L'atmosphère froide de la planète Neptune, très éloignée du Soleil, est le siège d'une activité surprenante, annonce une équipe internationale d'astrophysiciens dans une étude à paraître dans la revue Astronomy and Astrophysics.
Cette découverte a été faite à l'aide de l'un des télescopes du Très grand télescope de l'Observatoire européen austral à La Silla (Chili) doté d'un instrument d'observation dans l'infrarouge.
Les astronomes savaient depuis longtemps que l'atmosphère de cette planète distante de 4,5 milliards de kilomètres de l'astre du jour (contre 150 millions pour la Terre) contenait une abondance élevée de méthane au pôle sud, huit fois supérieure à celle du pôle nord, mais n'arrivaient pas à l'expliquer.
En analysant les images produites par l'instrument VISIR, les scientifiques, dont l'astrophysicienne française Thérèse Encrenaz (CNRS/Observatoire de Paris), ont fini par résoudre cet énigme.
Le phénomène, relèvent-ils, vient de la différence des températures de l'atmosphère neptunienne (qui a une température générale de l'ordre de moins 220 degrés Celsius), avec un maximum de "chaleur" au pôle sud. Ainsi, le méthane, piégé sous forme de glace dans la troposphère (couche basse de l'atmosphère) aux autres latitudes, s'en échappe sous forme de gaz dans la stratosphère (couche
haute).
Cela est dû au fait, précisent les auteurs de l'étude citée dans un communiqué du centre de recherche français CNRS, que sur cette planète gazeuse, où une année dure 165 années terrestres, le pôle sud est constamment ensoleillé depuis 40 ans. Les observations ont permis de localiser un point "chaud" où la température est supérieure de trois degrés à celle des zones contiguës.
Les mouvements que cela engendre indiquent que l'atmosphère du Neptune est peut-être plus active que celle de deux autres planètes gazeuses bien plus proches du Soleil, Jupiter et Saturne, soulignent les chercheurs.
"Nous pouvons nous attendre à ce que dans 80 ans, lorsque le pôle nord de Neptune sera en situation d'été, il y ait une inversion de la situation avec transfert de l'excédent de méthane du pôle sud vers le pôle nord", concluent-ils.