà été voté par le Sénat, a été approuvé par la Chambre des députés par 127 voix pour, 14 contre et 3 abstentions. La nouvelle loi, qui doit être promulguée par le président Boric, sera mise en œuvre progressivement. D'ici un an, la semaine de travail sera abaissée à 44 heures, puis 42 heures au cours de la troisième année de mise en œuvre, et enfin 40 heures au bout de cinq ans, sans réduction de salaire.

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mardi, avril 11, 2023

FACE À LA MONTÉE DE LA VIOLENCE, LE CHILI DURCIT SA POLITIQUE VIS-À-VIS DES ÉTRANGERS

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AU CHILI, 85% DES GENS PENSENT QUE L’INSÉCURITÉ
A AUGMENTÉ DANS LE PAYS CES DOUZE DERNIERS MOIS.
PHOTO FRANCISCO PAREDES / NURPHOTO

Face à une montée de la violence et une augmentation des homicides, le parquet national chilien pointe du doigt les étrangers. Désormais, les procureurs demanderont la détention préventive systématique pour les étrangers sans papiers arrêtés par la police.

Article rédigé par franceinfo

Radio France

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«FACE À LA MONTÉE DE LA VIOLENCE, LE CHILI 
DURCIT SA POLITIQUE VIS-À-VIS DES ÉTRANGERS»
 PAR NAÏLA DERROISNÉ
DIFFUSION  MARDI 14 AVRIL 2023
« RACISTE» 

Le gouvernement chilien de gauche emmené par Gabriel Boric, pour qui la thématique sécuritaire n’était pas une priorité, a dû revoir son agenda. Au Chili, 85% des gens pensent que l’insécurité a augmenté dans le pays entre avril 2022 et avril 2023. Selon les statistiques du ministère de l'Intérieur, les vols avec violence et les homicides sont en effet en augmentation

25 % des inculpés au Chili sont des étrangers

Depuis plusieurs mois, déjà, la population s'inquiète face à ces épisodes répétés de violence. À la télévision et sur les réseaux sociaux, des vidéos sortent régulièrement, où l'on entend, par exemple, des coups de feu et voit des assaillants prendre la fuite lors d'un braquage dans un centre commercial. À l'échelle nationale, il y a également une augmentation du nombre d'homicides.

"Les homicides se concentrent dans des quartiers où il y a une détérioration économique. Historiquement, il était commis à l'arme blanche, mais l'utilisation d'armes à feu a augmenté d'environ 40 % au Chili."

Claudio Gonzalez, spécialiste en sécurité publique à la faculté de gouvernement de l'Université du Chili à franceinfo

Ces dernières semaines, la tension est encore montée d’un cran avec la mort de trois policiers, en moins d’un mois, tués dans l’exercice de leur fonction. Pour deux d'entre eux, les principaux suspects sont de nationalité étrangère.

Le parquet national a annoncé il y a quelques jours un nouveau procédé qui fait débat. À Santiago, les procureurs demanderont désormais la détention préventive systématique pour les étrangers sans papiers arrêtés par la police. Car, selon l'institution, 25 % des inculpés au Chili sont des étrangers et la moitié n'a pas de papiers, ce qui, selon les procureurs, complique leur identification ainsi que les poursuites judiciaires.

Risque de dérives xénophobes

Depuis quelques années, le Chili est confronté à une arrivée massive de migrants, et cela a des conséquences. Claudio Gonzalez, spécialiste en sécurité publique à la faculté de gouvernement de l'Université du Chili, pointe notamment du doigt le manque de régulation et de contrôle aux frontières. "Ca a permis à beaucoup de criminels d'entrer au Chili sans être détectés par le système", explique-t-il, avant de préciser qu'"il serait tout de même irresponsable de parler d'un lien direct entre criminalité et immigration, car c'est le chemin vers la xénophobie et nous en sommes très proches".

Le gouvernement, très bas dans les sondages, a dû revoir ses priorités : il a annoncé toute une batterie de mesures pour lutter contre la criminalité. Et le président a aussi promulgué une loi qui établit la présomption de légitime défense pour les forces de l'ordre, ce qui inquiète déjà certaines organisations de défense des droits de l'homme.

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lundi, avril 10, 2023

LE DALAÏ-LAMA PRÉSENTE SES EXCUSES POUR AVOIR DEMANDÉ À UN JEUNE GARÇON DE LUI «SUCER LA LANGUE»

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DESSIN ALEN LAUZÁN

Dans une vidéo, le Dalaï-Lama, 87 ans, tire la langue à l'enfant manifestement décontenancé. Des internautes ont qualifié son attitude de «dégoûtante» et d'«absolument malsaine».

Par Le Figaro avec l'AFP

LA VIDÉO A ÉTÉ TOURNÉE LE 28 FÉVRIER,
LORS D’UNE AUDIENCE  DALAÏ-LAMA
À MCLEOD GANJ, EN BANLIEUE
DE DHARAMSALA, DANS LE
NORD DE L’INDE, OÙ IL VIT EN EXIL -
CAPTURE D’ÉCRAN

Le Dalaï-Lama, chef spirituel tibétain, a présenté ses excuses lundi à un petit garçon pour lui avoir demandé de lui «sucer la langue», il y a quelques semaines à l'occasion d'une audience dont une vidéo a émergé sur les réseaux sociaux en émoi.

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«Sa Sainteté souhaite présenter ses excuses au garçon et à sa famille, ainsi qu'à ses nombreux amis à travers le monde, pour la peine que ses paroles ont pu causer», indique un communiqué publié sur son compte Twitter officiel.

«Sa Sainteté taquine souvent les personnes qu'elle rencontre de manière innocente et ludique, même en public et devant les caméras. Il regrette cet incident.»

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Dans une vidéo de l'incident, devenue virale, le Dalaï-Lama, 87 ans, tire la langue à l'enfant manifestement décontenancé, juste après lui avoir demandé : «peux-tu me sucer la langue ?», déclenchant l'hilarité de l'assemblée. La vidéo a été tournée le 28 février, lors d'une audience Dalaï-Lama à McLeod Ganj, en banlieue de Dharamsala, dans le nord de l'Inde, où il vit en exil depuis l'échec du soulèvement tibétain de 1951 contre le pouvoir chinois. Des internautes ont qualifié son attitude de «dégoûtante» et d'«absolument malsaine».

En 2019, le Dalaï-Lama avait présenté ses excuses pour avoir déclaré que si une femme devait lui succéder, il lui faudrait être «séduisante».

Ces propos, tenus dans un entretien à la BBC, avaient fait polémique.

Le Dalaï-Lama incarne universellement le mouvement pour l'autonomie du Tibet, mais l'aura internationale dont il a bénéficié en recevant le prix Nobel de la paix en 1989 s'est flétrie et le déluge d'invitations que lui adressaient dirigeants, personnalités et stars de toute la planète s'est beaucoup réduit.

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UNE LOI CONTROVERSÉE SUR LA SÉCURITÉ ENTRE EN VIGUEUR AU CHILI

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Santiago du Chili, 10 avril 2023. La loi controversée Nain-Retamal, qui élargit les pouvoirs des forces de sécurité chiliennes en matière d'utilisation des armes, a été rendue publique au Journal officiel et est entrée en vigueur à l'issue d'un processus législatif rapide.

Prensa Latina 

Le texte crée le concept de "légitime défense privilégiée" qui accorde des avantages procéduraux aux carabiniers, enquêteurs ou membres des forces armées lorsqu'ils tirent si, à leur avis, leur vie et leur intégrité physique ou celles de tiers sont en danger.

Diverses organisations, dont le syndicat des travailleurs de l'Institut national des droits de l'homme, ont averti que cette loi encourageait un niveau d'impunité très élevé et créait un scénario dans lequel les victimes de violations de leurs droits étaient laissées sans justice.

Ils rappellent également les actions des carabiniers lors des troubles sociaux de 2019, au cours desquels de nombreuses personnes sont mortes, des centaines ont subi des blessures graves avec des conséquences permanentes, telles que la perte de la vue, et des milliers ont été détenues arbitrairement.

L'initiative controversée, aujourd'hui transformée en loi, a été discutée et approuvée en un temps record dans les chambres des sénateurs et des députés après la mort en service du sous-officier Rita Olivares.

Alors qu'elle était déjà au sein du gouvernement, un autre carabinier, le caporal Daniel Palma, a été abattu de deux balles au visage, ce qui a conduit à sa promulgation rapide avant même que plusieurs objections à son contenu n'aient été envoyées à la Cour constitutionnelle.

Outre le projet de loi Nain-Retamal, plusieurs amendements au code pénal visant à alourdir les peines dans les cas d'enlèvement sont également entrés en vigueur, de même que la création du délit d'extorsion.

Cette semaine, les sénateurs et les députés doivent examiner d'autres textes législatifs relatifs à la sécurité, notamment un texte visant à poursuivre et à punir les meurtres sous contrat. jcc/ro/car/eam


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dimanche, avril 09, 2023

NO COMMENT : LES ANIMAUX D'UN ZOO CHILIEN À LA RECHERCHE DES ŒUFS DE PÂQUE

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 LES ANIMAUX D'UN ZOO CHILIEN À
LA RECHERCHE DES ŒUFS DE PÂQUE
No Comment : les animaux d'un zoo chilien à la recherche des œufs de Pâques / Les animaux du zoo Buin de Santiago ont participé à une chasse aux œufs colorés remplis de friandises le dimanche de Pâques. :

Des pandas roux, des léopards des neiges et des lémuriens ont notamment reçu une friandise spéciale dans le plus grand zoo privé du Chili. Les œufs de Pâques proviennent d'autruches collectées tout au long de l'année. Ils sont peints avec un colorant non toxique et remplis d'aliments nutritifs.

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samedi, avril 08, 2023

AU CHILI, LES ÉTRANGERS DANS LE VISEUR DES AUTORITÉS FACE À LA HAUSSE DE LA CRIMINALITÉ

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UN HOMME BRANDIT UNE PANCARTE REPRÉSENTANT LE GÉNÉRAL
PINOCHET, SUR LAQUELLE EST INSCRIT : « NOUS VOULONS L'ORDRE »,
LORS D'UNE MANIFESTATION ORGANISÉE APRÈS LE MEURTRE
DE L'OFFICIER DE POLICE DANIEL PALMA, SUR LA PLACE BAQUEDANO
À SANTIAGO DU CHILI, LE JEUDI 6 AVRIL 2023.

PHOTO ESTEBAN FELIX
Après la mort de trois policiers en un mois, le gouvernement de Gabriel Boric, pour qui la thématique sécuritaire n’était pas une priorité, a dû revoir son agenda. Toute une batterie de mesures a été annoncée pour faire face à l’augmentation de la violence dans le pays. Et certaines visent les étrangers. [Crise migratoire sur fond de xénophobie.]

Avec notre correspondante à Santiago du Chili, Naïla Derroisné

Au Chili, en moins d’un mois, trois policiers ont été tués dans l’exercice de leurs fonctions. C’est inhabituel dans ce pays d’Amérique latine. L’un a été renversé par une voiture et les deux autres sont morts après s’être fait tirer dessus. Dans deux de ces trois cas, les présumés coupables ne sont pas Chiliens. 

Quelques heures après la mort du troisième policier, les médias ont largement diffusé la photo de deux suspects recherchés, d’origine étrangère. Dans la foulée, le parquet a annoncé que désormais, à Santiago, les procureurs demanderont la mise en détention préventive systématique pour les étrangers sans papiers arrêtés par la police. Un procédé inédit. 

Depuis quelque temps déjà, le Chili fait face à une arrivée massive de migrants, souvent entrés de manière illégale dans le pays. « Le Chili a été soumis à un processus migratoire très intense, commente Claudio González, directeur du centre d’études en sécurité publique, à la faculté de gouvernement de l’Université du Chili. La première chose, c'est que les migrants qui arrivent dans le pays ne sont pas intégrés par la société chilienne. Il y a donc une ségrégation sociale et cela génère des conflits et de la délinquance. »

Crime et délits en hausse

Selon un organe gouvernemental de prévention de la criminalité, en 2022, les homicides ont augmenté de 33,4% par rapport à l'année précédente, ce qui représente la deuxième plus forte variation en Amérique latine après l'Équateur, où ils ont augmenté de plus de 80%. D'après plusieurs sondages, la délinquance est la principale préoccupation des Chiliens.

Le chercheur pointe aussi du doigt le manque de régulation et de contrôles aux frontières. « Ça a permis que beaucoup de bandes organisées entrent au Chili sans qu’elles soient captées par le système, souligne-t-il. Mais il serait quand même irresponsable de parler d’un lien direct entre criminalité et immigration car c’est le chemin vers la xénophobie et nous en sommes très proches. »

Selon le parquet national, 25% des inculpés au Chili sont des étrangers, et la moitié n’a pas de papiers, ce qui, selon les procureurs, complique leur identification ainsi que les poursuites judiciaires. 


La « loi de la gâchette facile » pour les forces de l'ordre adoptée

Les forces de l'ordre au Chili jouiront désormais d'une « présomption de légitime défense » en vertu d'un texte surnommé par ses détracteurs « loi de la gâchette facile » adopté mercredi par le Parlement.

L'assassinat la semaine dernière d'une sergente des carabiniers, Rita Olivares, criblée de balles alors qu'elle sortait de son véhicule de service, a accéléré l'adoption de cette loi. Le texte prévoit qu'un militaire ou policier faisant usage de son arme de service bénéficiera d'une présomption de légitime défense, qui ne sera levée que si une enquête démontre qu'il a mal agi. « Ce projet de loi prévoit que lorsqu'un policier utilise une arme en cas de légitime défense, ou pour défendre un tiers parce que sa vie est en danger, il sera présumé que le policier aura agi conformément aux principes professionnels, mais une enquête peut démontrer le contraire », a expliqué la ministre de l'Intérieur Carolina Toha.

« Des policiers sont morts pour que ce projet de loi voie le jour. (...) Protéger notre police, lui donner plus de pouvoirs, c'est redonner de l'espoir aux Chiliens », a fait valoir de son côté le député de l'opposition Andrés Longton, auteur du projet de loi.

Le projet original a été critiqué par des experts en droit pénal et par les Nations unies. « Elle n'est pas conforme au droit international en matière de droits humains », a relevé Jan Jarab, référent de l'ONU en matière de droits humains pour l'Amérique du Sud. Certaines dispositions controversées ont été éliminées au cours de l'examen parlementaire, comme celle qui prévoyait d'autoriser les policiers à utiliser leur arme à feu quand ils sont attaqués par au moins deux personnes désarmées.  (Avec AFP)

vendredi, avril 07, 2023

CHILI : UNE LOI SUR LA LÉGITIME DÉFENSE DES POLICIERS FORTEMENT CRITIQUÉE

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LE 9 MARS 2023, DES AFFRONTEMENTS ONT ÉCLATÉ À SANTIAGO,
AU CHILI, ENTRE LA POLICE ET DES ÉTUDIANTS LORS D'UNE
MANIFESTATION DÉNONÇANT LE PROGRAMME ÉDUCATIF DU GOUVERNEMENT,
JUGÉ INSUFFISANT ET DE MOINS EN MOINS ACCESSIBLE DANS UN PAYS
EN PROIE À DE FORTES INÉGALITÉS SOCIALES.
PHOTO MARTIN BERNETTI/AFP

Chili : une loi sur la légitime défense des policiers fortement critiquée Les forces de l’ordre du Chili jouiront désormais d’une « présomption de légitime défense » en cas d’usage d’arme à feu, selon un projet de loi adopté mercredi 5 avril par le Parlement. Dans un contexte de montée de l’insécurité, l’ONU s’inquiète de son impact sur le respect des droits de l’homme.  

par Mathys Vallée 

Lecture en 2 min.

Adoptée par le Parlement chilien le 5 avril 2023, une nouvelle loi octroie aux « carabiniers » – terme qui désigne des forces de l’ordre au Chili – la présomption de légitime défense en cas d’usage d’une arme à feu.

Seule une enquête pourra lever cette protection juridique. L’opposition de droite a porté ce texte, soutenue par une partie de la gauche et du centre. Surnommée « loi de la gâchette facile » par ses détracteurs, sa véritable appellation n’est pas moins anodine : loi Naín-Retamal, des noms de deux carabiniers tués dans l’exercice de leurs fonctions en 2020 et 2022. Comme l’indique le média chilien Cooperativa, il s’agit d’une fusion du projet de loi Naín, qui alourdit les peines pour les délits commis contre des carabiniers, et de la loi Retamal, qui renforce la légitime défense.

« Un grave recul en matière de droits humains »

Dans un communiqué du 30 mars, Amnesty International alerte sur le risque d’une probable augmentation des violences policières et de « l’impunité » qu’introduira l’adoption de ce nouveau texte. Rodrigo Bustos, directeur d’Amnesty International Chili, dénonce un « grave recul en matière de droits humains », et une réponse « opportuniste » face à la montée de l’insécurité dans le pays. Les homicides y ont augmenté de 65 % depuis 2010, selon le ministère de l’intérieur. L’ONG s’inquiète quant au respect du principe d’usage proportionné de la force.

L’ONU a également réagi face à la loi Naín-Retamal. Dans un tweet, le représentant aux droits de l’homme en Amérique du Sud, Jan Jarab, a appelé les autorités à « modifier certains aspects » du projet de loi, afin qu’il soit conforme à ses « obligations en matière de droit de l’homme ».

Hausse des homicides de 33 %

Au Chili, les homicides ont augmenté de 33 % en 2022 par rapport à l’année précédente, selon un organe de prévention de la criminalité du gouvernement. La délinquance est devenue la principale préoccupation de la population, indiquent plusieurs sondages récents, et le gouvernement de coalition des gauches de Gabriel Boric ne semble pas en mesure de trouver la solution pour enrayer cette hausse.

« Cette loi marque un nouveau climat politique, avec une question sécuritaire de plus en plus centrale », analyse Christophe Ventura, directeur de recherches à l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris), et auteur de Géopolitique de l’Amérique latine (Eyrolles). La droite chilienne, solidement implantée localement, se « constitue une base électorale sur ces thématiques (sécuritaires) », ajoute-t-il.

« Base arrière » du narcotrafic

Selon Christophe Ventura, on assiste plus globalement à une « mexicanisation » de l’Amérique latine. Les phénomènes de criminalité et de narcotrafic ne se cantonnent plus à l’Amérique centrale, ils s’étendent vers le Sud. Le Chili, en particulier, est devenu une « base arrière » pour les cartels qui se sont, depuis quelques années, délocalisés et régionalisés.

Élu en mars 2022, le gouvernement Boric a été fragilisé dès septembre de la même année par le rejet de sa proposition de nouvelle Constitution. L’adoption de la loi sur la présomption de légitime défense, portée par l’opposition de droite, vient sanctionner la difficulté du gouvernement à faire appliquer sa politique sociale face à la problématique de la montée de l’insécurité.


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mercredi, avril 05, 2023

DU CHILI AU BRÉSIL, LES SYNDICATS AU DÉFI DE LA NOUVELLE GAUCHE

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ÉMEUTES À SANTIAGO LE LENDEMAIN DU REJET
PAR LE PARLEMENT D'UNE RÉFORME FISCALE
DESTINÉE À FINANCER LES PRINCIPALES MESURES
SOCIALES DU NOUVEAU PRÉSIDENT, LE 09/03/23
PHOTO MARTIN BERNETTI ©AFP - 

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SÉRIE « SYNDICATS DE TOUS LES PAYS... »
DU CHILI AU BRÉSIL, LES SYNDICATS 
AU DÉFI DE LA NOUVELLE GAUCHE 
 « CULTURES MONDE .. » PAR JULIE GACON. 
LES ENJEUX CONTEMPORAINS SELON 
LES PAYS ET LES RÉGIONS DU MONDE.
DIFFUSION MERCREDI 5 AVRIL 2023
Épisode 3/4 : Du Chili au Brésil, les syndicats au défi de la nouvelle gauche
avec l'arrivée au pouvoir d'un président de gauche le 11 mars 2022, le syndicalisme chilien peut compter sur une oreille plus attentive à ses revendications dans un pays imprégné par des décennies de libéralisme. Un an plus tard, la baisse du temps de travail hebdomadaire est une première victoire.
mercredi 5 avril 2023

58 min
À propos de la série
Alors qu’en France les syndicats sont en première ligne de la mobilisation contre la réforme des retraites, une série pour voir comment, dans le reste du monde se portent, s’organisent et se réinventent et les mouvements syndicaux.

Organisation très puissantes au XXème siècle, les syndicats, partout dans le monde, ont pâti de la diffusion des thèses néolibérales depuis les années 1980. Pourtant, l’actualité récente à montré qu’ils continuent, dans de nombreux pays, à jouer un rôle de premier plan dans la vie sociale et démocratique. Au Royaume-Uni, comme dans beaucoup d’autres pays européens, l’inflation record a provoqué un regain majeur des mouvements sociaux. En Tunisie, l'UGTT demeure un contre-pouvoir de premier plan face au président Kaïs Saïed et ses pratiques d’autocrates. Au Chili et au Brésil, les représentants des travailleurs redéfinissent leur relation vis-à-vis des partis de gauche, peut-être vers plus d’autonomie. Enfin, en Inde, une mobilisation paysanne sans précédent est parvenue à faire plier le gouvernement.


mardi, avril 04, 2023

DES ŒUFS DE PÂQUES GÉANTS APPARAISSENT DANS UN PARC AU CHILI

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DES ŒUFS DE PÂQUES GÉANTS
APPARAISSENT DANS UN PARC AU CHILI


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KameraOne mar. 4 avril 2023 
Un parc de Santiago, au Chili, se prépare déjà pour Pâques. Lundi, une dizaine d'artistes ont peint sur des œufs géants. Les enfants risquent de trouver la chasse aux œufs plutôt facile cette année.


MAQUI DU CHILI (ARISTOTELIA CHILENSIS), AUX BAIES NOIRES COMESTIBLES

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SES BRANCHES ROUGEÂTRES, FINES, SOUPLES, FLEXIBLES,
SONT TRÈS RAMIFIÉES ET LUI CONFÈRENT UN PORT
ÉRIGÉ ET ÉVASÉ À LA FOIS, COMME UN BUISSON.
PHOTO PATRICIO NOVOA QUEZADA
Maqui du Chili (Aristotelia chilensis), aux baies noires comestibles / Le maqui du Chili (Aristotelia chilensis) ou macqui du Chili, également appelé raisin du Chili, aristotélie chilienne, ronce du Chili ou queldón notamment, est un petit arbuste dioïque originaire des lisières de forêts de la Cordilière des Andes au Chili. Sa rusticité (-10°C) lui permet d'être cultivé sous nos latitudes.

Binette & Jardin

Les feuilles persistantes, lustrées, de 10 à 12cm de long, ovales, alternes ou presque opposées, finement dentées, arborent un beau vert foncé, avec un pétiole rouge.

Les fleurs minuscules (0,5cm de diamètre), blanc jaunâtre à blanc verdâtre, regroupées en cymes, s'épanouissent en mai. Leur nectar attire papillons et abeilles

En associant des pieds mâles avec des pieds femelles, ces derniers porteront des fruits après fécondation des fleurs, qui seront suivies de fruits sphériques pourpres virant au noir à maturité. Ces baies charnues de 0,5cm de diamètre environ, contenant des graines, sont rassemblées en grappes. Leur goût sucré et acidulé attire les oiseaux qui s'en régalent et contribuent à la dispersion de leurs graines.

Les drupes sont aussi comestibles et recherchées pour leurs propriétés antioxydantes exceptionnelles dépassant les baies de goji grâce à leur teneur élevée en anthocyanes et en polyphénols. En phytothérapie sud-américaine, les baies de macqui du Chili, également riches en fer, potassium, vitamines B et C, sont connues pour avoir des propriétés anti-inflammatoires, soigner les maux de gorge, les diarrhées, les céphalées, la fièvre... Les amérindiens Mapuches utilisaient aussi les feuilles et les rameaux pour leurs vertus médicinales fortifiantes.

Famille : Eleocarpacées

Type : arbuste fruitier persistant

Origine : Chili

Couleur : fleurs blanchâtres, baies violet foncé presque noir

Semis : oui

Bouture : oui

Plantation : printemps ou automne

Floraison : mai

Récolte : été

Hauteur : 3 à 4 m (3 m d'étalement)

Sol et exposition idéals pour le maqui du Chili

Le raisin du Chili se cultive en situation ensoleillée ou à mi-ombre dans un sol riche en matière organique, frais, humide et bien drainé, mais surtout pas calcaire. Il tolère les vents de bord de mer qui lui apportent l'humidité dont il a besoin, mais ailleurs il a besoin d'être abrité des vents froids qui renforcent les gelées printanières fatales pour les fleurs.

Date de semis, de bouturage et de plantation du maqui du Chili

C'est au printemps que vous sèmerez les graines, en pot, sous châssis froid.

En automne, vous pourrez vous lancer dans des boutures semi-ligneuses.

La plantation peut se programmer indifféremment au printemps ou en automne.

Conseil d’entretien et de culture du macqui du Chili

L'entretien de l'aristotélie chilienne se limite, au niveau taille, à supprimer, en fin d'hiver, les rameaux abimés, morts ou enchevêtrés.

Récolte, conservation et utilisation du raisin du Chili

Les baies noires de maqui du Chili, au goût de mûre mêlé à celui de la framboise, se récoltent au cours de l'été, elles se consomment fraiches, cuites ou séchées puis réduites en poudre.

Elles servent à préparer des jus, des sirops, des liqueurs, du vin, de la chicha (boisson traditionnelle du Chili), des confitures, des glaces et sorbets.

Maladies, ravageurs et parasites du raisin du Chili

Le maqui du Chili n'est pas sensible aux maladies ni aux attaques de parasites ou de ravageurs quelconques.

PHOTO PATRICIO NOVOA QUEZADA

Emplacement et association favorable du queldón

C'est une plante qui se cultive en isolé, en massif arbustif, dans une haie fruitière ou libre ou en gros pot pour orner balcon, terrasse ou véranda.

Espèces et variétés conseillées d'Aristotelia pour planter au jardin

Le genre Aristotelia compte 5 espèces dont le maqui du Chili (Aristotelia chilensis) qui est arrivé en Europe au milieu du XIXème siècle grâce au botaniste passionné du Chili, Claude Gay. Cette espèce se décline en une variété de taille moins imposante et au feuillage panaché de crème, Aristotelia chilensis 'Variegata'.

(crédit photos : Patricio Novoa Quezada - CC BY 2.0)


samedi, avril 01, 2023

CHILI. LE PROJET DE LOI SUR LA LÉGITIME DÉFENSE POURRAIT AUGMENTER LES VIOLENCES POLICIÈRES ET L’IMPUNITÉ POUR CES CRIMES

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 PHOTO MARCELO BENITEZ / GETTY IMAGES

Chili. Le projet de loi sur la légitime défense pourrait augmenter les violences policières et l’impunité pour ces crimes / L’adoption du projet de loi sur la légitime défense, connu sous le nom de Loi Nain Retamal, qui alourdit les peines pour les infractions contre les membres de la police nationale, de la police judiciaire et de la gendarmerie et inscrit la légitime défense dans les procédures relatives au recours à la force, aurait de graves conséquences pour les droits humains, a déclaré Amnesty International le 30 mars 2023. [LOI « GÂCHETTE FACILE »]

par Amnesty International 

« Bien qu’il soit important de prendre des mesures pour le renforcement des forces de police et la prévention de la criminalité dans le pays, un problème si complexe doit être abordé avec sérieux et responsabilité, en se fondant sur les normes internationales en matière de droits humains. Loin de résoudre les problèmes structurels, clairement mis en exergue par la crise de 2019, auxquels font face les membres de la police nationale, la procédure d’examen accélérée du “projet Nain Retamal” est une réponse opportuniste, qui entraînerait un grave recul en matière de droits humains », a déclaré Rodrigo Bustos, directeur d’Amnesty International Chili.

Amnesty International considère qu’il est indispensable que le Sénat rectifie cette erreur et que le gouvernement respecte ses engagements et intègre les modifications nécessaires pour pallier les insuffisances du projet dans la Chambre haute. Créer une sorte de présomption légale en faveur des membres de la police, même lorsque des atteintes aux droits humains peuvent avoir été commises, est très dangereux.

Dans sa forme actuelle, le projet Nain Retamal approuve un recours disproportionné à la force, bafouant les principes de nécessité et de proportionnalité et la jurisprudence internationale en la matière établie tant par les organes conventionnels des Nations Unies que par le système interaméricain des droits humains. De plus, la nouvelle disposition sur la légitime défense peut limiter l’exercice des garanties judiciaires pour les victimes d’atteintes aux droits humains, car la formulation employée dans le projet de loi est très ambigüe et privilégie l’interprétation subjective du responsable de l’application des lois impliqué dans les faits pour établir la validité de la légitime défense.

« Les autorités chiliennes semblent avoir oublié que pour protéger efficacement tant la population que les forces de police, une réforme complète de la police nationale peut être envisagée. En faisant fi des besoins réels de transformation de l’institution, elles passeraient à côté d’une occasion historique, née des souffrances infligées à des milliers de personnes pendant le soulèvement social », a déclaré Erika Guevara-Rosas, directrice pour les Amériques à Amnesty International.

L’extrême rapidité de la procédure législative pour ce projet de loi s’inscrit dans le contexte des homicides de deux policiers ; des crimes graves qu’Amnesty International condamne et qui doivent faire l’objet d’enquêtes et être sanctionnés. Cependant, les tentatives de renforcement de la sécurité publique ne doivent en aucun cas menacer les droits humains, et les deux points de vue doivent être intégrés à la discussion.

Les autorités chiliennes semblent avoir oublié que pour protéger efficacement tant la population que les forces de police, une réforme complète de la police nationale peut être envisagée.

Erika Guevara-Rosas, directrice pour les Amériques à Amnesty International

D’autre part, l’argument selon lequel l’adoption de ce projet de loi améliorera la sécurité est faux, car cela augmentera au contraire les risques de violences policières et d’atteintes aux droits humains, ainsi que l’impunité pour ces agissements. Bien que des mécanismes assurant la protection des responsables de l’application des lois soient en effet nécessaires, ils doivent toutefois être fondés sur la protection des droits humains, afin d’établir des limites claires et de fournir au personnel des instruments adaptés pour mener à bien son travail.

Après les graves atteintes aux droits humains généralisées commises dans le cadre du soulèvement social par des membres de la police nationale, un consensus s’est dégagé quant à la nécessité d’une réforme complète de la police, et le gouvernement y avait manifesté son soutien. Cependant, plus de trois ans après les manifestations de masse, les avancées en la matière sont minimes. Une réforme policière doit couvrir, entre autres, la préparation, les ressources et outils adaptés pour le recours à la force, les cas dans lesquels une force proportionnelle et progressive est nécessaire, et la responsabilité hiérarchique pour les conséquences des interventions. Elle doit, par ailleurs, prévoir un plus grand contrôle civil et une mise à jour des protocoles, qui doivent être axés sur le respect des droits humains.

« Au titre de la Loi Nain Retamal qui risque d’être adoptée, les atteintes aux droits humains et crimes de droit international, comme ceux commis pendant le soulèvement social, pourraient se reproduire de manière plus régulière et avec moins de possibilités de sanctions pour ces agissements, car la disposition relative à la “légitime défense” renverse la charge de la preuve, la faisant peser sur la victime, qui doit prouver que cette exonération n’est pas applicable. Nous demandons instamment aux autorités de réfléchir et de prendre les mesures nécessaires pour veiller à ce que la Loi Nain Retamal ne soit pas une source d’impunité et de violences et de s’engager à mener une réforme complète de l’institution policière, comme l’avait promis l’exécutif dans son programme gouvernemental », a déclaré Rodrigo Bustos.


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