mercredi, mai 10, 2023

AU CHILI, L’EXTRÊME DROITE A LES MAINS LIBRES POUR AGGRAVER LA CONSTITUTION DE PINOCHET

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Au Chili, l’extrême droite a les mains libres pour aggraver la constitution de Pinochet / L’espoir d’une nouvelle Loi fondamentale marquée du sceau du progrès s’éloigne. Dimanche, le parti néofasciste a emporté la majorité des sièges de l’Assemblée constituante pour réformer le texte hérité de la dictature. Les marges de manœuvre du président de gauche Gabriel Boric se réduisent.

Les résultats des élections des nouveaux conseillers constituants sont une catastrophe pour la gauche. La droite l’emporte haut la main, en voix et en nombre de sièges pour la désignation de cinquante conseillers, plus un siège pour les peuples indigènes. Avec 62 % des voix, la droite bénéficiera ainsi de 33 sièges dont 22 pour le Parti républicain.

Le parti d’extrême droite, celui de l’ex-candidat à la présidentielle, José Antonio Kast, sort grand vainqueur de ces élections avec 35,4 % des voix. La droite traditionnelle, avec 21,1 % des voix, récupère quant à elle 11 sièges. Le parti populiste, avec moins de 5,5 %, n’aura pas de représentant.

La gauche n'a même pas la minorité de blocage, le veto

La liste de gauche (Frente amplio, du PS et du PC du Chili) gagne 17 élus avec 28,6 % des voix. Le centre gauche (9 %) ne disposera d’aucun élu. C’est la première fois depuis des dizaines d’années que la démocratie chrétienne est ainsi balayée. Le siège des peuples indigènes a été gagné par un avocat mapuche de gauche.

Une fois les résultats prononcés, le président de gauche Gabriel Boric, désormais pieds et poings liés, a appelé les conseillers constituants « à agir avec sagesse et tempérance pour rédiger un texte qui interprète la (volonté de la) grande majorité du pays ».

Il fallait un minimum de 20 sièges pour avoir la minorité de blocage, le veto. La gauche ne les a pas. Le Parti républicain n’a jamais caché son hostilité à un changement de Constitution. Aujourd’hui, après sa victoire, il parle de « réformer » la Constitution de Pinochet en l’aggravant.

Après le mouvement social de 2019 et sa victoire à la présidentielle en 2021, la gauche, à l’initiative de ce nouvel élan constitutionnel, en sera-t-elle réduite, en décembre prochain, à se prononcer en défaveur de la proposition de la droite de nouvelle Loi fondamentale, quitte à conserver celle de Pinochet comme un pis-aller ?

► À lire aussi :    Les Chiliens loin des rêves de 2019

Sombres perspectives pour l’échéance présidentielle de 2025

Ces résultats, en termes de pourcentage, sont équivalents à ceux du référendum du 4 septembre 2022, qui avait vu le non à la proposition de nouvelle Constitution l’emporter avec 62 % des voix. Cette stabilité laisse planer de sombres perspectives pour l’échéance présidentielle de 2025.

José Antonio Kast ne cache pas ses ambitions et, hier soir, le siège du Parti républicain était le seul où le champagne coulait. José Antonio Kast et son parti sont devenus le pôle d’attraction de ce côté de l’échiquier. La droite traditionnelle va subir sa force d’attraction, d’autant plus qu’elle n’a plus de partenaire au centre avec qui dialoguer.

Le vote était obligatoire et tous les Chiliens étaient inscrits sur les listes électorales. Les votes nuls et blancs représentent un cinquième des votants. Il y a là une réflexion que la gauche doit mener dans la mesure où quasiment tous les appels à voter blanc ou nul venaient de son camp. Cette désaffection d’une partie de l’électorat de gauche lui a probablement coûté la faible consolation d’une minorité de blocage.

 
LE 7 MAI 2023, À SANTIAGO (CHILI). JOSÉ ANTONIO KAST,
PETIT FILS DE NAZI ET «HÉRITIER» DU DICTATEUR CHILIEN,
SORT GRAND VAINQUEUR DE CES ÉLECTIONS AVEC 35,4 % DES VOIX.
© JAVIER TORRES / AFP


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