lundi, juillet 06, 2020

AU CHILI, LE VIRUS FREINE LES AVORTEMENTS

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 DES MILITANTS POUR LA DÉPÉNALISATION DE L'AVORTEMENT
LORS D'UNE MANIFESTATION À SANTIAGO AU CHILI

PHOTO MARTIN BERNETTI. AFP 
Pandémie rime avec pénurie de pilule abortive. Le prix du médicament, très utilisé par les Chiliennes, flambe sur le marché noir.
L’angoisse de Clara a pris fin il y a deux semaines. L’enseignante de 27 ans a avorté chez elle, au milieu de la nuit, après avoir déposé sous sa langue douze pilules de Misoprostol. J’ai eu beaucoup de mal à me procurer le médicament, raconte-t-elle. Depuis mai, le Chili fait face à une pénurie de cet antiulcéreux, utilisé depuis des décennies pour des avortements médicamenteux autoadministrés.
MISE À JOUR LE  07 07 2020
Partiellement dépénalisée en 2017, l’Interruption volontaire de grossesses (IVG) reste limitée au Chili aux cas de risque vital pour la mère, de non-viabilité du fœtus ou de viol, soit 500 par ans. À comparer à quelque 120 000 avortements « clandestins », la plupart à l’aide de Misoprostol. Sauf que son commerce, illégal, a été rendu encore plus compliqué avec la fermeture des frontières, le 18 mars, pour cause de Covid-19.

J’ai acheté du “Miso” sur Internet, reprend Clara, mais le colis a été saisi par la douane. L’institutrice s’est tournée vers Facebook. Dans le maquis des annonces parfois douteuses, elle a réussi à s’en procurer in extremis. J’étais enceinte de presque treize semaines, la limite pour avorter…

Le Misoprostol a flambé sur le marché noir, passant de 80 000 pesos (86 €) la boîte à plus de 300 000 (325 €), soit le revenu mensuel moyen… Cette pénurie affecte d’abord les femmes sans emploi ou à faibles revenus, explique Dominique Truan, gynécologue et directrice de l’ONG Miles. Elles ont des difficultés d’accès aux contraceptifs et, une fois enceinte, elles ne peuvent pas débourser ces sommes délirantes. Miles craint une hausse de la mortalité maternelle.

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PHOTO MARTIN BERNETTI / AFP
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