jeudi, mars 11, 2021

CENTENAIRE DE LA NAISSANCE D'ASTOR PIAZZOLLA

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ASTOR PIAZZOLLA 


« SALVADOR ALLENDE » (PRESAGIO), ASTOR PIAZZOLLA DANS L'ALBUM VINYL, LP, 
TAM ‎– YX-7030, « IL PLEUT SUR SANTIAGO », PRODUCTOR: ALDO PAGANI,1975
1921  - 11 mars - 1921
Centenaire de la naissance d'Astor Piazzolla. Il y a tout juste cent ans, le 11 mars 1921, naissait en Argentine le compositeur Astor Piazzolla.
Piazzolla, le compositeur argentin du « Nouveau Tango », voulait être Bartók ou Stravinsky ! Paradoxalement c’est Nadia Boulanger, son professeur à Paris, qui le décide à composer des tangos d’un nouveau style. Il se fait connaître à partir des années soixante et multiplie les concerts et les enregistrements. Ses disciples aujourd’hui sont nombreux, de Michel Portal à Richard Galliano, celui-ci restant son principal interprète sur les scènes du monde entier.

Astor Piazzolla en 10 dates :
1921 : Naissance à Mar del Plata
1937 : Retour de New York à Buenos Aires
1954 : Départ pour Paris
1960 : Création de son quintette Nuevo Tango
1968 : Maria de Buenos Aires (création)
1974 : Libertango
1982 : Le Grand Tango (Sonate pour violoncelle et piano)
1984 : Oblivion
1990 : Dernier concert à Athènes
1992 : Mort à Buenos Aires
Toute sa jeunesse, il ne voulait faire que de la musique classique.
PHOTO DPA

Né en Argentine, il part à New York à 3 ans avec sa famille, et y reste jusqu’à l’âge de 16 ans, apprenant le piano auprès d’un élève de Rachmaninov. Son père lui offre un bandonéon mais il ne s’y intéresse guère. De retour en Argentine il étudie la composition avec Alberto Ginastera, lui-même grand compositeur de concertos et de musique de chambre et professeur au conservatoire. Cependant, pour gagner sa vie, il joue du bandonéon dans l’orchestre d’Anibal Troilo, très populaire à Buenos Aires.

Il passe trois ans à Paris pour étudier avec Nadia Boulanger.

Il obtient en 1954 une bourse pour étudier à Paris. Il devient ainsi l’élève de Nadia Boulanger, au conservatoire américain de Fontainebleau que la célèbre professeure de composition dirige depuis 1949. Il apprend l’art du quatuor à cordes, et enregistre ses compositions avec des musiciens de l’Opéra de Paris ainsi que les pianistes Martial Solal et Lalo Schiffrin. Nadia Boulanger l’oriente bientôt vers la musique populaire argentine, lui conseillant de donner une nouvelle couleur au bandonéon et aux cordes.
« Astor, là est votre musique, ne l’abandonnez pas, a dit Nadia Boulanger quand il a osé lui jouer un tango sur son bandonéon. Poursuivez en avant, faites ce qu’ont réalisé Ravel, Bartók, Stravinsky, écoutez Chávez et Villa-Lobos, ils ont transformé la musique de leur peuple en quelque chose de très beau, [avec] quelque chose que vous avez déjà : la grâce de Dieu. » Les conseils de « Mademoiselle » ont porté leurs fruits. Composé à Paris, où Piazzolla l’a enregistré avec Lalo Schifrin, Marron y azul (1955) est l’un des tangos de sa renaissance. De retour en Argentine, il le réenregistre, cette fois avec l’Octeto Buenos Aires : huit « tanks de guerre », dit-il, dont une guitare électrique, taillés pour les démonstrations de force et les assauts d’audace, avec lesquels « El Gato » va mener la révolution du tango nuevo, face à une armée de conservateurs prêts à en découdre — parfois physiquement ! Au même moment, les militaires prennent le pouvoir. Sous la dictature, le tango ne fait plus danser personne, mais il commence à dévisser les têtes. (*)
De retour en Argentine, les années soixante sont fastes pour Piazzolla.

De retour à Buenos Aires en 1960 après deux ans à New York, il se fait connaître pour ses compositions atypiques qui ne plaisent pas aux tenants du tango traditionnel. Mais le succès arrive avec son quintette Nuevo Tango, pour violon, piano, guitare électrique (!), contrebasse et bandonéon. Il compose et enregistre Seria del Angel. Ces pièces le rendront populaire, dont Milonga del Angel, hommage aux origines du tango. Avec le poète Horacio Ferrer, il compose un opéra-tango Maria de Buenos Aires, chanté par Amelita Baltar. Elle sera aussi la créatrice de l’un de ses grands succès, Balada para un loco, dont les paroles sont également d’Horacio Ferrer.

Il part en Italie au début des années soixante-dix et enregistre Libertango.

A partir des années 1970, il devient très international, restant peu en Argentine, passée à partir de 1976 sous dictature militaire (qui durera jusqu’en 1983). Il réside principalement en Italie où il forme un nouvel ensemble El Conjunto Electronico, avec orgue Hammond, guitare électrique et percussions. Il enregistre Libertango, qui devient un succès international. En multipliant les concerts et les enregistrements, il donne au tango de Buenos Aires une dimension instrumentale dissociée de la danse. Il compose une musique qui s’écoute plus qu’elle ne se danse, avec un style qui lui est propre, très identifiable, et une musicalité qui puise aussi bien aux sources populaires qu’au jazz et à la musique classique.

Le cinéma lui passe commande, et sa renommée lui vaut des rapprochements avec les musiciens classiques.

Le cinéma reprend souvent sa musique ou lui passe des commandes spécifiques (Oblivion pour Marco Bellocchio, Tangos, l’exil de Gardel, pour Fernando Solanas), mais c’est du côté de la musique classique qu’il se tourne de plus en plus, composant une Sonate pour violoncelle et piano pour… Rostropovitch ! Il l’intitule « Le Grand Tango ». Par ailleurs, il joue souvent en concert avec des orchestres symphoniques ou des ensembles de cordes. Il retrouve ainsi le chemin de la « musique classique » qu’il avait toujours souhaité depuis sa jeunesse.
 

Piazzolla nous laisse une synthèse entre le tango traditionnel et les bases de la musique savante qu’il a toujours admirée.

Revenu à Buenos Aires à la fin des années quatre-vingt, il forme un nouvel ensemble plus orienté vers la musique contemporaine, un sextuor avec piano et violoncelle. Mais il tombe gravement malade en 1990 et ne peut plus jouer ni composer. Il meurt en 1992.

Piazzolla a créé une musique assez sophistiquée qu’il jouait de façon particulière au bandonéon, debout, le pied droit sur une chaise, facilitant par le jeu du soufflet des accentuations très vives qui sont sa marque de fabrique. Toute sa vie il a été en recherche de quelque chose de nouveau, tout en gardant les bases classiques et baroques qu’il connaissait bien, lui qui se rêvait grand pianiste ou chef d’orchestre !

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 DOODLE ASTOR PIAZZOLLA