jeudi, août 12, 2021

CHILI: UN PROJET MINIER CONTESTÉ FRANCHIT UNE NOUVELLE ÉTAPE ADMINISTRATIVE

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PHOTO EDUARDO SORENSEN
Un projet controversé d'exploitation minière au Chili, à proximité d'une réserve nationale abritant une espèce de manchots menacés, a été approuvé mercredi par une commission d'évaluation environnementale malgré les protestations des défenseurs de l'environnement.

Par Le Figaro avec l'AFP

Le projet avait été rejeté en 2017 sous le gouvernement de la socialiste Michelle Bachelet pour des raisons environnementales, mais un tribunal a ordonné en 2018, sous le mandat de l'actuel président de droite Sebastian Piñera, une nouvelle étude d'impact environnemental. Le projet, qui prévoit un investissement de 2,5 milliards de dollars pour la construction de mines à ciel ouvert et d'un port pour l'exportation de métaux, est porté par Andes Iron, une société minière chilienne.

À LIRE AUSSI :Chili: accord pour éviter une grève dans la plus grande mine de cuivre du monde

La commission d'évaluation environnementale de Coquimbo, à 450 km au nord de Santiago, où se situe le projet, a approuvé l'étude d'impact environnemental par 11 voix contre une. Le projet, baptisé Dominga, doit maintenant être examiné en conseil des ministres pour être soit approuvé, soit rejeté. «C'est un processus qui est réglementé et encadré», a déclaré à la presse la ministre de l'Environnement, Carolina Schmidt.

Des écosystèmes marins menacés

Pour le député d'opposition Marcelo Diaz, il s'agit «d'accélérer un processus pour valider le projet avant la fin de ce gouvernement» car il est porté par un proche du président Piñera. L'ONG Oceana estime que ce projet minier menace «l'un des écosystèmes marins les plus importants au monde, reconnu par la science nationale et internationale comme un point chaud de la biodiversité qui doit être protégé».

La mine et le port seraient construits près de la réserve nationale de manchots de Humboldt, créée en 1990 autour de trois îles situées entre les régions d'Atacama et de Coquimbo, afin de protéger un écosystème unique comprenant des manchots d'une espèce menacée qui ne nichent qu'au Chili et au Pérou.

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« FLYER NON À DOMINGA»

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mercredi, août 11, 2021

CHILI: ACCORD POUR ÉVITER UNE GRÈVE DANS LA PLUS GRANDE MINE DE CUIVRE DU MONDE

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PHOTO JAVIER TORRES / AFP

Par Le Figaro avec l"AFP

6Temps de lecture 1 min 38s

Dans un communiqué publié mardi soir, BHP a indiqué que l'accord, dont les contours n'ont pas été divulgués, devait être soumis à ratification aux mineurs. Le 31 juillet, ces derniers s'étaient exprimés à 99,5% en faveur du lancement d'une grève en cas d'échec des négociations.

Ils réclamaient une prime unique en reconnaissance de leur travail pendant la pandémie de Covid-19, «équivalente à 1% des dividendes perçus par les propriétaires». Et également un plan de développement de carrière et des avantages en matière d'éducation pour leurs enfants.

Selon le syndicat, dans un contexte de hausse historique du prix du cuivre sur les marchés internationaux, qui a dépassé les 10.000 dollars par tonne, la mine d'Escondida prévoit de dégager plus de 10 milliards de dollars de revenus cette année.

Chili, premier producteur mondial de cuivre

Détenue par les Anglo-Australiens BHP (57,5%) et Rio Tinto (30%) ainsi que le Japonais Jeco (12,5%), cette mine à ciel ouvert est située dans le désert de l'Atacama, dans le nord du Chili, à plus de 3.000 mètres d'altitude. Y sont extraites environ 1,1 million de tonnes de cuivre par an. C'est dans cette même région qu'en 2010, 33 hommes avaient été bloqués à 700 mètres sous terre pendant 69 jours à la suite d'un effondrement dans la mine de Copiapo.

Le Chili est le premier producteur mondial de cuivre, avec 28% de la production mondiale. Ce minerai, dont une grande partie est exportée vers la Chine, le plus grand consommateur mondial, représente 10 à 15% du PIB de ce pays d'Amérique du Sud.

En 2017, les travailleurs d'Escondida avaient organisé une grève de 44 jours, la plus longue de l'histoire minière chilienne. Ce mouvement social avait entraîné 740 millions de dollars de pertes pour l'entreprise et une contraction d'environ 1,3% du PIB du Chili.

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mardi, août 10, 2021

EN MARCHE FORCÉE

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«PASS APÉRO»

LE CHILI SOUHAITE EXPORTER DE L’HYDROGÈNE VERT DANS LE MONDE ENTIER

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PHOTO HANDOUT / AFP
En novembre 2020, un plan national a été lancé pour hisser le pays parmi les trois premiers exportateurs mondiaux de cette énergie, utilisée, entre autres, dans le transport ou la sidérurgie.

Par Julien Bouissou

6Temps de lecture 3 min.

le Chili, champion des énergies renouvelables en Amérique latine, mise sur l’hydrogène vert, ce gaz obtenu par électrolyse avec de l’électricité propre, non carbonée. En novembre 2020, le président chilien Sebastian Piñera a dévoilé un ambitieux plan national pour hisser son pays parmi les trois premiers exportateurs mondiaux de cette énergie, utilisée, entre autres, dans le transport ou la sidérurgie. Le gouvernement prévoit la création d’un fonds doté de 50 millions de dollars (43 millions d’euros) pour soutenir les projets dans cette filière, et a commencé à déployer une « diplomatie de l’hydrogène vert » pour se positionner sur ce marché mondial encore balbutiant.

Le principal atout du pays réside dans sa capacité de production d’énergie renouvelable, à des prix compétitifs, grâce à ses conditions climatiques exceptionnelles et variées. Sur une étroite bande de terre qui s’étend sur 4 500 km du nord au sud, le pays peut produire toutes les énergies vertes de la planète. Outre le désert d’Atacama, qui bénéficie du rayonnement solaire le plus élevé au monde, le vent souffle fort sur les 4 000 kilomètres de côtes et même au-delà, comme sur les plateaux de la Patagonie chilienne. Les capacités de production d’énergie éolienne et solaire du pays ont été multipliées par dix au cours des sept dernières années grâce notamment aux investissements étrangers.

Renforcer son autonomie

Le fonds américain EIG Global Energy Partners a ainsi investi plus de 800 millions de dollars dans la construction de la première centrale solaire thermodynamique d’Amérique latine. Inaugurée en mars 2019, elle produit de l’électricité en continu pour 250 000 foyers, jour et nuit, grâce à la chaleur solaire qui produit de l’énergie à partir d’une turbine fonctionnant à la vapeur d’eau. Le pays a investi très tôt dans le secteur des énergies renouvelables pour renforcer son autonomie, peu après l’arrêt soudain, en 2007, de l’approvisionnement en gaz depuis l’Argentine.

Cette politique lui permet aujourd’hui de sortir du charbon plus tôt que prévu. Début juillet, le gouvernement a annoncé la fermeture de quatre centrales à charbon, quinze ans avant la date prévue. « Avec les énergies propres, l’électricité n’est plus produite et consommée au même endroit, comme cela pouvait être le cas avec les centrales à charbon, il faut donc bâtir un vaste réseau de distribution et de transmission », note Dario Morales, directeur des études à l’association Acera qui regroupe les acteurs des énergies renouvelables au Chili.

« Au fur et à mesure que le Chili s’approche du 100 % renouvelable, il faut mettre en place des technologies qui ajustent l’offre à la demande, et améliorer le stockage d’électricité » Dario Morales, expert

Or, l’acquisition de terrains pour construire des centrales ou des lignes de transmission se heurte à la résistance de communautés locales, dans un pays où l’agriculture est le deuxième secteur d’activité, après celui de l’extraction minière. « L’autre difficulté que doit gérer le Chili au fur et à mesure qu’il s’approche du 100 % renouvelable, ajoute Dario Morales, c’est qu’il faut mettre en place des technologies qui ajustent l’offre à la demande, et améliorer le stockage d’électricité. » Ce qui est justement le cas de l’hydrogène, l’une des rares énergies renouvelables pouvant être stockée.

Pour en augmenter la production, le pays doit cependant résoudre une contradiction : dans le nord, où la fourniture d’électricité verte, d’origine solaire, est la plus élevée, les ressources en eau sont rares. Ce qui est souvent le cas des régions ensoleillées, plutôt arides, où le coût environnemental de la production d’hydrogène peut être élevé en raison de sa forte consommation en eau. Pour combler ce manque, des usines de désalinisation ont été construites pour traiter l’eau de la mer. Dans le sud du Chili, c’est l’électricité éolienne qui transforme l’eau en hydrogène. Cette région proche du détroit de Magellan présente un autre avantage : elle se situe sur une route maritime importante à destination de l’Europe. Et le pays espère bien exporter les deux tiers de sa production dès 2025, même si son transport reste encore coûteux, difficile… et émet des gaz à effet de serre.

 INFOGRAPHIE RODRIGO ANGUIANO

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lundi, août 09, 2021

AU CHILI, LES MINEURS VEULENT PROFITER DE LA HAUSSE DU COURS DU CUIVRE

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PHOTO IVAN ALVARADO / REUTERS

Analyse Les plus grandes mines de cuivre du monde, situées au Chili, ont voté la grève. Les mineurs veulent bénéficier de la hausse vertigineuse du cours du cuivre qui se produit depuis plusieurs mois.

par Marion Esnault

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Dopés par l’accélération de la demande mondiale, les cours du cuivre sont au plus haut et les mineurs chiliens comptent bien bénéficier de la manne. Un peu plus du quart de la production mondiale du métal rouge – indispensable aux énergies renouvelables et aux voitures électriques – est le fruit de leur travail. Le Chili est en effet le plus grand producteur mondial de cuivre avec plus de 5,6 millions de tonnes annuelles extraites. La mine Escondida, située au cœur du désert d’Atacama représenterait à elle seule 5 % à 6 % de la production mondiale.

1 % des dividendes

Ses mineurs ont lancé un mot d’ordre de grève qui devrait prendre effet ce lundi 9 août. L’immense gisement qui produit près de 1,1 million de tonnes de cuivre par an est exploité par la multinationale australienne BHP Billinton. Le syndicat des travailleurs d’Escondida a refusé une première offre de 18 millions de pesos par mineur (environ 20 000 €) avancée par la direction. Ils exigent une prime plus élevée, correspondant à 1 % des dividendes, considérant que cette somme doit profiter aux Chiliens, et non « aux actionnaires étrangers »

Si les mineurs sont des ouvriers privilégiés dans le secteur industriel chilien, ils restent peu payés, selon les syndicats, par rapport aux bénéfices récoltés. Dans un pays néolibéral où l’intervention de l’État est réduite à son minimum, ils ont aussi subi de plein fouet, comme la majorité des Chiliens, les mois prolongés de confinement sans aides sociales du gouvernement du milliardaire Sebastian Piñera.

Cela fait plusieurs semaines que les discussions entre le syndicat – qui regroupe plus de 2 700 travailleurs – et la direction ont commencé, sans succès pour le moment. Le 27 mai dernier, alors que les prix du cuivre avaient augmenté, poussés par la demande des grandes puissances – États-Unis, Europe, Chine – en pleine relance de leur économie, les miniers d’Escondida avaient lancé un premier appel à la grève.

Une grève de 44 jours en 2017

Un peu plus de deux mois plus tard, les négociations sont au point mort et BHP Billinton a demandé la médiation de la direction du travail.

En 2017, ladite mine avait déjà vécu une grève de 44 jours, la plus longue de l’histoire du Chili. Elle avait engendré une perte de 740 millions de dollars pour la multinationale et provoqué une récession de près de 1,3 % du PIB chilien. L’industrie minière au Chili représente 15 % du PIB du pays et 60 % de ses exportations.

Le syndicat d’Escondida a été rejoint par les syndicats d’autres entreprises minières, notamment ceux de Codelco, l’entreprise publique chilienne dont les bénéfices ont été décuplés au premier semestre de 2021 par rapport à la même période de 2020.

Menace de l’inflation

Dans les prochains jours, ce sont donc presque 3 500 miniers qui pourraient paralyser les plus grandes mines de cuivre du monde. En cas de grève prolongée, le cours du cuivre pourrait connaître une nouvelle hausse, alimentant la menace d’inflation qui pèse sur l’ensemble des économies mondiales.

Chili, mines, Amérique latine

samedi, août 07, 2021

CHILI, LÉGENDES DE PÂQUES

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PHOTO ERIC MARTIN

Trois siècles après sa découverte par un Hollandais, ce caillou du Pacifique garde le secret de ses statues géantes.

LE VOYAGE PAR PASSION


ce qui frappe lorsqu'on aborde l'île de Pâques, ce sont ses côtes noires, déchiquetées, sur lesquelles bouillonne l'écume blanche. Vue du ciel, l'absence de verticalité intrigue : cet îlot de 117 km² est plat comme la paume de la main. Pas un arbre. Seul relief, le volcan Maunga Terevaka qui culmine à 506 mètres. Ce caillou perdu au bout du monde, à 3525 kilomètres des côtes chiliennes et plus de 4000 kilomètres de Tahiti, abrite l'une des plus grandes énigmes de l'Histoire : pas moins de 900 colosses de pierre y ont été ­découverts le 5 avril 1722 par l'explorateur hollandais Jakob Roggeveen.

La plupart de ces moaï gisent à terre, près de promontoires de pierre, où quelques-uns se dressent encore, comme sur l'ahu Tongariki, face à la mer, dans la baie d'Hotuiti. Le plus grand nombre se trouve dans le cratère du volcan Rano Raraku. Creusée à ciel ouvert dans ses flancs, cette carrière est, sans aucun doute, l'un des lieux les plus impressionnants de l'île. À pied, à cheval ou en voiture, on part à son rythme à la rencontre de ces géants de pierre avec une fascination chaque fois renouvelée.

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jeudi, août 05, 2021

COVID-19: LE CHILI DEVRAIT COMMENCER À PRODUIRE DES VACCINS SINOVAC L'AN PROCHAIN

PHOTO LILLIAN SUWANRUMPHA

L'entreprise pharmaceutique chinoise et les autorités chiliennes ont confirmé, mercredi 4 août 2021, la construction d'une usine et d'un centre de recherche scientifique dans le pays. Près de 60 millions de doses de vaccins de Sinovac pourraient ainsi être produites au Chili chaque année. L'usine devrait commencer à fonctionner en mars ou avril 2022.

par Justine Fontaine

L'entreprise pharmaceutique chinoise va investir près de 60 millions de dollars pour construire cette usine, qui fabriquera des vaccins contre le Covid-19, contre la grippe et contre l'hépatite. Objectif : fournir tout le continent sud-américain.

C'est ce qu'a expliqué le vice-président de Sinovac, Weining Meng, lors d'une visite à Santiago mercredi : « Nous avons décidé d'installer une usine de remplissage et de conditionnement dans la région capitale. Et d'autre part, nous souhaitons aussi mettre en place une collaboration de long terme, en travaillant sur la recherche et le développement de vaccins. »

Un centre de recherche sera en effet installé dans le nord du pays, en partenariat avec plusieurs universités chiliennes. Des annonces saluées par le ministre de la Santé, Enrique Paris : « C'est un jour très heureux pour nous, car le Chili annonce le retour de la production de vaccins sur son sol. Le Chili a commencé à produire des vaccins en 1867, mais n'en produit plus depuis 18 ou 19 ans maintenant. »

La relation du pays avec Sinovac n'est, en tout cas, pas nouvelle : l'entreprise chinoise a fourni près de 70% des vaccins inoculés au Chili contre le Covid-19 (sur le site du New England Journal of Medecine, consulter l'étude rendue publique le mois dernier à ce sujet).

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lundi, août 02, 2021

CHILI: L'ACTIVITÉ ÉCONOMIQUE EN HAUSSE DE 20,1% SUR UN AN EN JUIN

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PHOTO JAVIER TORRES / AFP

L'activité économique du Chili a progressé de 20,1% en juin en glissement annuel, les secteurs productifs s'étant adaptés à la pandémie, a indiqué lundi la banque centrale.

Par Le Figaro avec l'AFP 

IMACEC

L'indice mensuel mesurant l'activité a progressé de 2,1% par rapport à mai en données corrigées des variations saisonnières, bien que le mois ait compté un jour de travail de moins qu'en juin 2020, au cours duquel il avait chuté de 12,4%, son plus fort repli pendant la crise sanitaire.

Lire aussi : CHILI: LES DÉPUTÉS APPROUVENT UN PROJET DE TAXE SUR LE CUIVRE ET LE LITHIUM

Toutes les composantes de l'indice ont progressé en juin sur un an. L'activité commerciale a augmenté de 46,4%, poussée par les aides économiques gouvernementales mises en place pour faire face à la pandémie, qui ont bénéficié à 15 des 19 millions d'habitants du pays.

En mai, l'activité économique avait déjà progressé de 18,1% sur un an. La banque centrale estime que le PIB du Chili devrait croître de 9,5% cette année, après une chute de 5,8% en 2020.

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dimanche, août 01, 2021

PARTAGE DES RICHESSES CHILI : LES TRAVAILLEURS DE LA PLUS GRANDE MINE DE CUIVRE AU MONDE VOTENT UNE GRÈVE

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PHOTO MARTIN BERNETTI / AFP

Alors que les négociations entre le syndicat et la direction d’Escondida s’enlisent, une grève a été votée par plus de 2 000 personnes. Ce qui pourrait renforcer la pénurie de matières premières.

par AFP et LIBERATION

Les travailleurs de la plus grande mine de cuivre au monde, Escondida, au Chili, menacent de se mettre en grève, estimant que leurs revendications salariales n’ont pas suffisamment été prises en compte par les propriétaires anglo-australiens BHP. Après une consultation du personnel qui s’est achevée samedi soir, le syndicat a déclaré dans un communiqué qu’il y avait 2 164 voix en faveur du lancement de la grève, contre 11 pour l’acceptation de la dernière offre de l’employeur. Des pourparlers doivent désormais s’engager. Ils pourraient durer entre cinq à dix jours, selon le droit du travail chilien. Si aucun accord n’est trouvé, la grève commencera.

«Nous espérons que ce vote conséquent sera un signal d’alarme décisif pour que BHP entame des pourparlers de fond… si c’est pour éviter un conflit de grande ampleur qui pourrait devenir le plus coûteux de l’histoire syndicale du pays», indique le syndicat. BHP, la plus grande entreprise minière au monde, a, elle, déclaré dans un communiqué après ce vote que la direction gardait espoir de parvenir à un accord avec le syndicat lors des prochaines négociations, grâce à la médiation du gouvernement. «L’intérêt de l’entreprise est toujours de conclure des accords avec ses travailleurs, nous restons donc ouverts au dialogue», a-t-elle dit.

Vers une pénurie mondiale de cuivre ?

Le syndicat a, de son côté, jugé que les négociations n’avaient pas permis d’avancer sur ses principales revendications, notamment un système amélioré de formation professionnelle et une rémunération indexée sur les performances de l’entreprise. Autre point de friction : les syndicats souhaiteraient que les travailleurs obtiennent 1% des dividendes versés aux investisseurs.

Chez Escondida, le souvenir de l’arrêt historique de quarante-quatre jours en 2017, qui a secoué les marchés mondiaux du cuivre et ralenti la croissance économique du Chili, reste dans toutes les têtes. Selon Reuters, une grève prolongée du principal syndicat des travailleurs de la mine réduirait les approvisionnements mondiaux en cuivre. De quoi faire encore grimper des prix déjà élevés dans un contexte de pénurie de nombreuses matières premières.

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dimanche, juillet 18, 2021

PRÉSIDENTIELLE AU CHILI: SIX CANDIDATS SE MESURENT LORS DE PRIMAIRES OFFICIELLES

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Au Chili, plus de 14 millions de personnes devront élire cette année, en novembre, un nouveau président. Ce sera la première élection présidentielle depuis le mouvement social historique contre les inégalités lancé fin 2019 dans le pays. Une élection qui intervient alors que le pays vient de commencer à rédiger une nouvelle Constitution.Ce dimanche, six candidats se mesurent lors de primaires officielles. Ils ne seront plus que deux ce 18 juillet au soir : un candidat pour la gauche et un pour la droite.

par Justine Fontaine

À droite, ils sont quatre, quatre anciens ministres du président actuel Sebastian Piñera. L'ultra-conservateur Joaquin Lavín, défenseur du modèle néo-libéral hérité de la dictature du général Pinochet, est considéré comme favori. Face à lui, un tenant de la droite sociale, Mario Desbordes, mais aussi un économiste libéral sur les questions de société, Ignacio Briones, et enfin le centriste Sebastián Sichel, issu d'un milieu modeste.

De l'autre côté, à gauche, seulement deux candidats, plutôt en phase avec les revendications du mouvement social contre les inégalités. D'abord, le communiste Daniel Jadue, d'origine palestinienne. Il est maire d'une commune populaire de Santiago, où il a mené plusieurs innovations sociales : des médicaments et lunettes à bas coût, ou encore des logements sociaux. Il sera opposé à Gabriel Boric, un jeune député, ancienne figure des manifestations pour la gratuité de l'éducation en 2011.

La participation est généralement faible lors de ces primaires et, quel que soit le résultat, d'autres candidats devraient aller directement au premier tour de l'élection présidentielle. C'est le cas notamment de la candidate du parti socialiste, mais aussi de candidats indépendants qui pourraient se déclarer dans les prochaines semaines.

Le premier tour de l'élection présidentielle se tiendra en même temps que des élections législatives, en novembre prochain. Les élus pourraient voir leurs mandats interrompus si la nouvelle Constitution rédigée en ce moment est adoptée l'an prochain par référendum.

 



lundi, juillet 12, 2021

PABLO MARCHANT, 29 ANS, TUÉ PAR LA POLICE AU CHILI

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PABLO MARCHANT GUTIÉRREZ

Ce n'est pas Ernesto Llaitul, mais c'est Pablo Marchant, c'est Camilo Catrillanca, c'est Matías Catrileo... 
Les Carabiniers du Chili, qui, en tant que fonctionnaires de l'État chilien, protègent militairement la propriété et la présence de l’extractivisme forestière et prédatrice du Wallmapu (pays mapuche) de Forestal Mininco à Carahue, ont assassiné Pablo Marchant Gutiérrez, un jeune weichafe («guerrier») mapuche de 29 ans, étudiant en anthropologie à l'Université de Concepción et membre de la Coordination Arauco Malleco (CAM), dans une action contre l'activité forestière qui s'approprie des territoires ancestraux et endommage les eaux et l'environnement.

J'exprime publiquement mes condoléances à sa famille, à la communauté mapuche en résistance et à tous ceux qui ressentent cette nouvelle mort d'un jeune Mapuche comme la leur, qui luttent contre la militarisation du Wallmapu et l'activité forestière prédatrice du Ñuke Mapu («terre mère»), et qui aspirent à l'autodétermination des peuples autochtones et à un Chili plurinational et multiculturel.
Pablo Marchant, présent ! Que son visage recouvre l'horizon. Ceux qui ont été tués à cause de l'injustice seront ressuscités par la force de la vérité.

« La poésie est le profond chuchotement des assassinés. »

jeudi, juillet 08, 2021

ELISA LONCON, INDIGÈNE MAPUCHE À LA TÊTE DE LA CONSTITUANTE, PROMET « UN NOUVEAU CHILI »

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ELISA LONCON PHOTO AGENCIA UNO

L’universitaire, linguiste et militante de 58 ans a été élue à 96 voix sur 155 à la présidence de l’Assemblée chargée de rédiger une nouvelle Constitution.

Par Intérim 

ELISA LONCON.
PHOTO CÉSAR CORTÉS.
Elisa Loncon rêve d’un Chili « pluriel, démocratique et participatif ». Son élection, dimanche 4 juillet, à la présidence de l’Assemblée constituante chargée de rédiger la nouvelle Loi fondamentale est historique à plus d’un titre. Femme et mapuche, l’ethnie majoritaire du Chili, elle incarne les principales aspirations des révoltes populaires d’octobre 2019 : une société et un modèle économique plus justes et plus égalitaires, la reconnaissance des peuples indigènes et une meilleure distribution du pouvoir.

« Nous allons convoquer jusqu’au dernier recoin du pays pour les droits de notre nation autochtone, de la terre-mère, de l’eau, des femmes, des enfants », a-t-elle déclaré, dimanche après son élection avec 96 voix sur 155, à la fin de la séance inaugurale de l’Assemblée constituante. Vêtue de la robe traditionnelle de son ethnie et brandissant le drapeau mapuche, cette universitaire sait qu’elle vit un moment sans précédent, fruit d’une série d’événements historiques : la révolte sociale de 2019, le référendum du 25 octobre 2020, lors duquel les Chiliens ont massivement exprimé la nécessité d’une réforme de la Constitution, et la sélection, les 15 et 16 mai, des 78 citoyens et 77 citoyennes qui composent désormais l’Assemblée constituante. Leur mission sera la rédaction d’une nouvelle Constitution nationale, en remplacement du texte actuel hérité de la dictature militaire d’Augusto Pinochet (1973-1990).

L’élection d’Elisa Loncon, 58 ans, qui occupait jusqu’alors l’un des 17 sièges de l’Assemblée qui étaient réservés aux peuples indigènes, est donc le produit d’un processus démocratique unique au Chili, mais aussi d’un parcours personnel hors du commun.

« Un sens du bonheur »

Quatrième d’une famille de sept enfants, Elisa naît en 1963 dans la communauté mapuche Lefweluan, à Traiguén, dans la région de l’Araucanie (sud). Sa mère est femme au foyer et son père menuisier. Autodidacte, il apprend à lire seul à l’âge de 17 ans. Quant à son arrière-grand-père, chef de la communauté, il s’était opposé à l’armée chilienne au milieu du XIXe siècle, luttant même contre l’occupation de la région aux côtés du grand chef mapuche et résistant historique, José Santos Quilapan.

Elisa Loncon raconte que, petite, elle devait parfois marcher huit kilomètres sur un chemin de terre pour aller à l’école. « Je viens d’une famille simple, comme toutes les familles mapuches touchées par la pauvreté, mais intègre du point de vue de nos codes, inspirés par les normes collectives, la mémoire, le récit social, l’histoire, expliquait-elle au quotidien espagnol El Pais juste avant son élection. Ma famille m’a légué un sens du bonheur. »

Depuis toute jeune, Elisa Loncon s’engage dans différentes organisations sociales pour la restitution des terres mapuches et les droits des peuples autochtones. Elle devient membre particulièrement active du Conseil de toutes les terres, organisation indigène cherchant à créer un Etat mapuche sur les territoires argentin et chilien. En 1992, elle participe à la création du drapeau mapuche qui, durant les révoltes de 2019, aura presque détrôné le drapeau chilien.

Faire du Chili un pays plurinational

« Jamais les nations autochtones n’avaient été convoquées pour participer à un processus si important. Il y a un avant et un après », affirme-t-elle lors d’un entretien télévisé à l’agence de presse Efe, ajoutant que cette élection est aussi « la conséquence de la lutte de tant de femmes qui ont fait entendre leur voix contre le patriarcat ». Son projet : transformer le Chili en un pays plurinational, reconnaissant les dix peuples originaires du pays, écologiste et féministe.

Le militantisme ne l’empêche, cependant, pas de parcourir le monde et de se former. Pendant la dictature, la jeune femme étudie la pédagogie à Santiago, entre deux pièces de théâtre clandestines anti-Pinochet, puis obtient un master de linguistique au Mexique. La démocratie de retour dans son pays, elle décroche deux doctorats, l’un en sciences humaines à l’université de Leiden aux Pays-Bas, l’autre en littérature à l’Université catholique du Chili. Aujourd’hui professeure d’anglais dans sa région natale, elle poursuit ses recherches sur l’enseignement du mapudungun, la langue mapuche.

Elisa Loncon compte laisser son empreinte, son histoire et ses croyances dans ce processus démocratique historique et reconstruire « un nouveau Chili plurilingue avec toutes les cultures, tous les peuples, avec les femmes, avec les territoires. C’est ça, notre rêve. » Elisa Loncon et les 154 autres membres de l’Assemblée auront un an pour le réaliser, avant qu’il soit soumis à un nouveau référendum.

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VOTO 6
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mercredi, juillet 07, 2021

COVID-19 : QUATRE QUESTIONS SUR LE NOUVEAU VARIANT LAMBDA ARRIVÉ EN EUROPE

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ILLUSTRATION

Le variant Lambda, détecté au Pérou en décembre 2020, a été classé comme "variant à suivre" par l'Organisation mondiale de la santé.

Mathilde Loire

Il est moins connu que le variant Delta mais il est désormais présent dans au moins 27 pays différents. Le variant C.37 du SARS-CoV-2, ou "variant Lambda", désigné le 14 juin et classé "variant à suivre" par l'Organisation mondiale de la santé (OMS), est notamment présent en Europe. Et son ensemble de mutations "inhabituelles" déconcerte les scientifiques, rapporte le quotidien économique britannique Financial Times. 

D'où vient-il ?

Selon l'OMS, les premiers échantillons répertoriés du variant Lambda l'ont été au Pérou, en décembre 2020. L'Organisation panaméricaine de la santé (OPS), citée par Euronews, a déclaré que le variant Lambda représentait plus de 80% des cas de Covid-19 recensés au Pérou en mai et en juin, et plus de 30% au Chili. 

Où circule-t-il ?

Une étude de l'université de Santiago, au Chili, note que la présence de ce variant a été rapportée dans plus de 20 pays en juin 2021, notamment de l'Amérique du Sud, et en particulier au Chili, au Pérou, en Équateur et en Argentine.  

Le variant Lambda est désormais présent en Europe, et notamment au Royaume-Uni. L'agence de santé anglaise Public Health England (PHE) a déclaré avoir détecté six cas dus au variant Lambda entre le 23 février et le 7 juin, rapportait Reuters le 25 juin. Cinq cas étaient des personnes ayant voyagé à l'étranger.  

Neuf jours après la désignation du variant par l'OMS, la PHE a annoncé qu'il s'agissait d'un "variant en cours d'investigation" en raison de ses mutations. Dans son bulletin du 2 juillet, l'agence indiquait que 8 cas dus au variant Lambda avaient été recensés en Grande-Bretagne. Mais ce chiffre est sans doute sous-estimé, selon le quotidien britannique The Independent. 

Est-il dangereux ?

Pablo Tsukayama, docteur en biologie moléculaire de l'université Cayetano Heredia au Pérou, a affirmé au site de Deutsche Welle, la radio à diffusion internationale allemande, que le variant Lambda "est devenu le variant dominant au Pérou en très peu de temps". Selon lui, une infection sur 200 était due au Lambda lorsque celui-ci a été répertorié en décembre. À la fin du mois de mars "il représentait 50% des échantillons prélevés à Lima", la capitale du Pérou, "et maintenant c'est environ 80%. Cela suggère un taux de transmission plus haut que les autres variants", explique-t-il au Financial Times.  

Pour autant, les scientifiques n'ont pas encore atteint de consensus sur la dangerosité du variant Lambda. "Pour le moment il n'y a pas de preuve qui suggère qu'il est plus agressif que les autres variants", a déclaré au Financial Times Jairo Méndez Rico, conseiller sur les infections virales émergentes à l'OPS. 

Résiste-t-il aux vaccins ?

Après l'avoir désigné comme "variant en cours d'investigation", la PHE a reconnu que le variant Lambda était peut-être plus dangereux, mais a averti que davantage d'études étaient nécessaires et que rien ne prouvait qu'il était plus résistant aux vaccins.  

Dans leur étude, les virologues de l'université de Santiago au Chili ont effectué des tests sur des soignants chiliens ayant reçu deux doses de CoronaVac, développé par le laboratoire chinois Sinovac. Leurs résultats suggèrent que le variant Lambda est davantage en mesure de neutraliser les anticorps fournis par le CoronaVac que le variant Alpha, ou dit "britannique", ou le Gamma, dit "brésilien". Une autre étude publiée le 3 juillet par l'école de médecine NYU Grossman, suggère, elle, que les vaccins sont en réalité efficaces contre le variant. Aucune des deux études n'a encore été examinée par les pairs. Il faudra donc attendre des études supplémentaires pour en savoir plus sur la résistance aux vaccins de ce variant et sa dangerosité. 

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