samedi, avril 03, 2021

VIOLETA PARRA, FIGURE DE LA NOUVELLE CHANSON CHILIENNE

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PHOTO PEREGRINE BLUE
La chanteuse, compositrice et artiste plasticienne Violeta Parra est devenue dans les années 60 une figure de la "nouvelle chanson chilienne", mouvement qui revendique une réécriture de l'histoire du Chili, dans laquelle les mondes paysans, populaires et autochtones ne soient pas oubliés.

     
     «VIOLETA PARRA, FIGURE DE LA NOUVELLE CHANSON CHILIENNE» 
      PRÉSENTÉ PAR ALIETTE DE LALEU
     DIFFUSION SAMEDI 03 AVRIL 2021 
    “Merci à la vie qui m’a tant donné”, ce sont les mots de la chanteuse et compositrice chilienne Violeta Parra. Une chanson qu’elle écrit à l’homme qu’elle aime alors.. 

    Après deux mariages, la chanteuse chilienne rencontre en 1960 l’anthropologue suisse Gilbert Favre et va lui dédier certains de ses plus beaux titres dont ce célèbre Gracias a la vida qui va ensuite être repris par beaucoup d’artistes comme Joan Baez ou Mercedes Sosa... La popularité de Violeta Parra vient entre autres de cette chanson, mais vient aussi de son engagement. 

    “Regardez comme ils sourient, les présidents, quand ils font des promesses à l’innocent”. Dans cette chanson, Violeta Parra dénonce un système politique, celui de son pays. Grâce à sa voix, à ses textes, elle devient une des plus importantes figures de la “nouvelle chanson chilienne”,  mouvement musical engagé qui débute à la fin des années 60. 

    Les artistes de ce courant revendiquent la réécriture de l’histoire de leur pays, une histoire plus inclusive qui raconte les luttes paysannes, les combats des autochtones et qui pointe du doigt les responsabilités de l’Etat face aux violences subies par certaines populations, certains peuples chiliens. 

    Hommage aux Mapuches

    Dans la chanson Arauco tiene una penapar exemple, Violeta Parra rend un hommage aux Mapuches, un des peuples autochtones du Chili. Elle y évoque certains grands noms de guerriers, elle parle aussi d’un folkloriste chilien qui dès le début du 20e siècle a cherché à conserver la culture mapuche dans des revues. Violeta Parra avec ses mots dénonce aussi directement la politique chilienne qui a voulu prendre le contrôle et détruire ces communautés autochtones...

    La nouvelle chanson chilienne vise donc à préserver et mettre en lumière toutes ces cultures et donc de nombreuses musiques populaires, folkloriques. Et là-dessus Violeta Parra a joué un rôle à la fois en tant qu’interprète engagée mais aussi au début des années 50 en tant que collecteuse. Elle part dans tout le pays pour enregistrer les musiques traditionnelles. En tout, elle publiera plus de 3000 chansons réunies dans un livre et va contribuer à la sauvegarde d’une culture populaire, paysanne et autochtone. 

    Une artiste plasticienne qualifiée de créatrice d'art brut

    Chanteuse, compositrice, collecteuse… Violeta Parra était aussi une artiste plasticienne et une artiste reconnue. En 65, elle devient la première sud-américaine à être exposée au Musée des arts décoratifs du Palais du Louvre à Paris. On peut alors voir ses peintures à l’huile, ses tapisseries brodées sur de la toile de jute, ses masques en papier mâché, et quelques sculptures, le tout très coloré, très vif. Son processus de création est souvent qualifié d’art brut, elle ne réfléchit pas, elle crée. Et cette âme d’artiste va être transmise de génération en génération, à commencer par ses enfants, Angel et Isabel Parra. 

    Tous les deux ont vécu une belle carrière artistique, tout aussi engagée que leur mère. Angel Parra a été arrêté au Chili en 73 et emprisonné avant de s’exiler et de s’installer en France. Je vous recommande d’aller écouter sa participation à l’émission Etonnez-moi Benoît en avril 2013, il y évoque longuement la vie de sa mère, Violeta Parra, une vie qui s’est arrêtée brutalement en 1967. La chanteuse s’est donnée la mort après avoir enregistré certaines de ses plus belles chansons.