dimanche, mai 15, 2022

LE SECRET DES PLANTES DU DÉSERT D'ATACAMA AU CHILI

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LE DÉSERT D'ATACAMA, AU CHILI.
PHOTO CC0 PIXABAY/SEBASTIAN BASZCZYJ
Une étude scientifique prometteuse a été publiée quelques semaines avant la Cop 15 d'Abidjan consacrée à la lutte contre la désertification. Une équipe franco-chilienne a isolé les molécules responsables de la résistance à la sécheresse d'une vingtaine de plantes du désert d'Atacama, la région la plus aride au monde.
 
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RFI - RADIO FRANCE INTERNATIONALE,  
 «LE SECRET DES PLANTES DU DÉSERT D'ATACAMA AU CHILI» FLORENT GUIGNARD,
DIFFUSION DIMANCHE 15 MAI 2022

Par Florent Guignard

PHOTO GERHARD HÜDEPOHL

Les paysages sont martiens, frappés par un soleil de plomb, où la Nasa teste des appareils. Ici la terre est ocre, « triste comme du cuivre », écrivait le poète français Louis Aragon. Elle abrite la moitié des réserves mondiales de lithium.

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Pas une âme humaine, pas d'arbre, pas d'oiseau sur des centaines de kilomètres entre le Pacifique et la Cordillère des Andes. Entre 2 000 et 4 500 mètres d'altitude. La nature est forcément hostile. Pas une goutte d'eau ou presque. 0,1 millimètre de pluie par an en moyenne. Il pleut 250 fois plus au Sahara.

Le plus inhospitalier des déserts 

C'est l'endroit le plus aride au monde (si on excepte les « vallées sèches » de l'Antarctique où il n'y a pas eu de précipitations depuis 2 millions d'années !)

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Et pourtant, quelques plantes vivent dans le désert d'Atacama, qui pourraient être utiles à l'avenir de l'humanité, comme vient de le montrer une étude réalisée par l'Université pontificale catholique du Chili et l'université de Bordeaux, et publiée quelques semaines avant la Cop-15 d'Abidjan, le sommet mondial consacrée à la lutte contre la désertification qui s'achève ce vendredi 20 mai.

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« Le désert d'Atacama est un environnement particulièrement intéressant pour les scientifiques, décrit Pierre Pétriacq, enseignant-chercheur à l'université de Bordeaux et à l'Inrae, l'institut national de la recherche agro-alimentaire et environnementale. Il présente des facteurs de stress extrême : une forte teneur en sel dans les sols, un ensoleillement très élevé, une quantité d'eau dans le sol très pauvre - 50 fois plus sec que la Vallée de la mort en Californie. C'est le plus inhospitalier des déserts. »

Des plantes résilientes

Mais, dans ce désert d'apocalypse, il suffit parfois d’un miracle : un peu de pluie, et des graines en berne depuis des années se mettent à germer. Le désert se couvre de fleurs - mais c’est exceptionnel. La pluie peut d'ailleurs être mortelle, comme l'avait constaté des chercheurs américains après une forte averse, très inhabituelle, qui avait provoqué l'extinction massive des espèces microbiennes présentes dans le désert.

Les plantes, elles, ont besoin d'eau. Mais quand l'eau manque, comment s'adaptent-elles ? Malgré tout, et malgré des températures négatives la nuit, quelques espèces végétales s'accommodent de cet environnement extrême. Les scientifiques franco-chiliens ont ainsi étudié 24 plantes d'Atacama, pour en isoler, grâce à un programme d'intelligence artificielle, les molécules responsables de leur résilience.

Boîte à outil métabolique 

« C'est l'intérêt de notre étude : on a pu mettre en évidence un certain nombre de marqueurs qui sont communs à toutes les espèces de plantes qu'on a pu étudier dans le désert, explique Pierre Pétriacq. Chose encore plus surprenante : ces marqueurs sont également présents dans des plantes cultivées en France, comme du blé, du maïs, de la tomate, etc. Cela signifie que les végétaux possèdent une boîte à outil métabolique qui leur permet de s'adapter à des conditions extrêmes. »

Et c’est cette boite à outil qui devrait permettre à l'Inrae, d’ici quelques années, après un travail de sélection, de mettre au point des tomates ou des céréales davantage résistantes à la sécheresse.

PHOTO GERHARD HÜDEPOHL

LA QUESTION DE LA SEMAINE

« Le grand condor est-il si grand que ça ? »

Le vautour emblématique de la Cordillère des Andes, plumage noir et collerette blanche, est l'oiseau de tous les records : l'oiseau volant le plus lourd au monde (plus de 12 kilos en moyenne pour le mâle), celui qui possède en moyenne la plus grande envergure d'ailes, plus de 3 mètres. Il est aussi l'oiseau le plus haut dans le ciel, jusqu'à 6 000 mètres. Le grand condor possède enfin la plus grande longévité du règne avicole : un demi-siècle en moyenne à l'état naturel, davantage encore en captivité. Même s'il ne vit pas dans le désert d'Atacama, il a parfois très chaud. Pour refroidir son corps, il urine sur ses pattes. Il se soulage et ça soulage.


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