jeudi, décembre 17, 2020

AU CHILI, LES PEUPLES AUTOCHTONES OBTIENNENT 17 SIÈGES DE L’ASSEMBLÉE CONSTITUANTE

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PHOTO RODRIGO GARRIDO

Le Chili va se doter l’an prochain d’une nouvelle Constitution. Et ce mardi, le Congrès a décidé que les peuples autochtones du pays participeront à sa rédaction : 17 sièges leurs seront réservés au sein de la future Assemblée constituante. Pendant le mouvement de contestation chilien, ces peuples ont massivement revendiqué plus de droits, notamment par rapport à leur culture et leurs territoires ancestraux, qui ont été niés par l’État chilien depuis longtemps.

RFI

Une décision « historique » a commenté le Sénat chilien sur son compte Twitter suite au débat qui agite le Parlement chilien.

L'opposition de gauche avait réclamé 24 sièges pour les peuples autochtones au sein de la future convention constitutionnelle. De son côté, la coalition au pouvoir du président Sebastian Piñera proposait 15 sièges. Le compromis a finalement été arraché par une commission mixte et adopté par les deux chambres. Cette loi prévoit donc 17 sièges qui seront réservés aux représentants des indigènes chiliens, dont le plus grand groupe ethnique, les Mapuche, disposeront de sept sièges à eux.

Les peuples autochtones représentent environ 12 % de la population totale du Chili qui compte 18 millions d'habitants. Les indigènes souffrent pourtant d’inégalités sociales et d’une sous-représentation chronique en politique. La décision du Congrès chilien leur permet d’écrire un nouveau chapitre de l’histoire du pays.

Les élus ont en revanche rejeté un siège pour les afro-descendants, un peuple pourtant présent depuis plusieurs siècles dans les régions de l’extrême nord du Chili.

17 sièges pour 10 peuples : « Nous aurons moins de poids »

Au total, 10 peuples indigènes vont devoir se répartir 17 sièges, parmi les 155 que comptera l'organisme qui rédigera la nouvelle constitution.

Un nombre insuffisant, selon Elizabeth Almendras Maricura. Elle appartient au peuple mapuche, et sa communauté à elle seule en réclamait 24 - soit en proportion de la population globale : « Nous aurons moins de poids pour la rédaction de la constitution. C’est de la discrimination ! Et on continue avec cette politique de classe qui décide de tout. Ça, en tant que peuple mapuche, nous n’en voulons plus », s’indigne-t-elle à notre correspondante à Santiago, Naïla Derroisné.

Jessica Cayupi Llancaleo, présidente du réseau de femmes mapuches, partage la même déception mais ajoute que ce vote était indispensable : « Ce n’est pas une bonne ni une mauvaise chose, mais c’est ce qu’il fallait. C’était le devoir de l’état chilien et de la classe politique que de voter cette mesure. »

Car, en effet depuis des décennies, les gouvernements qui se sont succédé ont nié les droits des peuples indigènes, raconte Elizabeth : « Durant des siècles le peuple mapuche s’est nourri lui-même. Nous faisons partie de la Terre ! Et encore aujourd’hui la majorité de nos territoires sont vendus aux grands propriétaires. »

Les deux femmes mapuches veulent que soient inscrits dans la nouvelle constitution le droit à l’autodétermination des peuples indigènes et la plurinationalité de l’État chilien.

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« JOIGNEZ-VOUS À LA DANSE »
DESSIN CAIOZZAMA
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