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RODOLFO WALSH
PHOTO MUSEO ESMA
La Havane (Prensa Latina) Gabriel García Márquez a eu de la chance. En plus d'être lauréat du prix Nobel, ce qui est une récompense bien méritée, il a été impliqué dans l'élaboration de certains secrets d'État, dont un sur l'histoire de l'agression contre Cuba en 1961, intitulé sous ce titre suggestif : « Le journaliste qui a anticipé la CIA ».
DESIGN ET DESSIN PABLO LABAÑINO |
LA PREMIÈRE ÉDITION PUBLIÉE À CUBA PAR LA MAISON DE DISQUES «EGREM»(LD-3467)
Journaliste et écrivain, il a été l'un des fondateurs de Prensa Latina.
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L'histoire que nous révèle «Gabo», comme l'appellent ses lecteurs, commence une nuit, ou plutôt un petit matin, dans le bureau de Jorge Ricardo Masetti, directeur général de l'agence de presse latino-américaine Prensa Latina, au cœur du quartier du Vedado à La Havane.
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Jorge Ricardo Masetti, l'écrivain guatémaltèque Miguel Angel Asturias, Rodolfo Walsh, le responsable argentin des services spéciaux des activités journalistiques de l'agence Prensa Latina.
Une salle de télétype spéciale avait été aménagée pour recueillir et analyser en comité de rédaction le matériel quotidien provenant des agences de presse du monde entier.
Au cours de l'une de ces séances d'"espionnage" journalistique, appelons-le ainsi, un texte a été trouvé qui n'était pas une nouvelle, il provenait du trafic commercial de la société Tropical Cable, une filiale d'All-American Cable au Guatemala, et était écrit dans un code secret.
Cette découverte est devenue un véritable défi pour Rodolfo Walsh - fondateur, comme García Márquez, de Prensa Latina - chef du département des services spéciaux, qui n'a pas manqué l'occasion de mettre à l'épreuve ses connaissances naissantes en matière de déchiffrage de textes.
À l'aide d'un manuel sur le sujet, récemment acquis dans une vieille librairie de La Havane, il a travaillé pendant plusieurs jours jusqu'à ce qu'il découvre le secret de la transmission.
À la surprise générale, le câble avait été envoyé par un fonctionnaire de l'ambassade des États-Unis au Guatemala à la Central Intelligence Agency (CIA) en Virginie.
C’était un rapport méticuleux sur les préparatifs d'une attaque contre Cuba par le biais d'une invasion d'exilés «anticastristes». La découverte s’est transformé dans le document le plus compromettant pour les États-Unis, à savoir que la force mercenaire débarquant à la Baie des Cochons le 17 avril 1961 mettait en œuvre le plan interventionniste de Washington.
Le secret décrypté par Walsh a été traité avec une discrétion absolue pendant ces années et même ceux d'entre nous qui travaillaient à Prensa Latina n'ont appris son existence que des années plus tard, lorsque García Márquez l'a rendue publique dans une chronique intitulée «El periodista que se adelantó a la CIA» («Le journaliste qui a battu la CIA à plate couture»), parue en août 1977 sur la revue colombienne Alternativa.
La date choisie pour l’article était tout à fait un hommage singulier à la mémoire de Walsh, qui avait péri en mars de cette année-là, lors d'un combat inégal face à des forces armées de la dictature militaire argentine. jcc/jbg
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