lundi, mars 29, 2021

COVID-19 : LA PANDÉMIE RETARDE UNE ÉCHÉANCE HISTORIQUE AU CHILI

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PHOTO LA CROIX
Analyse. Confronté à une hausse rapide des contagions, le président Sebastian Pinera a annoncé, dimanche 28 mars, le report des élections prévues les 10 et 11 avril pour élire une assemblée constituante. Ceux qui seront élus les 15 et 16 mai écriront la nouvelle Constitution, appelée à remplacer celle d’Augusto Pinochet.

par Gilles Biassette (à Santiago),  

PROPAGANDE ÉLECTORALE 

« N'AYEZ PAS PEUR
»

Depuis quelques jours, la pression se faisait de plus en plus forte sur le palais de la Moneda : face à une aggravation soudaine de la pandémie ayant exigé, samedi 27 mars, le reconfinement de plus de 80 % de la population chilienne, de nombreuses voix s’élevaient pour demander le report des élections constitutionnelles prévues les 10 et 11 avril. Alors qu’une réunion était programmée lundi au Congrès, le président Sebastian Piñera a pris les devants : après avoir réuni son équipe dimanche, il a annoncé le report de cinq semaines de ce rendez-vous électoral très attendu.

Un rendez-vous historique très attendu

Si cette décision doit encore recevoir le feu vert des élus, susceptible d’être donné dès lundi, il ne devrait s’agir que d’une formalité. « Ce président si impopulaire ne peut pas prendre la décision de reporter ces élections réclamées par le Chili sans s’être assuré auparavant de l’existence d’un accord politique », estime Cristian Gutiérrez, ancien numéro 2 du ministère de l’environnement sous Michelle Bachelet.

Car le Chili attend ce rendez-vous historique – destiné à élire l’Assemblée qui rédigera une nouvelle Constitution, en lieu et place du texte de 1980, legs de la dictature d’Augusto Pinochet toujours en vigueur aujourd’hui – depuis au moins octobre 2019 : le pays sud-américain, bon élève de la mondialisation, avait alors surpris la planète en s’embrasant pour exiger la remise à plat d’un modèle économique et social faisant la part belle au privé dans des domaines aussi essentiels que, par exemple, l’éducation, la retraite ou encore la santé.

« Pas pour 30 pesos, mais pour 30 années »

Si c’est une hausse du ticket de métro qui avait mis le feu aux poudres, un slogan avait résumé la frustration de la population chilienne, descendue en masse dans la rue le 25 octobre 2020 : « Pas pour 30 pesos, mais pour trente années », allusion aux trois décennies écoulées depuis la fin de la dictature. Trois décennies qui avaient vu le pays sortir de la pauvreté, mais sans remettre en cause un système régulièrement dénoncé comme très inégalitaire, et protégé par la Constitution de 1980.

Aujourd’hui, près de 1 400 personnes, dont de nombreux candidats indépendants issus de la société civile, se disputent les 155 sièges que comptera la future Assemblée constituante, avec deux particularités : la parité sera garantie, et 17 sièges sur 155 sont réservés à des représentants des dix peuples autochtones que compte le pays.

Pour un « nouveau Chili »

Tout est sur la table, puisqu’il ne s’agit pas de modifier la Constitution de 1980, mais bien d’en écrire une nouvelle. Pendant la campagne électorale consacrée à ce « nouveau Chili », on parle du droit des minorités, du droit à l’eau. Il est aussi question d’un État plurinational, d’inscrire dans la nouvelle Constitution la défense de l’environnement…

Mais les Chiliens devront encore patienter. La pandémie a chamboulé le calendrier électoral, après avoir retardé de six mois le référendum remporté haut la main par les partisans d’une nouvelle Constitution, avec près de 80 % de « oui ». « C’est la meilleure décision pour les Chiliens », a déclaré dimanche Sebastian Piñera pour justifier sa décision, évoquant le besoin de « protéger la santé des Chiliens » et celle «de la démocratie ».

Une pandémie à nouveau virulente

Si une campagne de vaccination particulièrement efficace a déjà permis d’injecter 9,6 millions de doses (le Chili compte environ 19 millions d’habitants), la pandémie est à nouveau très virulente. Plus de 7 000 nouveaux cas positifs sont enregistrés chaque jour – du jamais-vu – et le taux d’occupation des lits en soins intensifs dépasse 95 %.

Dans ces conditions, maintenir à la date initiale ce «super-rendez-vous électoral » – qui verra aussi gouverneurs, maires et conseillers municipaux remettre en jeu leurs mandats – semblait périlleux. Selon le président, les mesures de confinement auront, à la mi-mai, produit leurs effets, comme la campagne de vaccination. Sebastian Piñera estime que la moitié de la population aura alors reçu au moins une dose.

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L’Assemblée constituante verra le jour en mai

Les élections portant sur la désignation des 155 membres de la future Assemblée constituante, chargée de rédiger la future Constitution du pays, se tiendront finalement les 15 et 16 mai, sous réserve de l’approbation des deux tiers du Congrès.

La parité sera garantie au sein de cette Constituante, et les représentants des dix peuples autochtones du pays se verront réserver 17 des 155 sièges.

Fin octobre 2020, les Chiliens avaient plébiscité par référendum (79 %) un changement de Constitution, l’actuelle émanant de la dictature d’Augusto Pinochet (1973-1990).

Le deuxième tour des élections des gouverneurs, prévu initialement le 9 mai, aura finalement lieu le 4 juillet, en même temps que les primaires de la prochaine présidentielle.

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PHOTO SEBASTIAN BELTRAN GAETE

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