vendredi, septembre 30, 2022

NEYMAR & CO... POURQUOI CES STARS DU FOOT BRÉSILIEN SOUTIENNENT BOLSONARO

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NEYMAR SOUTIENT BOLSONARO
NEYMAR SOUTIENT BOLSONARO
Présidentielle au Brésil. Le soutien récent de Neymar au président sortant Jair Bolsonaro jette un trouble. Il n’est pourtant pas le seul à avoir apporté sa voix au candidat d’extrême droite. ÉCLAIRAGE.

par Éric Serres

NEYMAR SOUTIENNENT BOLSONARO

la superstar du football brésilien Neymar et attaquant vedette du PSG a apporté jeudi soir son soutien au président d’extrême droite, Jair Bolsonaro. À quelques heures d’une élection très médiatisée au Brésil, l’attaquant du Paris SG, qui compte plus de huit millions d’abonnés sur TikTok et près de 180 millions sur Instagram, devient un soutien de poids pour le président sortant distancé dans les sondages par son opposant, l’ex-président de gauche Luiz Inacio Lula da Silva.

PHOTO MUSTAFA YALCIN 

« Vote, vote et confirme, le 22, c’est Bolsonaro », dit le refrain de la chanson de musique électronique, en allusion au code à taper -le 22- sur l’urne électronique au scrutin de dimanche. Coiffé d’une casquette noire, le footballeur de 30 ans gesticule sur sa chaise et mime le chiffre 2 avec les doigts de ses deux mains.

SÓCRATES AVEC LE MAILLOT « DEMOCRACIA » EN 1982.

Socrates  doit se retourner dans sa tombe

PHOTO REUTERS

Cette prise de position en faveur du candidat d’extrême droite fait évidemment parler. Mais elle n’est pas la première de la part de certains footballeurs au Brésil. Ronaldinho, ex-star du football avait déjà été dans ce sens, tout comme Lucas Moura, ex-joueur du PSG et actuel milieu offensif de Tottenham : « Je suis un conservateur de droite », a ainsi expliqué il y a peu Lucas, pour justifier son soutien au président en place. « Bolsonaro est le politicien qui se rapproche le plus de ce que je crois », avant de faire des comparaisons plus que douteuses entre le communisme et le nazisme, qu’il place sur un pied d’égalité.

Socrates doit se retourner dans sa tombe ! Historiquement, au Brésil, les footballeurs ont certes souvent pris des positions politiques, mais elles étaient loin d’approuver des régimes aux idées extrêmes. On se souvient des convictions antidictatoriales du même Socrates dans les années 70 et 80. On garde en mémoire que Romario (star du Brésil et du FC Barcelone) était devenu député de gauche, après la fin de sa carrière. Aujourd’hui Juninho et Raï ont aussi pris position contre Jair Bolsonaro et appellent à voter Lula. Mais voilà…

Lire notre reportage au Brésil à la veille des élections: Présidentielle au Brésil : l’attente d’un printemps démocratique

Doit-on être surpris par cette vague de sympathie pour un candidat «très antipathique» ? En 2017 déjà, pour la première campagne électorale du « Trump sudiste », Jadson, autre ancien international auriverde, déclarait avoir « déjà vu des interviews de lui sur YouTube, ça m’a l’air d’être un gars correct. S’il se présente à la présidentielle, je voterai pour lui. ». Cafu, double champion du monde (1994 et 2002), avait aussi affiché son soutien à Bolsonaro dans une vidéo. Rivaldo (Ballon d’or en 1999) avait quant à lui évoqué, sa « joie de savoir que le Brésil se réveille et de constater que Jair Bolsonaro est le candidat idéal pour notre pays ».

Plus inquiétant encore, le site brésilien UOL qui avait mené à la même époque une enquête sur les joueurs de D1 et D2 brésilienne révélait que plus de 20 % d’entre eux voteraient en faveur du candidat d’extrême droite. Cette étude démontrait aussi que la plupart prenaient pour argument la corruption endémique dans le pays.

DÉMOCRATIE CORINTHIANE 1983

La toute-puissance des évangélistes

Mais pourquoi ? « La majorité des joueurs ici viennent des classes défavorisées » et sans le dire pensent en premier lieu à défendre leurs biens dans un pays en crise perpétuelle, avait expliqué Carlos Alberto, l’entraîneur du Brésil, vainqueur de la Coupe du monde 1994 aux États-Unis.

BOLSONARO A UN PROGRAMME MACHISTE QUI RENCONTRE UN FRANC SUCCÈS DANS UN MILIEU TRÈS « VIRILISTE ».

Mais d’autres aspects entrent en ligne de compte dans ces choix. Notamment, la toute-puissance au Brésil de la religion et tout particulièrement de celle des évangélistes aux idées proches de l’extrême droite. Le religieux donc : « Les joueurs y attachent beaucoup d’importance, ils s’identifient à ce genre de discours », observait le sociologue Marcel Diego Tonini, interrogé par 20 Minutes avant d’ajouter que Jaïr Bolsonaro avait un programme machiste qui rencontre un franc succès dans un milieu très « viriliste où sa violence verbale est aussi très bien vue ».

Quelques années plus tard, il ne semble pas que les choses aient beaucoup évolué et ce même si le président sortant n’a pas enrayé la violence dans son pays, a été loin de régler les problèmes de pauvreté et en sus est soupçonné avec son entourage de multiples affaires de corruption.

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