mardi, novembre 19, 2019

EN UN MOIS, LE BRUTAL « RÉVEIL » SOCIAL QUI A BOULEVERSÉ LE CHILI

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« LE CHILI S'EST RÉVEILLÉ, NOUS NE SOMMES PAS EN GUERRE. »
BUTEUR, JEAN MENESES DÉDIE SON BUT AU CHILI
PHOTO LA TERCERA 
Santiago du Chili (AFP) - Plusieurs milliers de manifestants se sont réunis lundi à Santiago pour commémorer le début, il y a tout juste un mois, d'un mouvement social sans précédent qui a remis en cause le modèle ultra-libéral chilien accusé de bénéficier seulement aux plus riches. 
BUTEUR, NICOLÁS CASTILLO
DÉDIE SON BUT AU CHILI 

PHOTO MEGANOTICIAS 
« Le Chili s'est réveillé ! » ont une fois de plus chanté les manifestants, environ 10.000, sur la Plaza Italia, devenue le centre névralgique du mouvement, a constaté l'AFP.

Une mobilisation toutefois bien loin du rassemblement historique du 25 octobre 2019, lorsque 1,2 million de personnes s'étaient réunies pacifiquement sur la place, marquant un tournant dans la contestation.

«  Je suis venue pour me souvenir d'un mois qui a changé à jamais le Chili. Je pense que le gouvernement pourrait apporter les changements qu'on lui réclame beaucoup plus rapidement », a expliqué à l'AFP Susana, une comptable de 51 ans.

Quelques très rares incidents isolés ont éclaté entre des groupes de manifestants et la police.

Un appel à frauder dans le métro lancé le 18 octobre par des lycéens à Santiago après une hausse du ticket aux heures de pointe, suivi d'une flambée de violence, s'est transformé en la pire crise sociale connue par le pays sud-américain depuis la fin de la dictature d'Augusto Pinochet (1973-1990).

Jusqu'à cette date, les effets du changement climatique sur le pays et la préparation de la conférence internationale sur le climat COP 25 - depuis annulée - dominaient le débat politique. Aujourd'hui, le pays discute d'une nouvelle Constitution, ainsi que de la façon de réformer les systèmes de santé, d'éducation et de retraites, presque totalement privatisés.

« Au cours des quatre dernières semaines, le Chili a changé. Les Chiliens ont changé, le gouvernement a changé, nous avons tous changé », a admis dimanche le chef de l'État conservateur, Sebastian Piñera qui, à l'instar du Parlement, a dû revoir son programme politique.

Vendredi, les partis ont conclu un accord sur l'organisation d'un référendum en avril 2020 pour remplacer la Constitution, héritée de la dictature et accusée de maintenir de fortes inégalités dans la société en limitant drastiquement l'intervention de l'État.


- Retour à la normalité ? -


En trente ans de démocratie, aucune tentative de remplacement du texte fondamental, rédigé en plein régime militaire de façon à ce que les secteurs conservateurs de la société puissent se maintenir au pouvoir, y compris après la fin de la dictature, n'avait abouti.

« Nous sommes tous conscients que nous étions dans une camisole de force avec cette Constitution héréditaire et pétrifiée », a déclaré l'ex-président de centre gauche Ricardo Lagos (2000-2006), qui était parvenu en 2005 à une révision éliminant les principes les plus anti-démocratiques.

Un sondage de l'Institut Cadem a révélé dimanche que 67% des Chiliens considèrent comme « positif ou très positif » l'accord sur le référendum constitutionnel.

Le « réveil » a été brutal dans ce pays considéré comme un havre de stabilité politique et loué pour la solidité de son économie : la contestation a fait 22 morts - la plupart dans des incendies lors de pillages et cinq à la suite d'interventions des forces de sécurité - ainsi que plus de 2.000 blessés.

Symbole de la répression policière dénoncée par de nombreuses organisations des droits de l'Homme, les quelque 200 Chiliens blessés aux yeux, parfois jusqu'à en perdre la vue, par des tirs de chevrotine en caoutchouc utilisés contre les manifestants.

Le président Piñera a reconnu dimanche des violations des droits de l'homme de la part des forces de l'ordre, qui ont poussé l'ONU à envoyer une mission d'enquête dans le pays. « Il y a eu un recours excessif à la force, des abus ou des délits ont été commis et les droits de tous n'ont pas été respectés », a admis le chef de l'État, assurant qu'il n'y aurait pas « d'impunité ».

La Commission interamericaine des droits humains (CIDH) a annoncé à son tour lundi l'envoi au Chili d'une équipe d'enquêteurs pour recueillir des témoignages.

Depuis le 18 octobre, plus de 15.000 interpellations ont eu lieu, dont 3.500 pour des pillages, selon la police. Au total, 5.300 actes violents ont été perpétrés par les manifestants.


Après un mois de crise, les Chiliens se retrouvent désormais divisés entre ceux qui veulent revenir à la normalité et ceux qui souhaitent maintenir la pression sur le gouvernement.


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