L’analyse de plumes et d’oiseaux momifiés découverts sur des sites archéologiques au Chili suggère que ces animaux étaient transportés vivants sur de grandes distances, à l’époque précolombienne.
« Une oasis dans le désert d’Atacama a peut-être été un centre de commerce de perroquets vivants venant de toutes les Andes », révèle le New Scientist. L’hebdomadaire britannique relaie les conclusions d’une étude à paraître dans l’édition du 13 avril de PNAS et disponible en ligne sur le site de la revue.
L’analyse d’oiseaux momifiés, de restes de squelettes et de plumes découverts sur le site archéologique de Pica, au Chili, et d’autres sites dans le désert d’Atacama, a permis de déterminer que les caravaniers de l’époque précolombienne, entre 1 100 et 1450, transportaient des animaux vivants sur plus de 500 kilomètres dans certains cas.
« Il fallait pour cela une connaissance profonde de l’écologie des oiseaux dans leur territoire d’origine, leur domaine vital, et être capable de les garder en vie pendant ce long voyage », explique José Capriles, chercheur à l’université d’État de Pennsylvanie, premier auteur de l’étude, et dont la mère, Eliana Flores Bedregal, ornithologue au Muséum d’histoire naturelle de La Paz, en Bolivie, fait également partie de l’équipe.
Les perroquets aras, amazones, conures et autres oiseaux au plumage coloré étaient probablement vendus comme animaux domestiques. Mais d’après les chercheurs, ils avaient surtout une fonction symbolique qui faisait d’eux de potentiels producteurs de richesses. « Un peu comme la poule aux œufs d’or», décrypte José Capriles. En outre, les plumes d’oiseaux vivants pouvaient être vendues. Les archéologues savent que ce type de plumes étaient utilisées sur les vêtements et les coiffes, et quelques-uns des animaux bien préservés analysés présentent des traces de plumage fréquent.
Interdiction de sortir même pour acheter de quoi manger... Voici le confinement version chilienne, imposé ce week-end dans la capitale et presque tout le reste du pays. Des mesures très strictes, car le Chili traverse une grave seconde vague de l'épidémie de Covid-19 et les services de réanimation sont débordés.
pas de marchés aux fruits et légumes, des commerces presque tous fermés, et quasiment personne dans les rues, sauf avant 9 h du matin, où les habitants ont eu l'autorisation de sortir faire du sport près de chez eux. Voici à quoi ressemblait le confinement strict imposé ce week-end à près de 200 communes du Chili, l'équivalent de 80 % de la population du pays.
Un confinement encore plus dur dans la région de Santiago
À cela s'ajoute le couvre-feu, qui dure depuis plus d'un an et commence en ce moment à 22 h. Enfin la région de la capitale par exemple est confinée 7 jours sur 7 à partir de ce lundi, avec deux permis de sortie maximum par semaine, tous motifs confondus.
Face à un nombre record de nouveaux cas ces derniers jours et des services de réanimation occupés à près de 95 % à l'échelle nationale, le gouvernement n'avait pas vraiment d'autre choix que de reconfiner. Mais d'après l'ordre des médecins, ces mesures sont trop tardives et les contrôles sont insuffisants.
L'interdiction totale de sortir le week-end, inédite au Chili depuis le début de la pandémie, ne devrait pas reconduite : c'est ce qu'a annoncé vendredi le gouvernement, sous la pression notamment des vendeurs des marchés de fruits et légumes.
La vaccination à vitesse record du Chili ne permet donc pas encore de contenir l'épidémie : 15 % environ des habitants ont déjà reçu deux doses de vaccin.
La Havane, 29 mars 2021. Cuba pourrait commencer prochainement la vaccination contre la Covid-19 sur une population pédiatrique, entre 5 et 18 ans, après l'annonce aujourd´hui d´une prochaine demande d’autorisation auprès de l’organisme de réglementation des médicaments de ce pays.
Selon la conception de l’étude, dans une première étape seront inclus les mineurs âgés de 12 à 18 ans, puis de 5 à 11 ans, a détaillé le docteur Rolando Pérez, directeur de la Science et de l’Innovation du Groupe des entreprises biotechnologiques et pharmaceutiques de Cuba (Biocubafarma).
Il a expliqué que les candidats vaccinaux à utiliser seraient Soberana 01 et Soberana 02 (Souverain 01 et Souverain 02), développés par l’Institut Finlay des Vaccins (IFV) et qui ont jusqu’à présent prouvé leur sécurité.
Lors d’une conférence de presse au sujet de la situation épidémiologique dans ce pays et dans le monde, Pérez a annoncé que la demande pour cette étude sera faite en avril au Centre pour le contrôle national des médicaments, des équipements et des dispositifs médicaux (Cecmed), la plus haute autorité de régulation de l’île.
Souverain 01 a démontré sa sécurité et pour le mois d’avril prochain il sera demandé d’avancer à la phase II des études cliniques de cette proposition vaccinale, a ajouté celui qui est également membre de l’Académie des sciences de Cuba.
Pour sa part, Souverain 02 avance dans la phase III des essais cliniques, avec 44.010 volontaires dans huit municipalités de La Havane et une étude d’intervention qui inclut 150.000 personnes de secteurs de population à haut risque d’infection et de dispersion de la maladie, dont 74.665 agents de santé et du pôle scientifique.
Cuba compte en outre trois autres candidats vaccinaux contre le virus SARS-CoV-2, à l’origine de la Covid-19: Soberana Plus (également de l’IFV), Mambisa, appliqué par voie nasale, et Abdala, administré par voie intramusculaire, tous deux développés par le Centre de génie génétique et de biotechnologie. peo/mgt/Rbp
Analyse. Confronté à une hausse rapide des contagions, le président Sebastian Pinera a annoncé, dimanche 28 mars, le report des élections prévues les 10 et 11 avril pour élire une assemblée constituante. Ceux qui seront élus les 15 et 16 mai écriront la nouvelle Constitution, appelée à remplacer celle d’Augusto Pinochet.
Depuis quelques jours, la pression se faisait de plus en plus forte sur le palais de la Moneda : face à une aggravation soudaine de la pandémie ayant exigé, samedi 27 mars, le reconfinement de plus de 80 % de la population chilienne, de nombreuses voix s’élevaient pour demander le report des élections constitutionnelles prévues les 10 et 11 avril. Alors qu’une réunion était programmée lundi au Congrès, le président Sebastian Piñera a pris les devants : après avoir réuni son équipe dimanche, il a annoncé le report de cinq semaines de ce rendez-vous électoral très attendu.
Un rendez-vous historique très attendu
Si cette décision doit encore recevoir le feu vert des élus, susceptible d’être donné dès lundi, il ne devrait s’agir que d’une formalité. « Ce président si impopulaire ne peut pas prendre la décision de reporter ces élections réclamées par le Chili sans s’être assuré auparavant de l’existence d’un accord politique », estime Cristian Gutiérrez, ancien numéro 2 du ministère de l’environnement sous Michelle Bachelet.
Car le Chili attend ce rendez-vous historique – destiné à élire l’Assemblée qui rédigera une nouvelle Constitution, en lieu et place du texte de 1980, legs de la dictature d’Augusto Pinochet toujours en vigueur aujourd’hui – depuis au moins octobre 2019 : le pays sud-américain, bon élève de la mondialisation, avait alors surpris la planète en s’embrasant pour exiger la remise à plat d’un modèle économique et social faisant la part belle au privé dans des domaines aussi essentiels que, par exemple, l’éducation, la retraite ou encore la santé.
« Pas pour 30 pesos, mais pour 30 années »
Si c’est une hausse du ticket de métro qui avait mis le feu aux poudres, un slogan avait résumé la frustration de la population chilienne, descendue en masse dans la rue le 25 octobre 2020 : « Pas pour 30 pesos, mais pour trente années », allusion aux trois décennies écoulées depuis la fin de la dictature. Trois décennies qui avaient vu le pays sortir de la pauvreté, mais sans remettre en cause un système régulièrement dénoncé comme très inégalitaire, et protégé par la Constitution de 1980.
Aujourd’hui, près de 1 400 personnes, dont de nombreux candidats indépendants issus de la société civile, se disputent les 155 sièges que comptera la future Assemblée constituante, avec deux particularités : la parité sera garantie, et 17 sièges sur 155 sont réservés à des représentants des dix peuples autochtones que compte le pays.
Pour un « nouveau Chili »
Tout est sur la table, puisqu’il ne s’agit pas de modifier la Constitution de 1980, mais bien d’en écrire une nouvelle. Pendant la campagne électorale consacrée à ce « nouveau Chili », on parle du droit des minorités, du droit à l’eau. Il est aussi question d’un État plurinational, d’inscrire dans la nouvelle Constitution la défense de l’environnement…
Mais les Chiliens devront encore patienter. La pandémie a chamboulé le calendrier électoral, après avoir retardé de six mois le référendum remporté haut la main par les partisans d’une nouvelle Constitution, avec près de 80 % de « oui ». « C’est la meilleure décision pour les Chiliens », a déclaré dimanche Sebastian Piñera pour justifier sa décision, évoquant le besoin de « protéger la santé des Chiliens » et celle «de la démocratie ».
Une pandémie à nouveau virulente
Si une campagne de vaccination particulièrement efficace a déjà permis d’injecter 9,6 millions de doses (le Chili compte environ 19 millions d’habitants), la pandémie est à nouveau très virulente. Plus de 7 000 nouveaux cas positifs sont enregistrés chaque jour – du jamais-vu – et le taux d’occupation des lits en soins intensifs dépasse 95 %.
Dans ces conditions, maintenir à la date initiale ce «super-rendez-vous électoral » – qui verra aussi gouverneurs, maires et conseillers municipaux remettre en jeu leurs mandats – semblait périlleux. Selon le président, les mesures de confinement auront, à la mi-mai, produit leurs effets, comme la campagne de vaccination. Sebastian Piñera estime que la moitié de la population aura alors reçu au moins une dose.
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L’Assemblée constituante verra le jour en mai
Les élections portant sur la désignation des 155 membres de la future Assemblée constituante, chargée de rédiger la future Constitution du pays, se tiendront finalement les 15 et 16 mai, sous réserve de l’approbation des deux tiers du Congrès.
La parité sera garantie au sein de cette Constituante, et les représentants des dix peuples autochtones du pays se verront réserver 17 des 155 sièges.
Fin octobre 2020, les Chiliens avaient plébiscité par référendum (79 %) un changement de Constitution, l’actuelle émanant de la dictature d’Augusto Pinochet (1973-1990).
Le deuxième tour des élections des gouverneurs, prévu initialement le 9 mai, aura finalement lieu le 4 juillet, en même temps que les primaires de la prochaine présidentielle.
Dès ce jeudi 25 mars, le pays va strictement confiner les trois quarts de sa population, car il fait face à une nouvelle vague de cas de Covid-19 après les vacances de l’été austral. Pourtant, il est dans le groupe de tête mondial en matière de vaccination.
le Chili a décidé de confiner la population d’une large majorité de ses communes, une mesure qui entre en vigueur jeudi 25 mars. Quatorze millions de Chiliens, soit les trois quarts de la population nationale, ne pourront plus sortir de leur domicile, sauf dans des cas d’exception.
La ministre du Travail l’explique sur son compte Twitter : “Dans les secteurs officiellement définis comme essentiels, les personnes pourront continuer à travailler, comme tout au long de cette période. Leurs employeurs devront leur fournir une dérogation ou une autorisation selon les cas.”
Depuis le début de la pandémie, le Chili a déjà expérimenté plusieurs confinements, toujours sélectifs selon les communes. La capitale, Santiago, a été ainsi strictement confinée jusqu’en août 2020.
Le grand quotidien La Tercera cite les derniers chiffres du ministère de la Santé, issus des collectivités locales:
« Environ 20 % des communes chiliennes enregistrent plus de décès du Covid-19 [en 2021] que sur toute l’année 2020. […] C’est sans aucun doute la statistique la plus dure et triste, parmi tous les chiffres que nous surveillons depuis un an à cause de la pandémie. »
En proportion de sa population, le Chili ne fait pas partie des pays les plus touchés du monde, même si le nombre de décès approche les 23 000. Mais le rebond actuel inquiète fortement les autorités.
Le nombre de nouvelles contaminations au niveau national est en augmentation de plus de 17 % en moyenne sur les sept derniers jours. […] Nous abordons une semaine très difficile sur le plan sanitaire, et il est indispensable de maintenir les mesures de lutte contre la propagation du virus.”
Et, pourtant, le Chili est l’un des pays les plus avancés du monde en matière de vaccination. Pas très loin derrière Israël et les Émirats arabes unis, selon les dernières données de l’université Johns Hopkins, à Baltimore, une référence en la matière.
Le site latino-américain Infobae précise : “Le Chili a déjà administré les deux doses du vaccin à 20 % de sa population et près de 40 % des habitants ont reçu au moins une injection.”
Cette semaine, le pays est d’ailleurs entré dans une nouvelle phase : la vaccination des plus de 50 ans même sans comorbidité. Un cas exceptionnel comparé aux pays voisins et généralement à toute l’Amérique latine.
Mais cette “avance” n’a pas empêché le très fort rebond actuel. Plusieurs hypothèses sont avancées. L’une d’entre elles serait la période de vacances d’été (austral) au cours de laquelle l’autorisation des déplacements entre provinces a été relâchée.
Le site BBC Mundo citait récemment la spécialiste Claudia Cortés, vice-présidente de la Société chilienne d’infectiologie :
« Nous observons actuellement au Chili une situation comparable à ce qu’a vécu le Royaume-Uni après les vacances d’été, période à laquelle a eu lieu une seconde vague très puissante. »
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COVID-19, LE GOUVERNEMENT CÈDE À LA PRESSION DE L'ÉGLISE DESSIN LAUZAN
Le gouvernement chilien a annoncé lundi que plus de 13 millions de personnes seront mises en quarantaine à partir de jeudi, en raison de la recrudescence des cas de COVID-19 dans l'ensemble du pays.
"Nous débutons une semaine très complexe d'un point de vue sanitaire, qui exige que nous continuions à maintenir des mesures sanitaires pour éviter la propagation du virus", a déclaré le ministre chilien de la Santé Enrique Paris lors d'une conférence de presse.
"Pendant les réunions de famille, je tiens à souligner qu'il est nécessaire de maintenir une distance physique, de se laver les mains, de ne pas partager les verres ou les ustensiles, et de porter un masque, le plus sûr moyen d'éviter la propagation (du virus)", a-t-il indiqué.
Selon M. Paris, 21 villes de la région métropolitaine de Santiago, dont Maipu et Puente Alto, les plus peuplées du pays, seront mises en quarantaine, en plus de 21 autres localités des régions de Coquimbo, Valparaiso et O'Higgins, ainsi que de Maule, Nuble, Biobio et Los Lagos.
Les autorités ont annoncé cette mesure après avoir signalé une augmentation de 17% des cas de COVID-19 dans l'ensemble du pays au cours de la semaine précédente, alors qu'elle était de 36% au cours des 14 derniers jours.
Le ministère a signalé lundi 6.155 nouveaux cas et 80 décès liés au COVID-19 au cours des dernières 24 heures, portant le bilan national à 938.094 cas et 22.359 morts. Source: Agence de presse Xinhua
COVID-19, LE GOUVERNEMENT CÈDE À LA PRESSION DE L'ÉGLISE DESSIN LAUZAN
Le ministère chilien de la santé a signalé samedi 7.084 nouveaux cas de COVID-19 en 24 heures, soit le nombre le plus élevé jamais enregistré dans ce laps de temps depuis l'arrivée de la pandémie dans le pays en mars 2020.
Cette année, le printemps commence un 20 mars. Dans d'autres pays, la date est parfois différente. Chaque jour, l'antisèche du JDD répond à une question pas si bête que ça, pour mieux comprendre l'actualité.
Samedi, c'est le printemps. Un 20 mars, comme c'est le cas depuis quatorze ans et comme cela aura lieu au moins jusqu'en 2025, et non un 21. Explication : en France, la date du printemps coïncide avec l'équinoxe de printemps, c'est-à-dire quand la durée du jour est égale à celle de la nuit.
Dans d'autres pays, la saison du printemps ne commence pas forcément à cette date-là. En Russie, elle débute le 1er mars, pour suivre le printemps météorologique, quand les températures se réchauffent enfin. Ce changement de température entraîne le bourgeonnement et la floraison des plantes ou le réveil des animaux hibernants. Bref, c'est ce qui nous fait dire avant la saison, que "c'est déjà le printemps".
En Iran, ce renouveau va de pair avec le début de l'année. Le 21 mars, on fête donc le printemps et "norouz", premier jour du calendrier. En Chine, où le calendrier est en partie lunaire, la date se situe (pour nous) début février et est aussi synonyme de début d'année. Dans l'hémisphère sud, forcément, tout est inversé : la date du printemps est fixée au 20 ou au 21 septembre.
Une partie de la droite lui crache dessus, Emmanuel Macron l’ignore, tandis que la gauche s’honore de s’inscrire dans ses pas. Cent cinquante ans après, l’élan et la vitalité de cette révolution interrogent toujours le monde.
impérissable Commune de Paris ! Réprimée par le sang et les déportations en 1871, insultée jusqu’à nos jours, la révolution de 1871 inspire encore espoir à gauche et effroi à droite. Mais qu’a-t-elle donc réalisé pour être à ce point admirée et honnie en 2021 ?
ILLUSTRATION DUGUDUS
Le 18 mars 1871, les Parisiens se révoltent
Il y a cent cinquante ans, le 18 mars 1871, les Parisiens se révoltent. Ils refusent la capitulation devant les Prussiens, dénoncent les projets de rétablissement monarchique de l’Assemblée de Versailles, et empêchent le gouvernement d’Adolphe Thiers de s’emparer des canons de la Garde nationale.
La suite ? Soixante-douze jours d’innovations et d’expérimentations politiques qui ont marqué l’histoire du mouvement ouvrier et féministe à l’échelle internationale. La Commune de Paris proclame la séparation de l’Église et de l’État, l’instruction gratuite et laïque, la réquisition des logements vacants et des ateliers de production, en plus de la citoyenneté pour les étrangers. Elle brûle aussi la guillotine, et ébauche les premières pages d’un droit du travail, visant à l’égalité salariale entre les hommes et les femmes.
Plus de 20 000 communards tués par les versaillais
Où est donc le problème ? « L es incendies de la Commune ont ravagé des pans entiers de la capitale ! » assène l’élu LR Rudolph Granier en plein Conseil de Paris. « Pourrez-vous encore dénoncer les casseurs après avoir honoré en grande pompe ceux qui ont choisi de brûler les Tuileries, le Palais-Royal et notre Hôtel de Ville ? » poursuit Antoine Beauquier, un proche de Christine Boutin.
Les deux conseillers de droite s’indignent des commémorations organisées par la Ville de Paris. Quel toupet ! Ils oublient bien vite que c’est Adolphe Thiers qui a fait bombarder la capitale, et que les terribles incendies imputés à la Commune ont lieu en plein chaos, pendant la « semaine sanglante », sans l’aval de son gouvernement. Ils ne sont pas seuls à cracher sur la Commune.
L’ambassadeur de France en Ukraine, , la qualifie de «préfiguration du totalitarisme communiste soviétique par la terreur et les massacres accomplis ». Quel rapport, pourtant, entre l’exécution d’une centaine d’otages, là encore contre l’avis des dirigeants de la Commune et en plein désastre, et les purges staliniennes ? Sans parler des faits : fusiller les otages était une faute, mais que dire des 20 000 communards tués par les versaillais, lors de combats, puis des exécutions sommaires par milliers ?
« L’instauration d’une République démocratique et sociale »
« Le véritable crime de la Commune, c’est d’avoir commencé à bâtir une société qui ne repose plus sur la quête effrénée du profit et s’intéresse d’abord au bonheur des uns et des autres. Tout ce qui appartient à l’intelligence populaire et au partage des richesses est quelque chose qui fait horreur aux puissants », mesure l’écrivain Gérard Mordillat.
« La Commune a défendu l’instauration d’une véritable République démocratique et sociale. Il s’agissait d’un gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple, avec une très importante représentation ouvrière. C’est cela qu’on lui a fait payer, et c’est pour cela qu’elle est encore insultée ou passée sous silence », insiste Fabien Roussel. Le secrétaire national du PCF estime que « ceux qui confisquent le pouvoir aujourd’hui ne veulent surtout pas que nous nous rappelions des grandes avancées de la Commune, ni qu’elle a été réprimée dans le sang pour son audace, comme rarement dans notre histoire ».
« L’oligarchie a toujours peur du peuple, encore plus s’il prouve concrètement qu’il peut s’organiser démocratiquement et jeter les bases d’une société socialiste », poursuit Alexis Corbière. L’insoumis ajoute : « Pour délégitimer la Commune, la question de la violence lui est toujours jetée à la face, alors que c’est elle qui a été massacrée. »
« La Commune n’est pas morte, mais Versailles non plus »
L’affrontement mémoriel et idéologique est tel que l’historienne Mathilde Larrère considère que « la Commune n’est pas morte, mais Versailles non plus ». En accueillant Vladimir Poutine à Versailles, en 2018, Emmanuel Macron déclarait d’ailleurs : « C’est là où la République s’était retranchée quand elle était menacée. » « Il montre clairement qu’il se sent beaucoup plus proche de la République conservatrice et autoritaire de Thiers que de la République sociale de Louise Michel », dénonce Fabien Roussel. Et Macron n’est pas le seul.
Des gilets jaunes se revendiquent de la Commune de Paris ? La réponse du préfet de police de Paris, Didier Lallement, fait froid dans le dos : « Pour se prendre pour Jules Vallès, il faut avoir son Galliffet », lance-t-il, se comparant toute honte bue à l’un des massacreurs de la Commune.
« La France ne mérite pas que ses autorités les plus élevées tournent le dos à cet événement, en ignorant les progrès de l’historiographie, qui tendent à revaloriser les combats de la Commune. » ROGER MARTELLI Historien et coprésident des Ami.e.s de la Commune
« Certains sont surpris qu’Emmanuel Macron ne commémore pas la Commune, comme s’il était au-dessus de la mêlée. Mais c’est bien parce qu’il est au milieu de la mêlée qu’il ne s’en empare pas et la passe sous silence. Les conflits sociaux et politiques qu’il provoque sont trop présents pour qu’il puisse jouer les arbitres », développe Mathilde Larrère. L’entourage du président de la République précise que, s’il s’apprête à célébrer Napoléon Ier, le chef de l’État ne prévoit pas de prononcer un mot sur la Commune…
Roger Martelli, coprésident de l’association des Amies et Amis de la Commune de Paris, se désole cette régression : « La Commune est un objet conflictuel, un objet chaud, mais le retour du discours versaillais est inacceptable. La France ne mérite pas que ses autorités les plus élevées tournent le dos à cet événement, en ignorant les progrès de l’historiographie, qui tendent à revaloriser les combats de la Commune et à poser un regard raisonné, lucide et non caricatural, sur ce moment clé de l’histoire. » L’historien appelle à ce que tous les héritiers de la Commune, syndicats, associations et partis de gauche, se retrouvent de « manière spectaculaire et rassemblée » pour la montée au mur des Fédérés, le 29 mai.