jeudi, décembre 10, 2020

AMÉRIQUE LATINE. SOUTIEN AUX PRISONNIERS POLITIQUES CHILIENS

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PHOTO CLAUDIO ABARCA SANDOVAL

En France, en Allemagne, en Suède, la solidarité s’exprime avec les détenus chiliens accusés de s’être soulevés contre les dégâts du néolibéralisme.

L'Humanité 

C’est le lien de solidarité qui franchit les frontières, apporte un peu de chaleur jusque dans l’obscurité de geôles chiliennes, où végètent des prisonniers politiques de la révolte sociale, et alerte les consciences. Un collectif international de parrainage réunit des personnes solidaires qui accompagnent les prisonniers politiques chiliens et leurs familles. Il se fixe comme objectifs le soutien moral et juridique et la défense des droits humains.

Pour rappel, la révolte sociale chilienne avait été déclenchée par l’augmentation des prix des tickets de métro, passés de 800 pesos à 830 pesos (1,04 euro) aux heures de pointe, après déjà une première augmentation de 20 pesos. La goutte qui fit déborder le vase de l’exaspération sociale. La réponse du président Sebastian Piñera s’inscrit alors d’emblée sur le registre de la seule répression. « J’ai décrété l’état d’urgence et, à cette fin, j’ai nommé le général de division Javier Iturriaga del Campo à la tête de la Défense nationale, conformément aux dispositions de notre législation concernant l’état d’urgence », déclare-t-il dans un communiqué.

Une grève de la faim collective

La rue réagit aussitôt, la crise s’installe et fait tache d’huile dans la capitale, Santiago. Les premières manifestations se soldent par une vingtaine de morts. Le président refuse de démissionner et s’engage à des révisions constitutionnelles. La révolte est en fait un puissant souffle nouveau, en réaction au modèle néolibéral instauré depuis les années dictatoriales d’Augusto Pinochet, source d’inégalités sociales et de paupérisation constante d’une large fraction de la société chilienne, et des graves violations des droits de l’homme en réponse au soulèvement.

Dès lors, un collectif international de parrainage s’est constitué afin de se joindre à l’appel lancé par les organisations de familles de prisonniers politiques de la révolte sociale. Les membres décident d’observer un jeûne liquide avec des rotations toutes les 24 heures depuis différentes. Cela, depuis le 27 novembre jusqu’au 10 décembre, Journée internationale des droits humains. « L’objectif est de faire pression sur les autorités chiliennes pour exiger qu’une solution politique rapide soit trouvée pour la libération des centaines de jeunes prisonniers politiques et pour que – dans l’attente de cette solution – les mineurs toujours en prison préventive bénéficient de mesures d’arrestation domiciliaire », précise le collectif dans un communiqué.

« Des peines exorbitantes »

France, Allemagne, Suède… les messages de soutien convergent. « Nous établissons un contact quotidien direct par vidéoconférence ou par téléphone avec les familles en grève de la faim depuis, afin de leur exprimer notre soutien au nom de la solidarité internationale. Ce sont au total environ une cinquantaine de personnes au Chili réparties entre Santiago, Punta Arenas et Concepcion, et une vingtaine de personnes en Europe qui suivent ce jeûne », précise le collectif.

Les personnes engagées dans ce mouvement de solidarité évoquent des « femmes combattantes et dignes, qui se battent pour la libération de leurs enfants injustement emprisonnés dans les geôles de l’État chilien et risquant des peines exorbitantes parce qu’ils ont manifesté pour une vie plus juste ». Leur combat est plus que jamais d’actualité : au Chili, le salaire mensuel est inférieur à 586 euros. Les femmes sont plus durement frappées, astreintes à l’accomplissement des pires tâches domestiques pour nourrir leur famille et survivre. Les prisonniers de la révolte sociale portent le poids de ce combat. Il faut se battre pour les en libérer.

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