jeudi, juillet 05, 2007

VILLA GRIMALDI, CHILI

La Villa Grimaldi est un symbole de la mémoire collective du Chili : après avoir été l’un des principaux centres de torture et d’extermination pendant la dictature militaire entre 1973 et 1978, elle est devenue un lieu de lutte pour le respect et la défense des Droits de l’Homme et la préservation de la mémoire historique du pays. Elle est déclarée Monument Historique par le Conseil des Monuments Nationaux du Chili depuis le 27 avril 2004.


Historique

Au début du XIXe siècle, la grande hacienda Peñalolen appartenait à Madame Josefa Vicuña qui la transféra en 1813 à l’avocat Juan Egaña, en paiement de ses services professionnels. Les maisons de la propriété furent alors un lieu de repos, de réunion et d’inspiration de la naissante intelligentsia chilienne. Puis l’hacienda fut vendue en 1870 au diplomate uruguayen, José Arrieta Pereira, établi au Chili, qui transforma les anciennes maisons en théâtre populaire, salles de réunion, salons de loisir et une école ouverte à toute la communauté. Son fils, Luis Arrieta Canas, agrandit cet espace de façon à réaliser des activités musicales, théâtrales et littéraires, établissant ainsi à Peñalolen une tradition culturelle qui se prolongea jusqu’aux années 1940. 

Puis le domaine devint la propriété d’Emilio Vasallo qui l’aménagea en restaurant. Celui-ci servit, pendant plusieurs années, de lieux de rencontre aux artistes et intellectuels. Il le baptisa Villa Grimaldi, faisant référence ainsi à son aspect de villa italienne, entourée d’une végétation soignée, de fontaines d’eau et de sculptures.


Centres clandestin de détention, torture et extermination

Quelques temps après le Coup d’État du 11 septembre 1973, le terrain passa aux mains de la Direction d’Intelligence Nationale (DINA) et, sous le nom de « Caserne Terranova », fonctionna comme un des centres clandestins de détention, torture et extermination, dans la période comprise entre 1973 et 1978. On calcule qu’environ 4 500 prisonniers politiques sont passés par ce centre, parmi lesquels 226 sont portés disparus et 18 d’entre eux ont été exécutés.

Musée

Le Parc pour la Paix occupe une superficie de 10 200m². Diverses espèces d’oiseaux peuplent ses arbres centenaires qui entourent une grande fontaine, et le « Théâtre pour la vie », d’une capacité de 800 personnes. La petite salle de la Mémoire est un bureau d’administration qui accueille les réunions des dirigeants et utilisée pour vendre le matériel graphique élaboré par la Corporation.

Mur des noms

Construit en pierre, il contient gravés dans une plaque de métal, les 226 noms des victimes de la Villa. C'est un lieu cérémoniel pour leurs familles.

Ancien portail


C'était le lieu d'entrée des véhicules qui transportaient des milliers de détenus. Les prisonniers, les mains liées et les yeux bandés étaient ensuite descendus des voitures, brutalement frappés et transférés dans les cellules. Le 22 mars 1997, lors d'une cérémonie dirigée par les familles des victimes, cet accès a été fermé afin que personne ne le franchisse. Plus jamais! Symboliquement, la clef d'accès a été remise au prêtre Jésuite José Aldunate pour qu'il la garde.

Céramiques

La signalétique est conformée de plaques placées au ras du sol, élaborées avec des fragments de céramique, de style mosaïque irrégulier. Les artistes ont cherché à recréer la situation vécue par les prisonniers de la Villa Grimaldi qui, ayant les yeux bandés, ne pouvaient voir que des fragments de sol, terre, gravier et dalles de couleurs de 80 cm entre lesquels s’élèvent les bouleaux. Le tracé tente de garder les proportions spatiales que possédait l’enceinte. Celui-ci permettait la circulation des prisonniers par d’étroits couloirs. Le chemin du souvenir est un parcours latéral qui traverse tout le secteur des cellules appelées Casas de Chile, Casas Corvi, Celdas de Mujeres et Salas de Tortura.

Salle de la Mémoire

Elle était utilisée comme lieu de falsification des documents et plaques d’immatriculation de voitures de la « Caserne Terranova » de la DINA. Inaugurée le 11 septembre 2004, cette salle représente les prisonniers disparus. Des vitrines y sont organisées pour que les familles puissent recréer, avec le support de photos et d’objets personnels des victimes, un petit espace physique qui contienne ce qui est le plus représentatif de leurs parents.