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PHOTO JAVIER TORRES/AFP Explication Les représentants d’une dizaine de religions présentes au Chili ont livré mardi 19 octobre une contribution commune pour l’élaboration de la future constitution du pays. « La nouvelle constitution doit largement garantir la liberté religieuse de toutes les personnes, sans aucune distinction », plaident-ils à l’unisson. / « Chacun prêche pour sa paroisse.»
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chrétiens de toutes confessions – dont mormons – mais aussi musulmans et juifs : des représentants des dix principales religions présentes au Chili se sont accordés sur un texte commun destiné à présenter leurs principales demandes vis-à-vis de la future constitution organisant le fonctionnement du pays. Celui-ci a été remis mardi 19 octobre à un des vice-présidents adjoints de l’assemblée constituante, dont les travaux devraient aboutir l’an prochain.
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Comme pour justifier leur démarche commune, les religions expliquent au début de leur texte qu’elles sont un « facteur social essentiel dans la recherche du bien commun, (…) déterminant dans la vie des individus et des communautés ». « Peu de choses sont plus fondamentales, plus importantes pour les êtres humains que leurs croyances religieuses ou morales personnelles », insistent les dix signataires, dont le président de la conférence épiscopale, Mgr Fernando Chomali.
Le droit des religions au « jugement moral »
Pour eux, « la nouvelle constitution doit largement garantir la liberté religieuse de toutes les personnes, sans aucune distinction, ainsi que de toutes les confessions religieuses ». Celles-ci, est-il demandé, doivent jouir de la liberté « d’accomplir leur mission et de développer leurs activités propres, tant publiques que privées, avec pour limites l’ordre public, la morale et les bonnes mœurs ».
En ce sens, est refusée « toute contrainte de la part de l’État en matière religieuse » et est au contraire exigé « le droit à la liberté d’action des membres des différentes confessions en matière temporelle ». «Cette approche respecte et promeut également la liberté et les responsabilités politiques des citoyens », assurent encore les responsables religieux.
Le document se poursuit en soulignant quelques «vérités que l’humanité a apprises concernant l’importance et la signification de la liberté de religion». « Les confessions ont le droit et le devoir d’enseigner leur propre doctrine sur la société, d’exercer sans entrave leur mission parmi les hommes et de donner leur jugement moral, même sur des questions relevant de l’ordre social », est-il énoncé en premier lieu.
Mariage et éducation
Le document de sept pages revient également sur deux « droits » des religions, plus à même d’être parfois polémiques. Il est ainsi affirmé que les religions ont le « droit réglementer les mariages de leurs membres » tandis que l’éducation - y compris religieuse - des enfants reste un « droit » des parents. Avec ces rappels, les confessions soulignent implicitement leur refus catégorique de se voir contraintes à célébrer des unions de personnes de même sexe - dont la légalisation est actuellement en discussion au Chili - et toute velléité de restreindre l’éducation religieuse des plus petits.
En présentant ce document au représentant de l’assemblée constituante, Mgr Juan Ignacio González Errázuriz, évêque de San Bernardo et coordinateur de l’élaboration du texte, a souligné que « dans la vie d’un pays libre, pluraliste et démocratique comme [le Chili], il est nécessaire de ne pas dépendre des concessions de l’État pour le développement de l’action religieuse ». Par ailleurs, une lettre d’accompagnement plaide pour que les « représentants légitimes » des religions puissent « exprimer leurs pensées de manière adéquate devant les commissions » de l’assemblée constituante.
Le processus de réforme constitutionnelle au Chili a été décidé fin 2019 suite à des manifestations monstres dans plusieurs villes du pays. Il a été approuvé par près de huit voix sur dix lors d’un référendum tenu le 25 octobre 2020, auquel seulement la moitié des électeurs a participé. Les membres de l’assemblée constituante ont pour leur part été élus au cours d’élections organisées en mai dernier.
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