mardi, décembre 03, 2024

À MADRID, UN SOMMET ANTI-IVG RÉUNIT LA FACHOSPHÈRE MONDIALE

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JOSÉ ANTONIO KAST, PRESIDENTE DE LA RED POLÍTICA DE VALORES,
 DURANTE UN ACTO DE VOX EL PASADO MAYO EN MADRID.
PHOTO RODRIGO JIMÉNEZ (EFE)

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L'HUMANITÉ


De Javier Milei à Marion Maréchal : un forum mondial des anti-IVG organisé à Madrid / Le Sommet transatlantique pour « la liberté et la culture de la vie » réunit les principaux mouvements réactionnaires, antiféministes et anti IVG à l'échelle mondiale, à Madrid, ce lundi 2 décembre. Parmi les invités : des militants proches de Javier Bolsonaro, Javier Milei, ou encore, Marion Maréchal.
Publié le 2 décembre 2024
4min

JAVIER MILEI, PRÉSIDENT DE L'ARGENTINE,
SALUE L'ANCIEN PRÉSIDENT DU BRÉSIL,
 JAIR BOLSONARO À BUENOS AIRES,
LE 10 DÉCEMBRE 2023.

l’organisation d’un tel événement rappelle que le droit à l’interruption volontaire de grosses (IVG) est un combat loin d’être gagné à l’international. Ce lundi 2 décembre se réunissent, à Madrid, des représentants de la mouvance anti-avortement venus du monde entier pour le Sommet transatlantique pour « la liberté et la culture de la vie ». Ce grand raout conservateur est organisé par le Political Network for Values (PNFV, Réseau politique des Valeurs en français) un groupe de pensée réactionnaire, catholique et ennemi déclaré de la moindre avancée féministe.

► À penser en dessin : FENÊTRE SUR COUR

« Face à l’intensification des menaces qui pèsent sur la liberté, le PNFV et ses alliés organisent un grand sommet au cours duquel des représentants élus d’Europe, d’Afrique et des Amériques enverront au monde un message fort en faveur de la liberté, afin de défendre la vie et d’encourager son épanouissement », est-il sobrement expliqué sur le programme de l’événement. La distribution des invités ne laisse pourtant que peu de doutes quant à l’inclination politique de l’événement.

Proche de l’idéologie totalitaire d’un Augusto Pinochet

À la direction du PNFV, déjà, on trouve José Antonio Kast, homme politique chilien ouvertement proche de l’idéologie totalitaire d’un Augusto Pinochet et candidat défait lors de la présidentielle de 2021, dont est sorti gagnant le socialiste Gabriel Boric.

La France est représentée par Nicolas Bay, ex-figure montante du Front national (devenu Rassemblement national), devenu proche de Marion Maréchal et mis en accusation dans le procès des assistants parlementaires, en cours. Mais aussi par Bernard García Larraín, coordinateur de la « Déclaration de Casablanca pour l’abolition universelle de la maternité de substitution », ainsi que chroniqueur récurrent pour le magazine d’extrême droite, Valeurs actuelles.

Sera aussi présente Kinga Gal, eurodéputée hongroise et vice-présidente des Patriotes, le groupe qui rassemble les formations d’extrême droite à l’échelle européenne. Le régime de Viktor Orbán envoie, plus largement, plusieurs représentants, dont le chef de cabinet du premier ministre hongrois : Marton Ugrosdy.

En Amérique du Sud, l’Argentine présidée par le libertarien et populiste Javier Milei sera indirectement représentée. Secrétaire d’État au Culte et à la Civilisation, Nahuel Sotelo a été limogé par le président argentin en août dernier, pour sa virulence envers le Vatican et son principal occupant, le pape François.

En Amérique du Nord, c’est un membre du Congrès mondial des familles – structure homophobe et dont la filiale russe est liée aux cercles proches de Vladimir Poutine -, Brian Brown, qui sera présent. Tout comme Andy Harris, qui est l’un des hommes politiques les plus virulents à l’encontre de l’IVG et représentant républicain du Maryland. Enfin, le député brésilien – et bolsonariste – Nikolas Ferreira sera lui aussi présent.

Pour le continent africain, l’invitation de la femme politique ougandaise Lucy Akello retient l’attention. La députée était membre des personnalités politiques à l’initiative d’une loi homophobe adoptée en 2023, critiquée par de nombreuses instances et ONG, dont le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’Homme (HCDH), Volker Türk, ou Amnesty International. La loi en question interdit toute relation entre personnes du même sexe, sous peine de prison, voire de peine de mort en cas « d’homosexualité aggravée ».

Outre sa nature, le Sommet transatlantique pour « la liberté et la culture de la vie » inquiète aussi par rapport à la symbolique que renvoie le lieu qui accueille l’événement réactionnaire : le palais du Sénat espagnol. Le bureau de l’institution – où le parti de droite Popular espagnol (PP) est majoritaire avec 145 sièges sur 266 – a accepté la demande de prêt d’une salle par les organisateurs, et ce, malgré l’absence de représentants du parti d’extrême droite, Vox, au sein du bureau. Composé de quatre élus PP et de trois socialistes, ce dernier a « manqué de vigilance », affirment les trois élus de gauche, qui ont tenté d’annuler la tenue de l’événement. En vain.